Des babouins ont survécu quelque mois à une transplantions de cœurs de porcs génétiquement modifiés
Une étude récemment publiée fait état de la première survie sur le long terme de babouins auxquels il a été transplanté des cœurs de porcs génétiquement modifiés. Cette recherche constitue un pas de géant dans la quête constante d’une transplantation réussie d’organes inter-espèces et plus particulièrement pour aider les nombreux humains inscrit sur les listes d’attente pour des organes.
La xénotransplantation, le processus de transplantation d’organes entre différentes espèces, a longtemps été un objectif pour de nombreux scientifiques. Les dons d’organes humains sont constamment inférieurs à la demande, et de nombreuses personnes meurent en attendant qu’un organe sain devienne disponible.
Les porcs ont toujours été l’animal le plus prometteur pour fournir des organes à des fins humaines. Les organes de l’animal sont généralement de taille et de fonction semblables à celles des humains, mais le principal obstaclefut le rejet immunitaire de la transplantation inter-espèce.
Depuis l’avènement des récentes techniques de modification génétique, les progrès dans le domaine de la xénotransplantation se sont rapidement accélérés. Les scientifiques ont progressivement mis au point des porcs génétiquement modifiés qui produisent des organes beaucoup moins susceptibles d’être rejetés lorsqu’ils sont transplantés dans une autre espèce. Les babouins ont joué le rôle de “mères porteuses” humaines dans de nombreuses expériences de transplantation, mais jusqu’à présent, la durée maximale de vie d’un babouin après une greffe de cœur de porc a été de 57 jours.
Cette nouvelle recherche représente le franchissement d’une étape importante dans le domaine, avec le développement de nouvelles techniques qui ont permis de réussir des transplantations de cœur de porc dans des babouins qui ont survécu de 3 à 6 mois. On a constaté qu’un animal était resté en bonne santé pendant 195 jours après l’intervention et, dans trois autres cas, les expériences ont été interrompues par euthanasie plutôt que par un problème de santé.
La nouvelle recherche présente deux techniques clés qui semblent contribuer au succès de la procédure. Au lieu d’un système d’entreposage frigorifique régulier pour préserver les organes après le prélèvement initial, les chercheurs ont découvert que l’intégrité des organes peut être préservée en pompant une nouvelle solution oxygénée à base de sang dans le cœur avant la transplantation dans le babouin.
Un nouveau régime médicamenteux a également été mis au point pour réduire le rejet des organes. Il comprend un médicament qui étouffe la prolifération cellulaire, un traitement hormonal modifié et de meilleurs médicaments immunosuppresseurs. Un seul des 5 babouins traités avec ce nouveau procédé a décédé des suites de complications liées à la transplantation.
Ce que cette recherche remarquable suggère, c’est que pour la première fois depuis des décennies, les scientifiques pourraient maintenant profiter une voie vers une transplantation réussie d’organes d’animaux à des organes humains.
Commentant cette nouvelle procédure, Christoph Knosalla suggère que les organismes de réglementation doivent rapidement évaluer et reconsidérer les résultats précliniques spécifiques qui sont nécessaires avant que des essais sur des humains puissent être entrepris, il précise :
Les recommandations formulées par l’International Society for Heart and Lung Transplantation en 2000 suggèrent que des essais cliniques pourraient être envisagés une fois que 60 % des primates ayant subi une transplantation cardiaque essentielle pour leur survie pourront survivre pendant 3 mois, au moins 10 animaux survivant pendant cette période et que la survie pourrait être prolongée. La présente étude répond en partie à ces critères.
Certains, au contraire, recommandent de ne pas se lancer trop rapidement dans des expériences sur des humains. Les scientifiques s’inquiètent depuis longtemps de l’infection par certains rétrovirus inoffensifs pour les porcs, comme le Rétrovirus endogène porcin, mais qui peuvent être mortels pour les humains. Ce défi est déjà relevé de façon impressionnante par des chercheurs qui utilisent la technique d’édition génétique CRISPR/Cas9 pour concevoir des embryons de porcs exempts de virus endogènes.
Il reste certainement encore des recherches à faire avant que ce bond en avant ne soit fait, mais Bruno Reichart, l’un des chirurgiens qui travaillent sur la nouvelle étude, suggère que cela pourrait se produire dans 3 ans à peine.
L’étude publiée dans Nature : Consistent success in life-supporting porcine cardiac xenotransplantation et présentée dans Nature : Success for pig-to-baboon heart transplants.