Les transplantations fécales réduisent considérablement les symptômes de l’autisme sur le long terme
La recherche scientifique continue de découvrir des liens intéressants entre le microbiome intestinal et la santé humaine, notamment la dépression, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) et les maladies auto-immunes. Un autre exemple est le lien qui émerge entre la santé intestinale et l’autisme, avec une nouvelle étude passionnante démontrant comment l’augmentation de la diversité microbienne par des transplantations fécales peut réduire considérablement ses symptômes à long terme.
Pour de nombreux enfants atteints d’autisme, les problèmes gastro-intestinaux chroniques sont une dure réalité de leur état. Selon des scientifiques de l’université d’État de l’Arizona (ASU), qui a mené la nouvelle étude, environ 30 à 50 % des personnes atteintes d’autisme souffrent de problèmes intestinaux graves comme la constipation, la diarrhée et les maux d’estomac.
Selon Rosa Krajmalnik-Brown, de l’ASU :
De nombreux enfants autistes ont des problèmes gastro-intestinaux, et certaines études, y compris la nôtre, ont révélé que ces enfants présentent également des symptômes plus graves liés à l’autisme. Dans de nombreux cas, quand on est capable de traiter ces problèmes gastro-intestinaux, leur comportement s’améliore.
La nouvelle étude s’appuie sur de précédentes recherches réalisées en 2017 qui ont révélé que l’introduction de nouvelles bactéries par transplantation fécale chez 18 enfants autistes a entraîné une amélioration marquée de leur comportement, tel que mesuré par des questionnaires évaluant leurs aptitudes sociales, leur hyperactivité, leur communication et d’autres facteurs.
Ces améliorations se sont maintenues pendant 8 semaines, un résultat impressionnant à n’en pas douter. Mais les chercheurs de l’université d’État de l’Arizona voulaient étudier les effets durables du traitement, qui comprenait un nettoyage intestinal et des greffes quotidiennes de microbiote fécal sur une période de 7 à 8 semaines. Avant le traitement, ces enfants avaient tous une diversité de microbes intestinaux beaucoup plus faible que ceux qui n’étaient pas autistes.
Selon Krajmalnik-Brown :
Les enfants autistes manquent de bactéries bénéfiques importantes et ont moins d’options dans le menu bactérien des fonctions importantes que les bactéries fournissent à l’intestin par rapport aux enfants au développement normal.
Aujourd’hui, 2 ans après le traitement, les chercheurs ont constaté que non seulement les bienfaits persistaient, mais qu’ils semblaient avoir continué à s’améliorer. Les observations des médecins au bout de 8 semaines ont révélé que les symptômes psychologiques liés à l’autisme des patients avaient diminué de 24 %. Aujourd’hui, ils ont presque été réduits de moitié, et un évaluateur professionnel a constaté une diminution de 45 % des symptômes d’autisme par rapport à l’enquête de référence.
Avant l’étude, 83 % des participants étaient atteints d’autisme » grave « . Aujourd’hui, seulement 17 % sont considérés comme graves, 39 % comme légers ou modérés et, ce qui est incroyable, 44 % sont sous le seuil pour les troubles du spectre de l’autisme légers.
Pour Krajmalnik-Brown :
Nous découvrons un lien très fort entre les microbes qui vivent dans nos intestins et les signaux qui voyagent vers le cerveau. Deux ans plus tard, les enfants vont encore mieux, ce qui est incroyable.
À partir de là, les scientifiques travaillent actuellement à un essai clinique plus vaste contrôlé par placebo pour vérifier leurs résultats, en vue d’obtenir l’approbation de la FDA pour cette thérapie.
Krajmalnik-Brown décrit ses travaux dans cette vidéo :
L’étude publiée dans Scientific Reports : Long-term benefit of Microbiota Transfer Therapy on autism symptoms and gut microbiota et présentée sur le site de l’université d’Etat d’Arizona : Autism symptoms reduced nearly 50% two years after fecal transplant.