Des centaines d’empreintes de pas humains fossilisées donnent un aperçu de la vie antique en Afrique
Pour l’anecdote personnelle, le Guru aurait dû publier 5 magnifiques articles hier, qu’il avait mis 20 heures à rédiger et qui ont disparu suite à une panne de disque dur, juste avant de les sauvegarder sur la toile… Dans la nuit suivante, il put redescendre une sauvegarde de son système, mais datant d’il y a 5 jours. Tout cela pour justifier, s’il le fallait, du peu de publications aujourd’hui, les risques du métier…
Il y a des milliers d’années, un groupe de personnes a parcouru le sol africain à pied, et leurs empreintes de pas demeurent pour témoigner des mouvements et des comportements de nos ancêtres.
Image d’entête : plus de 400 empreintes ont été laissées par des pieds nus à Engare Sero, en Tanzanie, repérés à l’origine par des membres d’une communauté massaï locale il y a plus de 10 ans et dont l’âge et la formation ont été décrits en 2016. (Cynthia Liutkus-Pierce)
Les analyses géologiques ont révélé que les empreintes d’Engare Sero, en Tanzanie, toutes conservées sur la même surface de cendres durcies provenant du volcan voisin Ol Doinyo Lengaï, ont été faites il y a entre 6 000 et 19 000 ans, ce qui les situe autour du Pléistocène supérieur.
Une des 408 empreintes humaines conservées à Engare Sero en Tanzanie. (William Harcourt-Smith)
Cette semaine, une publication d’analyses paléoanthropologiques (lien plus bas), explore ce que les traces fossilisées révèlent sur les personnes qui les ont produites.
Selon l’auteur principal Kevin Hatala de l’université de Chatham à Pittsburgh, aux États-Unis :
Les empreintes sont des éléments rares des fossiles humains, mais elles peuvent préserver des instantanés exceptionnels de comportements dans notre lointain passé.
La taille, l’espacement et l’orientation d’un groupe de traces suggèrent qu’elles ont été laissées par 17 personnes marchant ensemble dans une direction sud-ouest, dont au moins 14 femmes adultes accompagnées de deux hommes adultes et éventuellement d’un adolescent.
Carte montrant la collection d’empreintes humaines préservée à Engare Sero. Les empreintes liées à la même piste sont indiquées par une couleur unique. (K. G. Hatala et coll./ Scientific Reports)
Cette structure de groupe est rare, mais elle correspond à celles observées lors d’activités de recherche coopérative de nourriture divisées sexuellement chez les chasseurs-cueilleurs modernes tels que les Guayaki et les Hadza.
Les résultats pourraient donc refléter une division sexuelle du comportement de recherche de nourriture dans les anciennes communautés humaines.
Toujours selon Hatala :
Il n’est pas surprenant de voir des preuves de ce comportement à ce stade, mais il est fascinant de voir un instantané direct des archives fossiles qui correspond à ce type de scénario.
Six autres traces de pas montrent des personnes se déplaçant vers le nord-est à des vitesses variables, deux à des vitesses de marche plus rapides et une en courant, ce qui suggère qu’il est peu probable qu’elles aient voyagé ensemble.
Exemples de traces d’Engare Sero. Les photographies en surplomb sont à gauche, les images orthographiques des modèles d’empreinte 3D sont à droite, colorées selon la profondeur. Pour l’échelle, chaque image comprend une règle graduée de 15 cm de long. Les gradients de couleur indiquent la profondeur. Les échelles de ces gradients sont indiquées en centimètres. (K. G. Hatala et coll./ Scientific Reports)
Le fait qu’aucune empreinte n’ait dévié de ces directions opposées pourrait être dû à des restrictions physiques du paysage.
D’autres empreintes d’hominidés trouvées dans des environnements en bordure de lacs indiquent que leurs propriétaires se sont déplacés le long des rives des lacs pour chercher de la nourriture, soutenues par des empreintes de bovins à des angles perpendiculaires reflétant les animaux allant boire de l’eau.
À Engare Sero, l’absence de traces de bovins rend difficile la confirmation d’un modèle similaire, et bien que les empreintes de zèbres et de buffles à environ 30 mètres soient perpendiculaires à celles des humains, les chercheurs signalent le manque de preuves permettant de tirer des conclusions claires.
Cependant, Hatala est impatient de voir de nouvelles méthodes d’analyse évoluer.
Nous espérons que cela motivera la poursuite d’études qui pourront débloquer le potentiel des empreintes fossiles pour nous informer des comportements passés.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Snapshots of human anatomy, locomotion, and behavior from Late Pleistocene footprints at Engare Sero, Tanzania.
