Des coléoptères parasites trompent des abeilles avides de sexe en imitant leurs phéromones
Parfois, la nature est tout simplement impitoyable. Sous leurs airs d’insecte non volant, les méloé Meloe franciscanus, des coléoptères de la famille Meloidae, sont en faite de machiavéliques parasites et ils emploieront les pires stratagèmes pour avoir accès aux ressources. Selon une récente étude, ces maîtres de la supercherie adaptent leur arsenal d’astuces à leurs victimes, les abeilles, incluant l’imitation des phéromones et altitude de croisière…
Image d’entête et ci-contre : une abeille Habropoda pallida du désert de Mojave couverte de larves de Meloe franciscanus. (Leslie Saul-Gershenz)
Certaines espèces d’abeilles, plus solitaires, comptent sur les phéromones pour trouver une compagne et le Meloe franciscanus ne pourrait pas être plus heureux de ce fait. Les larves de cet insecte, qui éclosent par centaines à la fois, attirent les abeilles mâles en produisant des signaux chimiques qui imitent les phéromones sexuelles femelles. Une fois que les mâles sont à proximité, les larves font du stop sur le dos des abeilles jusqu’à ce qu’elles rencontrent une femelle. Au cours de la copulation, les larves changent de place et s’accrochent à la femelle afin d’infiltrer le nid. Là, elles se nourrissent du pollen, du nectar, des œufs et des larves d’abeilles, jusqu’à ce qu’elles soient prêtes à émerger en tant que coléoptères adultes l’hiver suivant.
Leslie Saul-Gershenz, étudiante diplômée en entomologie à l’université de Californie à Davis, et ses collègues ont étudié le comportement parasitaire de deux espèces d’abeilles apparentées, mais géographiquement distinctes : l’Habropoda pallida du désert de Mojave en Californie et l’Habropoda miserabilis des dunes côtières de l’Oregon.
Les chercheurs ont découvert que les coléoptères produisent des phéromones identiques à celles fabriquées par des abeilles femelles, dont certaines ne sont pas présentes dans l’odeur dégagée par les abeilles mâles. Ce qui est intéressant, c’est que les phéromones produites par les coléoptères locaux qui parasitent les abeilles Mojave n’ont pas attiré les abeilles mâles de l’Oregon. De même, les abeilles Mojave ont ignoré les phéromones libérées par les larves qui ciblent généralement les mâles des abeilles de l’Oregon.
Selon Saul-Gershenz :
Les abeilles mâles des deux espèces étaient plus attirées par les larves des parasites locaux que par les larves des régions éloignées parce que les larves ont adapté leurs mélanges de phéromones à ceux de leurs hôtes locaux.
Ce n’est pas tout. Lors de leur recherche d’une compagne, les deux espèces d’abeilles se déplacent à des hauteurs différentes, environ 35 cm au-dessus du sol dans le désert et 10 cm au-dessus de la plage. Ce comportement est bien ancré dans les abeilles, car celles de l’Oregon qui ont été déplacées dans le désert volaient à peu près à la même altitude.
Les coléoptères ont également répondu à cette tendance, les larves grimpant à la hauteur appropriée pour chaque type d’abeille avant de libérer leurs phéromones.
C’est un exemple fascinant d’évolution relativement rapide grâce à l’adaptation locale d’une espèce parasitaire à différents hôtes.
Les larves coopèrent avec leurs frères et sœurs pendant une courte période ; elles imitent la phéromone de leurs hôtes ; elles s’adaptent localement à différents hôtes sur le plan chimique et comportemental ; et leur temps d’émergence est plastique dans toute leur aire géographique. Il a été fantastique de résoudre le casse-tête de cette espèce.
L’étude publiée dans PNAS : Deceptive Signals and Behaviors of a Cleptoparasitic Beetle Show Local Adaptation to Different Host bee Species et présentée sur le site de à l’université de Californie à Davis : Beetle Adapts Chemical Mimicry To Parasitize Different Bee Species.