Pour séduire une femelle lémur, tout se trouve dans les poignés des mâles
Les lémurs catta semblent se rendre plus attrayants pour les femelles en sécrétant une senteur “fruité et floral” à partir de leurs poignets.
C’est plus qu’une simple observation amusante. Si c’est vrai, c’est la première fois que des phéromones sont identifiées chez un primate.
Pendant la saison de reproduction annuelle, les lémuriens mâles frottent les glandes de leurs poignets contre leur queue duveteuse, puis agitent cette dernière sur les femelles dans un comportement appelé « flirt puant » (stink flirting), explique Kazushige Touhara de l’université de Tokyo, qui a dirigé cette nouvelle étude.
Gros plan sur la glande du poignet d’un lémurien mâle. (Satomi Ito/ Université de Kyoto)
Avec ses collègues, il a également découvert que l’odeur est causée par trois composés dont on avait précédemment suggéré qu’ils étaient impliqués dans la reconnaissance des moutons nouveau-nés par leur mère. L’un d’eux est également connu comme phéromone sexuelle chez certaines espèces d’insectes.
Pour faire leurs découvertes, qui sont présentées dans une étude publiée cette semaine (lien lus bas), les chercheurs ont suivi le comportement d’un groupe de lémur catta au Centre japonais des singes à Aichi et à l’Institut de recherche en biologie évolutive à Tokyo.
Ils ont observé que les femelles reniflaient plus souvent et plus longtemps les marques olfactives laissées par les mâles pendant la saison de reproduction.
Lorsqu’ils ont isolé spécifiquement le parfum de quatre mâles et l’ont présenté individuellement aux femelles, celles-ci ont senti l’odeur fruitée pendant environ deux fois plus longtemps que les sécrétions des glandes odorantes produites hors saison.
Le lémur se frotte les poignés contre sa queue et la secoue ensuite au-dessus de la femelle. (Chigusa Tanaka/ Japan Monkey Centre)
Mais c’est une question d’âge. Les chercheurs ont découvert que les jeunes mâles sexuellement matures produisent plus de composés que les mâles plus âgés et que les femelles ayant dépassé l’âge de la reproduction ne sont pas du tout impressionnées par les odeurs que dégagent les mâles.
En utilisant la chromatographie en phase gazeuse et la spectrométrie de masse pour analyser les sécrétions des poignets et des glandes produites pendant les saisons de reproduction et de non-reproduction, Touhara a déterminé les principaux composants chimiques qui composent les odeurs des mâles.
Trois composés aldéhydiques : le dodécanal, le 12-méthyltridécanal et le tétradécanal étaient présents dans les deux odeurs, mais présentaient des concentrations sensiblement plus élevées pendant la saison de reproduction.
De plus, lorsque les composés étaient présentés individuellement aux femelles, seul le mélange des trois avait une capacité significative à retenir leur attention.
C’est la première fois que le 12-méthyltridécanal, qui aurait l’arôme caractéristique d’un fromage mûr de type Gouda, est identifié chez des primates.
Les chercheurs affirment que les résultats suggèrent que les trois composés sont effectivement des phéromones, mais que des travaux supplémentaires sont nécessaires pour déterminer s’ils influencent directement le comportement sexuel.
L’étude publiée dans Current Biology : Key Male Glandular Odorants Attracting Female Ring-Tailed Lemurs et présentée sur le site de l’université de Tokyo : Odor experts uncover the smelly chemistry of lemur love.