Mémoire musculaire : vous ne la perdrez jamais vraiment
Bien souvent, nos muscles s’activent sans que nous y pensions (consciemment) vraiment… Qu’il s’agisse de jouer de la guitare, de faire du vélo ou simplement de taper son mot de passe, nous savons tous que nos muscles font des choses « sans nous ». Cela, et d’autres formes de mémoire musculaire a fait l’objet d’un débat déconcertant pendant des décennies et les chercheurs découvrent toujours de plus en plus de choses sur la façon dont elle fonctionne réellement.
Mais si vous ne l’utilisez pas régulièrement, perdez-vous votre mémoire musculaire ?
La mémoire musculaire* est un terme utilisé pour décrire des tâches qui semblent plus faciles à exécuter une fois que vous les avez pratiqués, même si cette activité remonte à très loin dans le passé. C’est comme si les muscles « se souvenaient » et reprenaient plus rapidement leur capacité antérieure.
*La mémoire musculaire est une forme de mémoire procédurale qui consiste à consolider une tâche motrice spécifique dans la mémoire par la répétition, qui a été utilisée de manière synonyme avec l’apprentissage moteur. Lorsqu’un mouvement est répété au fil du temps, une mémoire musculaire à long terme est créée pour cette tâche, ce qui permet éventuellement de l’exécuter sans effort conscient.
Cela n’affecte pas seulement ce que vous faites, mais aussi la masse musculaire et l’entraînement, ce qui permet d’expliquer pourquoi les athlètes entraînés à la musculation connaissent un retour rapide de leur masse musculaire et de leur force même après de longues périodes d’inactivité.
Nous savons depuis un certain temps que si vous cessez d’utiliser vos muscles, ils vont rétrécir et avec le temps, vous allez perdre de la masse musculaire. Jusqu’à récemment, les scientifiques pensaient aussi que les noyaux (les cellules « siège » qui construisent et maintiennent les fibres musculaires) sont également perdus. Cependant, selon une nouvelle étude, ce n’est pas le cas et les muscles sont capables de « stocker » le potentiel de croissance musculaire.
La clé réside dans une cellule appelée syncytium, un certain type de tissu dans lequel les cellules sont si étroitement liées qu’elles se comportent presque comme une seule cellule.
Selon Lawrence Schwartz, coauteur de la nouvelle étude :
Le cœur, les os et même le placenta sont basés sur ces réseaux de cellules. Mais nos plus grosses cellules et notre plus grand syncytium sont nos muscles.
La croissance musculaire s’accompagne de l’ajout de nouveaux noyaux issus de cellules souches pour aider à répondre aux exigences synthétiques accrues des cellules musculaires de plus grande taille. Ceci a conduit à l’hypothèse qu’un nucléus/ noyau donné contrôle un volume défini de cytoplasme, de sorte que lorsqu’un muscle rétrécit ou s’atrophie pour cause de non-utilisation ou de maladie, le nombre de myonucléis diminue.
L’hypothèse a paru valide pendant longtemps, mais cela ne semble plus être le cas.
Auparavant, des études ont trouvé des preuves de la dégradation des noyaux causée par l’atrophie ou la paralysie. Cependant, des recherches plus récentes faisant appel à des marqueurs génétiques ont révélé que les noyaux en décomposition n’appartenaient pas aux muscles, mais plutôt à des cellules inflammatoires et à d’autres cellules recrutées pour atrophier le muscle.
En d’autres termes, vous ne perdez jamais vraiment ces noyaux et vous ne perdez jamais vraiment votre mémoire musculaire.
Toujours selon Schwartz :
Les muscles sont endommagés pendant un exercice intense et doivent souvent faire face à des changements dans les ressources nutritives et d’autres facteurs environnementaux qui entraînent une atrophie. Ils ne tiendraient pas très longtemps pour finir par abandonner leur noyau en réponse à chacune de ces attaques.
Il poursuit en citant deux études récentes, l’une sur des rongeurs et l’autre sur des insectes, qui ont démontré que les noyaux musculaires ne sont pas perdus à cause de l’atrophie et qu’ils demeurent même quand la mort musculaire est amorcée. Cela a un important sens sur le plan de l’évolution : les muscles (fibres musculaires) se rompent pendant un exercice intense et doivent faire face à des changements dans la disponibilité des nutriments et la variation de l’activité. Pour Schwartz, abandonner le noyau à chaque fois qu’un malheureux changement se produit ne serait pas très productif.
Il est bien documenté dans le domaine de la physiologie de l’exercice qu’il est beaucoup plus facile de retrouver un certain niveau de forme physique musculaire par l’exercice qu’il ne l’était en premier lieu, même s’il y a eu une longue période intermédiaire sans entraînement. En d’autres termes, l’expression « l’utiliser ou le perdre » pourrait être formulée plus précisément comme suit : « l’utiliser ou le perdre, jusqu’à ce que recommenciez à le travailler”.
L’étude publiée dans Frontiers in Physiology : Skeletal Muscles Do Not Undergo Apoptosis During Either Atrophy or Programmed Cell Death-Revisiting the Myonuclear Domain Hypothesis.
Intéressant !
« une cellule appelée syncytium, un certain type de tissu dans lequel les cellules sont si étroitement liées qu’elles se comportent presque comme une seule cellule » Votre description n’est pas cohérente (une cellule ou plusieurs cellules ?). Pour un syncytium il s’agit bien d’une seule cellule (issue de la fusion de nombreuses cellules). Vous vouliez peut-être dire quelque chose sur l’organisation des syncytia dans le tissu musculaire ?