Sélectionner une page

C’est une véritable averse d’éléments chimiques qui tombe des anneaux de Saturne sur celle-ci

6 Oct 2018 | 0 commentaires

Il y a environ un an, une plongée spectaculaire dans Saturne a mis fin à la mission Cassini de la NASA et avec elle, une expédition de recherche unique de 13 ans sur le système Saturnien. Au cours des 5 derniers mois de la mission, la sonde est de nouveau entrée en territoire inexploré : 22 fois, elle a plongé dans la région, jusqu’alors presque inexplorée, entre la planète Saturne et son anneau le plus profond, l’anneau D (image d’entête). Ce vendredi 5 octobre 2018, ce sont 11 études qui ont été publiées décrivant les premiers résultats de cette phase de la mission.

Ces nouvelles recherches montrent notamment que les anneaux de Saturne sont très complexes chimiquement, et changent activement la composition de l’atmosphère de la planète.

Les données transmises par la sonde Cassini lors de son plongeon dans les profondeurs de Saturne montrent que ses anneaux sont chimiquement plus complexes qu’il ne l’avait été estimé auparavant.

Représentation de la sonde Cassini à proximité de Saturne. (NASA)

Pour Thomas Cravens, professeur de physique et d’astronomie à l’université du Kansas et coauteur de l’étude :

C’est un nouvel élément du fonctionnement de notre système solaire.

Cravens est membre de l’équipe de la mission Cassini et notamment responsable de l’analyse des données du Spectromètre de particules chargées et neutres (INMS) à bord de la sonde. En 2017, alors que Cassini plongeait dans la haute atmosphère de Saturne, elle a échantillonné la composition chimique à différentes altitudes entre les anneaux de Saturne et son atmosphère en utilisant le spectromètre.

Son étude fait état d’une surprenante complexité chimique dans les anneaux de la planète. Cela remet en question les estimations actuelles, basées sur les observations passées, selon laquelle les anneaux « seraient presque entièrement constitués d’eau », selon Cravens qui ajoute :

Deux choses m’ont surpris. L’une est la complexité chimique de ce qui sortait des anneaux, nous pensions que ce serait presque entièrement de l’eau d’après ce que nous avons vu par le passé. La deuxième chose, c’est la quantité, beaucoup plus que ce à quoi nous nous attendions.

Le spectromètre de masse a détecté du méthane,  personne ne s’y attendait. De plus, il a détecté du dioxyde de carbone, ce qui était inattendu. On pensait que les anneaux étaient entièrement faits d’eau. Mais les anneaux les plus profonds sont assez contaminés, comme il s’avère, par de la matière organique prise dans la glace.

Les mesures de l’INMS ont été effectuées dans l’espace entre l’anneau intérieur et la haute atmosphère. L’instrument a détecté la présence d’eau, de méthane, d’ammoniac, de monoxyde de carbone, d’azote moléculaire et de dioxyde de carbone dans les anneaux.

La dernière image de Saturne obtenue par la sonde Cassini avant sa plongée kamikaze dans celle-ci. (NASA/JPL-Caltech/Space Science Institute)

Les grains de poussière de l’anneau D (le plus interne) de Saturne tombent constamment en pluie dans la haute atmosphère de la planète, charriant une couche de ce « cocktail chimique ». Selon les chercheurs, ce processus se déroule à un rythme extraordinaire, 10 fois plus rapide que prévu. Il est alimenté par les différentes vitesses de rotation de la planète et de ses anneaux (les anneaux tournent plus vite que l’atmosphère de la planète). Avec le temps, ce processus a probablement modifié la teneur en carbone et en oxygène de l’atmosphère de Saturne.

Selon M. Cravens :

Nous avons observé ce qui se passait, même si ce n’est pas tout à fait compris. Ce que nous avons constaté, c’est que ce matériau, comprenant de la benzine, altérait l’atmosphère la plus élevée de Saturne, dans la région équatoriale. Il y avait des grains et de la poussière qui étaient contaminés.

