Le chocolat existait 1500 ans plus tôt que prévu
Le chocolat et l’humanité remontent à des milliers d’années. Une nouvelle étude rapporte que le cacao, la plante à partir de laquelle le chocolat est fabriqué, a été domestiqué 1 500 ans plus tôt qu’on ne le pensait auparavant, et en Amérique du Sud plutôt qu’en Amérique centrale.
Le Theobroma cacao (cacaoyer) n’est pas un arbre discret, les fruits jaune-orange se repère aisément, mais peu pourraient deviner exactement ce qu’il y a à l’intérieur. La gousse contient 20 à 60 graines, généralement appelées « fève », noyées dans une pulpe blanche, et ces graines sont l’ingrédient principal du chocolat. La pulpe peut également être utilisée pour la fabrication de jus et de gâteaux ou de gelée à base de cacao.
Les fèves du cacaoyer. (Luisovalles)
Mais bien avant que le chocolat ne prenne la forme familière que nous connaissons aujourd’hui, les fèves de cacao étaient utilisées par les cultures précolombiennes méso-américaines à la fois comme monnaie d’échange et pour fabriquer des boissons chocolatées non sucrées consommées pendant les fêtes et rituels. À un moment donné, dans l’empire aztèque il fallait entre 80 et 100 fèves pour acheter un nouveau manteau en tissu.
Les archéologues ont trouvé des preuves que cette plante a été utilisée pendant au moins 3 900 ans en Amérique centrale, ce qui suggère qu’elle y a d’abord été domestiquée. Cependant, des preuves génétiques montrent que la plus grande diversité de T. cacao (et d’autres espèces de cacao apparentées) se trouve en Amérique du Sud équatoriale, ce qui suggère également que c’est peut-être là que la culture est originaire.
Les chercheurs ne savent donc pas vraiment où et quand le cacao a été domestiqué, c’est là qu’intervient la nouvelle étude.
Michael Blake et ses collègues de l’université de la Colombie-Britannique (Canada) ont étudié des artefacts en céramique de Santa Ana La Florida (Canton de Palanda/ Équateur), le plus ancien site connu de la culture Mayo-Chinchipe, qui a été occupé pendant au moins 5 450 ans.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Nous avons prélevé 181 échantillons distincts d’environ 100 artefacts, y compris des récipients en céramique entiers et partiels, des bols en pierre, du mortier et un pilon en pierre.
Ils ont trouvé des traces de grains d’amidon spécifiques au cacaoyer, notamment des résidus de théobromine, un alcaloïde amer trouvé dans le T. cacao mais pas dans ses parents sauvages, ainsi que des fragments d’ADN anciens qui ont été associés au T. cacao. Cela montre non seulement que la plante a été domestiquée 1 500 ans plus tôt qu’on ne le croyait, mais aussi qu’elle a été domestiquée dans le Sud plutôt qu’en Amérique centrale.
Nos résultats soutiennent l’hypothèse que le cacao (Theobroma cacao) a été domestiqué en Amérique du Sud au moins 1 500 ans (…) avant d’être transféré en Amérique centrale et en Méso-Amérique. Cette recherche constitue la première preuve de l’utilisation de T. cacao dans les Amériques et révèle que la région de l’Amazonie supérieure est le plus ancien centre de domestication du cacao jamais identifié.
L’étude suggère également qu’après sa domestication, le cacao a commencé à se déplacer lentement vers le nord, pour finalement atteindre l’Amérique centrale, où les Incas et les Aztèques l’ont volontiers accueilli.
L’étude publiée dans nature ecology & evolution : The use and domestication of Theobroma cacao during the mid-Holocene in the upper Amazon.