700 000 km2 : découverte d’un nouveau cyclone géant au pôle Sud de Jupiter
Ceci n’est pas un gros plan sur une pizza, mais sur Jupiter… Son anticyclone rouge et colossal, la Grande tache rouge, est bien sûr, la tempête la plus célèbre de la planète. Mais lorsque la sonde Juno de la NASA est arrivée à proximité de la géante gazeuse en 2016, elle a découvert quelque chose d’encore plus turbulent : ses régions polaires.
Par la sonde Juno, le pôle sud de Jupiter en décembre 2017. (NASA/ JPL-Caltech/ SwRI/ MSSS/ Gerald Eichstädt)
Au pôle nord, 9 tempêtes font rage, une grosse tempête centrale s’est abattue sur le pôle et huit autres plus petites se sont formées autour de celui-ci. Au pôle sud, il y avait une disposition similaire, mais légèrement différente, avec 6 tempêtes, dont 5 étaient disposées dans un pentagone presque parfait autour d’un cyclone central. Ils sont tous de la même taille, presque aussi larges que les États-Unis (image ci-dessous pour la comparaison). Et à chaque pôle, tous les cyclones tournent dans la même direction, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre au nord et dans le sens des aiguilles d’une montre au sud.
Comparaison de la taille des États-Unis avec le cyclone central et celle du Texas avec le cyclone le plus récent au pôle sud de Jupiter. La disposition hexagonale des cyclones est assez grande pour éclipser la Terre. (NASA/ JPL-Caltech/ SwRI/ ASI/ INAF/ JIRAM)
On ne savait pas grand-chose sur ces tempêtes. Étaient-elles des caractéristiques permanentes ou semi-permanentes, comme la Grande tache rouge, ou seraient-elles bientôt effacées par le temps ? Nous savons maintenant, après plusieurs années de survols de Juno, que les tempêtes sont assez persistantes.
Mais, lors du dernier survol, la 22e mission de collecte de données de la sonde Juno, lorsqu’elle était à seulement 3 500 kilomètres au-dessus du sommet des nuages de Jupiter, elle a imaginé quelque chose de nouveau avec ses instruments optiques et infrarouge.
Les tempêtes au pôle sud n’avaient pas formé un pentagone, mais un hexagone. Il y avait un nouveau venu.
Selon l’astrophysicien Alessandro Mura de l’Institut national d’astrophysique (INAF) en Italie :
Les données de l’instrument JIRAM (Jovian Infrared Auroral Mapper) de Juno indiquent que nous sommes passés d’un pentagone de cyclones entourant un cyclone au centre à un arrangement hexagonal.
(NASA/ JPL-Caltech/ SwRI/ ASI/ INAF/ JIRAM)
Ce nouvel ajout est plus petit en taille que ses six frères cycloniques plus établis : C’est à peu près la taille du Texas. Peut-être que les données JIRAM des prochains survols montreront que le cyclone a la même taille que ses voisins.
Bien que ces étranges configurations d’anticyclones n’apparaissent nulle part ailleurs dans le système solaire (Saturne a sa propre singularité polaire, avec une tempête géante hexagonale à son pôle nord et un vortex polaire au sud), leur étude peut aider à mieux comprendre la dynamique atmosphérique des géantes gazeuses.
Pour Cheng Li, spécialiste des planètes à l’université de Californie à Berkeley :
Ces cyclones sont de nouveaux phénomènes météorologiques qui n’ont jamais été vus ou prévus auparavant.
La nature nous révèle une nouvelle physique concernant les mouvements des fluides et le fonctionnement de l’atmosphère des planètes géantes. Nous commençons à l’appréhender à travers des observations et des simulations informatiques.
Les futurs survols de Juno nous aideront à affiner notre compréhension en révélant comment les cyclones évoluent dans le temps.
Présentée sur le site de la NASA : NASA’s Juno Navigators Enable Jupiter Cyclone Discovery.