Non seulement les résultats de l’étude mettent en lumière la complexité chimique des anneaux, mais ils soulèvent également d’importantes questions concernant leur formation, leur durée de vie et leur interaction avec la planète. Par exemple, étant donné le taux très élevé de transfert de matière dans l’atmosphère, on peut supposer que les anneaux planétaires ont une durée de vie beaucoup plus courte qu’on ne l’avait estimé. En l’absence d’une source de matière fraîche pour compenser ce flux de particules, les anneaux peuvent simplement s’écouler dans le vide. Une possibilité découlant de ces découvertes est que Jupiter avait probablement aussi son propre ensemble d’anneaux, qui se sont graduellement écoulés dans le “sentier” qui entoure actuellement la géante gazeuse.

L’origine de ces matériaux complexes intéresse également les astronomes :

La matière des anneaux reste-t-elle de la formation de notre système solaire ? Cela remonte-t-il à la nébuleuse proto pré-solaire, la nébuleuse qui s’est effondrée du milieu interstellaire qui a formé le soleil et les planètes ?

Enfin, l’équipe signale que cet afflux de matière a également un impact sur l’ionosphère de la planète en transformant les ions hydrogène et les ions hydrogène triatomiques, en ions moléculaires plus lourds, ce qui dépouille l’ionosphère de ses particules chargées.

Mais la principale contribution de Cravens a consisté à interpréter ces données en se concentrant sur la façon dont les matériaux des anneaux altèrent l’ionosphère de Saturne. Les chercheurs rapportent que l’afflux de produits chimiques provenant des anneaux modifie la chimie ionosphérique équatoriale de Saturne de la façon suivante, selon Cravens :

Ces poussières qui entrent rongent une grande partie de l’ionosphère, affectent sa composition et provoquent des effets observables. C’est ce que nous essayons de comprendre maintenant. Les données sont claires, mais les explications sont encore en cours de modélisation et ça prendra du temps.

L’étude publiée dans Science : Chemical interactions between Saturn’s atmosphere and its rings et présentée sur le site de l’université du kansas : ‘Surprising’ chemical complexity of Saturn’s rings is changing the planet’s upper atmosphere.

Ces résultats, sont joints par d’autres études, comprenant celle du chercheur Hsiang-Wen Hsu de l’université du Colorado à Boulder et ses collègues. Ils ont identifié la composition des particules de poussière qui tombent des anneaux de Saturne vers la planète.

Représentation de la trajectoire d’un « nanograin chargé », éjecté des anneaux principaux de Saturne sous l’influence de la gravité et du champ magnétique de Saturne. (H.-W. Hsu et le Cosmic Dust Analyser team)

Ces chercheurs savaient que la glace d’eau constituait plus de 95 % des anneaux de Saturne. Mais le reste de leur composition était plus mystérieux, jusqu’à maintenant. L’équipe de Hsu a observé les grains de glace et a constaté qu’il y a aussi des quantités significatives de silicate. Leurs résultats publiés dans Science :  In situ collection of dust grains falling from Saturn’s rings into its atmosphere.

Dans une autre étude, le chercheur Donald Mitchell de l’Applied Physics Laboratory (université Johns Hopkins – Etats-Unis) et ses collègues étudient également la chute des grains de poussière de Saturne, bien qu’ils se soient concentrés sur la physique qui les fait tomber. Dans Science : Dust grains fall from Saturn’s D-ring into its equatorial upper atmosphere.

Cependant, toutes ces études ne se concentrent pas uniquement sur les anneaux. Dans une autre étude, la chercheuse Michele Dougherty de l’Imperial College London et ses collègues ont utilisé les données des dernières transmissions de Cassini pour étudier le champ magnétique de la planète. Ils ont identifié des structures magnétiques à petite échelle qui suggèrent un processus complexe et dynamique à l’intérieur de Saturne. Leurs résultats publiés dans Science : Saturn’s magnetic field revealed by the Cassini Grand Finale.

Dans un autre article, Elias Russos de la Max Planck Institute for Solar System Research et son équipe détaillent leur découverte d’une nouvelle ceinture de radiations dans les anneaux de Saturne (dans Science : A radiation belt of energetic protons located between Saturn and its rings). De plus, le chercheur Laurent Lamy de l’Observatoire de Paris (Université Paris Sciences et Lettres – CNRS – France) et ses collègues ont pris des mesures pendant que Cassini parcourait les régions de la magnétosphère de la planète qui produisent des émissions radio aurorales planétaires. Ces émissions sont générées dans toutes les planètes magnétisées connues. Leurs résultats publiés dans Science : The low-frequency source of Saturn’s kilometric radiation.

