La plus grande prolifération d’algues marines au monde découverte sera désormais la “nouvelle norme”
Des scientifiques ont mesuré ce qu’ils disent être la plus grande prolifération/ efflorescence d’algues marines jamais observée, s’étendant sur 8 850 kilomètres à travers l’océan Atlantique et comprenant quelque 20 millions de tonnes métriques d’algues Sargassum.
Image d’entête : Sargassum sur la plage Delray dans le sud de la Floride en mai 2019. (Brian Cousin/ Florida Atlantic University’s Harbor Branch Oceanographic Institute)
Appelée la Grande ceinture de Sargassum de l’Atlantique (Great Atlantic Sargassum Belt), elle est en expansion en raison des nutriments emportés par les eaux du fleuve Amazone d’un côté et de la côte ouest-africaine de l’autre, qui pourraient être dus à la déforestation et une utilisation accrue d’engrais.
À l’aide de données satellitaires de la NASA et d’échantillons recueillis sur le terrain, les chercheurs ont identifié un événement marquant qui s’est produit en 2011. Depuis lors, il y a eu d’importantes proliférations presque chaque année, et il n’y a aucun signe d’un changement de tendance, la dernière propagation s’est étendue de l’Afrique de l’Ouest jusqu’au golfe du Mexique.
Les données satellitaires de la NASA (MODIS) confirment que la ceinture d’algues marines se forme pendant les mois d’été (hémisphère nord). 2015 et 2018 ont connu la plus importante des efflorescences qui ont commencé en 2011. (NASA/ USF College of Marine Science)
En juin 2014, Sargassum au large de l’île Big Pine Key dans la partie inférieure des Florida Keys. (Brian Lapointe/ Florida Atlantic University’s Harbor Branch Oceanographic Institute)
Trop de sargasses peuvent présenter des défis pour la vie marine et deviennent particulièrement problématiques lorsqu’elles s’accumulent le long des côtes et pourrissent, comme on peut le voir ici à Cancun en 2015. (Michael Owen)
Les scientifiques ont établi un lien entre ce changement et une augmentation de la déforestation et de l’utilisation d’engrais au Brésil et dans toute l’Amazonie, à partir du début de la décennie, bien que l’association ne soit pas encore clairement établie.
Même si les chercheurs ne sont pas prêts à dire exactement ce qui cause cette prolifération, ils sont confiants qu’elle ne disparaîtra pas de sitôt.
Selon Chuanmin Hu, directeur de l’étude et océanographe à l’université de Floride du Sud :
Les preuves de l’enrichissement en éléments nutritifs sont préliminaires et fondées sur des données de terrain limitées et d’autres données environnementales, et nous avons besoin de plus de recherche pour confirmer cette hypothèse.
D’un autre côté, d’après les données des 20 dernières années, je peux dire que la ceinture est très probablement une nouvelle moyenne.
Les efflorescences d’algues marines comme celle-ci ne sont pas nécessairement mauvaises pour l’océan : le sargassum fournit des habitats aux tortues, aux crabes, aux poissons et aux oiseaux, tout en produisant de l’oxygène pour que la vie marine puisse vivre grâce au processus de photosynthèse.
Mais une trop grande quantité d’algues peut engendrer des problèmes, en termes de restriction du mouvement et de la respiration de certaines espèces marines, en particulier autour des régions côtières. Après sa mort, le sargassum peut étouffer les coraux et les herbes marines s’il y en a trop dans l’eau.
Le sargassum en putréfaction sur la plage dégage également une odeur d’œuf pourri grâce au sulfure d’hydrogène qu’il dégage, ce qui représente une présence nauséabonde pour les habitants et les touristes, ainsi que des impacts potentiels sur la santé (pour ceux souffrant d’asthme, par exemple).
La taille des efflorescences culmine maintenant entre avril et juillet avant de se dissiper lentement, mais certaines graines qui restent en hiver contribuent ensuite à former de plus grandes bandes de sargasses l’été suivant.
Toujours selon Hu :
La chimie de l’océan a dû changer pour que les fleurs d’eau deviennent si incontrôlables. Elles sont probablement là pour rester.
De nombreux facteurs jouent un rôle dans la croissance du sargassum, comme la salinité et la température de l’eau, et jusqu’à présent, les scientifiques n’ont pas de relevés directs des niveaux de nutriments pour toutes les années couvertes par l’étude, dans certains cas, ils ont été évalués à partir d’autres sources.
En 2011, l’efflorescence fut particulièrement généralisée, et nous en voyons encore l’élan aujourd’hui. Selon les chercheurs, avec une plus grande quantité de nutriments rejetés par le fleuve Amazone, une remontée ou une élévation du niveau de la mer au large de l’Afrique de l’Ouest a également contribué à une plus grande quantité de nutriments (soulevés des eaux profondes vers la surface).
En fin de compte, c’est ce qui a mené à l’énorme efflorescence qui a été constatée l’été dernier et décrite en détail dans cette nouvelle étude. Maintenant qu’ils en connaissent l’ampleur, les chercheurs veulent en étudier les causes et les conséquences possibles sur les précipitations, les courants océaniques, l’activité humaine et plus encore.
pour M. Hu :
Nous espérons que cela fournira un cadre pour une meilleure compréhension et une meilleure réponse à ce phénomène émergent. Nous avons besoin de beaucoup plus de travail de suivi.
L’étude publiée dans Science : The great Atlantic Sargassum belt et presentée sur le site de l’université de Californie du Sud : Scientists Discover the Biggest Seaweed Bloom in the World. Les données de la NASA : Scientists Discover the Biggest Seaweed Bloom in the World.
Cher guru, je croie qu’on dit sargasse en français.
Bonjour Géraut, « les Sargasses, des algues du genre Sargassum ». Le Guru a utilisé les deux termes.
les lambi adultes mangent les sargasses 24h / 24 :espérons que la Guyane et les Antilles développent des fermes d’élevages