Et 5 autres études toujours concernant les dernières données transmises par feu la sonde Cassini ont également été publiées dans la revue Geophysical Research Letters. Votre Guru vous en décrira probablement certaines plus précisément, dans un futur proche.

Faire un Don !

Pourquoi ?

Parce qu’il n'y a aucune publicité ici et que le Guru compte sur la générosité de ses lecteurs(trices) pour continuer à faire vivre GuruMeditation (...et son créateur par la même occasion). D'autres méthodes vous seront proposées en plus de PayPal.

Un orang-outan est le premier non-humain à soigner des blessures à l’aide d’une plante médicinale

]Un orang-outan sauvage mâle de Sumatra a été observé en train d’appliquer les feuilles mâchées d’une plante aux propriétés médicinales connues sur une plaie de sa joue. Il s’agirait du premier cas documenté de traitement actif d’une plaie par un animal sauvage à l’aide d’une substance végétale biologiquement active connue.

Les chercheurs ont observé l’orang-outan, qu’ils ont baptisé Rakus, en juin 2022 dans la zone de recherche de Suaq Balimbing, dans le parc national de…

Des chercheurs reconstituent le visage d’une Néandertalienne à partir d’un crâne écrasé vieux de 75 000 ans

Une équipe de paléo-archéologues est présentée dans un nouveau documentaire dans lequel ces experts ont reconstitué le visage d’une femme néandertalienne ayant vécu il y a 75 000 ans.

Le crâne, écrasé en centaines de fragments probablement par un éboulement après la mort, a été déterré en 2018 dans la grotte de Shanidar, au Kurdistan irakien. Baptisés Shanidar Z, les restes du Néandertalien sont peut-être la partie supérieure d’un squelette découvert dans…

Des scientifiques créent des cerveaux hybrides souris-rat avec des neurones des deux espèces

Des chercheurs américains ont utilisé une technique spéciale pour éliminer les neurones de souris en développement, qu’ils ont remplacés par des cellules souches de rat. Ces cellules se sont transformées en neurones de rat dans le cerveau de la souris, qui est AINSI devenu un cerveau hybride. Chose remarquable, les rongeurs modifiés sont en bonne santé et se comportent normalement, ce qui est très prometteur pour les thérapies régénératives neuronales.

Les recherches ont été menées par deux équipes indépendantes, qui ont publié leurs résultats…

La vie s’est épanouie alors que le champ magnétique de la Terre a failli disparaître il y a 590 millions d’années

Le champ magnétique terrestre a failli s’effondrer il y a quelque 590 millions d’années, exposant vraisemblablement la vie à la surface de la planète à un risque d’augmentation du rayonnement cosmique.

Selon de nouvelles recherches, l’affaiblissement temporaire du bouclier magnétique aurait pu être tout sauf une catastrophe biologique. En fait, il pourrait avoir augmenté les niveaux d’oxygène, créant ainsi les conditions idéales pour l’épanouissement des premières formes de vie…

Les “rayures de tigre” de la lune de Saturne, Encelade, sont liées à ses spectaculaires geysers

Les mouvements des lignes de faille de la croûte gelée d’Encelade, une des lunes de Saturne, pourraient être à l’origine des panaches de matière glacée qui s’échappent du ventre aqueux de la lune, selon une équipe de chercheurs qui a récemment modélisé ces mouvements.

L’étude de l’équipe s’est concentrée sur les “rayures de tigre” d’Encelade, de longues fissures situées principalement dans les parties méridionales de la lune, que certains pensent avoir été causées par un ancien impact. D’autres chercheurs ont…

Plus de 90 % des oiseaux polaires sont contaminés par des microplastiques

Le plastique est pratiquement partout sur Terre. De la plus haute montagne aux plus grandes profondeurs des océans, des régions polaires à l’intérieur de notre corps, il n’y a plus moyen d’y échapper. Bien que la pollution plastique soit loin d’être un nouveau problème, l’ampleur de la pollution par les microplastiques n’est apparue que récemment.

La pollution plastique est généralement divisée en macroplastiques (>5 cm), microplastiques (0,1 µm-5 mm) et nanoplastiques (<0,1 µm). Plus le plastique est...

Des scientifiques trouvent un moyen de convertir les groupes sanguins et de les rendre mutuellement compatibles pour la transfusion

Les transfusions sanguines sauvent souvent la vie des patients qui ont désespérément besoin de remplacer leur sang perdu à la suite d’une intervention chirurgicale ou d’une blessure. Le problème est que les réserves de sang sont faibles dans le monde entier. Pour ne rien arranger, il existe plusieurs groupes sanguins, dont certains sont incompatibles. Par exemple, si votre groupe sanguin est O négatif, vous ne pouvez recevoir que du sang de type O négatif…

Le plus haut observatoire du monde entre en fonction au Chili

Pour le Livre Guinness des records, l’Observatoire d’Atacama de l’Université de Tokyo (TAO) est l’observatoire astronomique le plus haut du monde.

Le TAO se trouve à une altitude de 5 640 mètres au sommet d’une montagne dans le désert d’Atacama, au nord du Chili. Le télescope de 6,5 m optimisé pour les infrarouges est enfin opérationnel après 26 ans de planification et de construction…

La voile solaire avancée de la NASA s’est déployée sans encombre dans l’espace

La NASA a lancé son système de voile solaire composite avancé (Advanced Solar Sail) à bord d’une fusée Electron de RocketLab, déployant ainsi une voile de 9 mètres en orbite terrestre basse…

Des millions de joueurs du jeu vidéo Borderlands 3 font avancer la recherche biomédicale

Plus de 4 millions de joueurs jouant à un mini-jeu de science citoyenne dans le jeu vidéo Borderlands 3 ont aidé à reconstituer l’histoire de l’évolution microbienne des bactéries de l’intestin humain…

La vieille sonde Voyager 1 de la NASA rétablit la transmission de ses données après 5 mois de charabia

La sonde Voyager 1 a renvoyé des données exploitables pour la première fois depuis plus de 5 mois, ce qui laisse espérer que la mission, vieille de 46 ans, pourra enfin reprendre ses activités normales.

La sonde interstellaire préférée de la NASA a transmis samedi au centre de contrôle de la mission des données sur la santé et l’état de ses systèmes embarqués…

Photos : Lorsque deux satellites dans des directions opposées se croisent dans l’espace à 10 000 km/h

La sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la NASA a pris une photo parfaitement synchronisée lorsqu’elle a croisé le chemin d’un autre engin spatial en orbite autour de la lune.

La sonde LRO, qui est en orbite autour de la lune depuis 15 ans, a pris plusieurs images de l’orbiteur lunaire Danuri de l’Institut de recherche aérospatiale de Corée, alors que les deux engins spatiaux, voyageant sur des orbites presque parallèles, se sont croisés dans des directions opposées au cours de trois orbites entre le 5 et le 6 mars…

Le professeur physicien Peter Higgs, célèbre pour avoir prédit l’existence du boson de Higgs, meurt à l’âge de 94 ans

Le professeur Peter Higgs, lauréat du prix Nobel, physicien théoricien britannique célèbre pour avoir prédit l’existence d’une nouvelle particule, le boson de Higgs, est décédé lundi 8 avril. L’université d’Édimbourg, où Higgs était professeur émérite, a annoncé mardi qu’il était « décédé paisiblement chez lui … à la suite d’une courte maladie ».

Les bosons de Higgs sont l’excitation quantique du champ de Higgs, un champ qui remplit tout l’univers et qui interagit avec les particules…

Voyager 1 : Les ingénieurs de la NASA ont repéré la puce défectueuse qui pourrait permettre de réparer l’ordinateur de la plus vieille sonde spatiale

L’une des plus anciennes (47 ans) et des plus lointaines sondes envoyées dans l’espace par l’humain, la sonde Voyager 1 souffre d’une importante défaillance qui l’empêche de transmettre des données scientifiques ou techniques vers la Terre. Les ingénieurs de la NASA ont réduit le problème de la sonde Voyager 1 à une seule puce défectueuse. Il pourrait désormais être possible de contourner la mémoire corrompue et de remettre la sonde interstellaire en état de marche…

Pin It on Pinterest

Share This