Immunité éphémère : apparemment nous ne gardons pas longtemps les anticorps contre la COVID-19
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Le Guru, toujours dans sa réserve concernant la COVID-19, se “mouille” un peu car il y a matière et le temps de l’empressement laisse progressivement place à une véritable expertise (…), en vous présentant deux études publiées cette semaine et qui apportent des précisions sur la durée de l’immunité suite à cette maladie. Elles montrent que les patients perdent leurs anticorps, les immunoglobulines de type G spécifiques au virus, qui se forment plus lentement et sont associés à une immunité à long terme, dans les semaines ou les mois qui suivent la guérison.
Avec la COVID-19, la plupart des personnes infectées produisent des anticorps, et même de petites quantités peuvent encore neutraliser le virus in vitro, selon de précédentes recherches. Ces dernières études n’ont pas permis de déterminer si un manque d’anticorps expose les personnes à un risque de réinfection.
Image d’entête : structure du coronavirus SARS-CoV-2 (scientificanimations.com)
L’une des études a révélé que 10 % des quelque 1 500 patients positifs au COVID présentaient des taux d’anticorps indétectables dans les semaines suivant l’apparition des premiers symptômes, tandis que l’autre étude a révélé que les 74 patients perdaient généralement leurs anticorps deux à trois mois après avoir été guéris de l’infection, en particulier chez ceux qui avaient été testés positifs, mais ils étaient asymptomatiques (sans symptôme).
En revanche, les infections causées par des cousins des coronavirus comme le SRAS et le MERS se traduisent par des anticorps qui restent dans l’organisme pendant près d’un an.
La première étude, réalisée par des chercheurs de l’hôpital Zhongnan de l’université de Wuhan (Chine) et qui n’a pas été encore validée (évaluation par les pairs) pour une publication scientifique (donc pour l’instant en prépublication, lien plus bas) diffusée en début de semaine, a permis de détecter des anticorps chez près de 1 500 patients atteints de coronavirus à Wuhan. Les chercheurs ont comparé leurs niveaux à ceux de trois autres groupes : près de 20 000 membres de la population générale, plus de 1 600 patients hospitalisés pour des raisons autres que la COVID-19 et plus de 3 800 personnels de santé, que les chercheurs ont supposé avoir été « inévitablement » exposés au virus dans ses premiers jours, ce qui signifie qu’ils auraient dû développer des anticorps.
Ils ont découvert que si près de 90 % des patients atteints de COVID-19 avaient des anticorps, environ 1 à 5 % des individus des autres groupes en avaient également. Les auteurs concluent dans leur étude que les 10 % restants de patients infectés sans anticorps détectables, combinés à leur absence chez les personnels de santé, suggèrent que « après une infection par le SARS-CoV-2, il est peu probable que les gens produisent des anticorps protecteurs durables contre ce virus ».
Dans la seconde étude, réalisée par l’université médicale de Chongqing (Chine) et également publiée cette semaine (lien plus bas), des chercheurs ont comparé les réponses immunitaires de 37 patients asymptomatiques, mais positifs, à un nombre égal de patients présentant des symptômes graves et vivant dans le district de Wanzhou en Chine. Ils ont constaté que les individus asymptomatiques réagissaient moins fortement à l’infection, 40 % d’entre eux ayant des niveaux d’anticorps protecteurs indétectables dans les deux ou trois mois suivant l’infection, contre 13 % des patients symptomatiques.
Selon Daniel Davis, immunologiste à l’université de Manchester :
Dans l’ensemble, ces résultats sont intéressants et provocateurs, mais il faut poursuivre les recherches, en suivant un grand nombre de personnes au fil du temps. Ce n’est qu’alors que nous saurons clairement combien de personnes produisent des anticorps lorsqu’elles sont infectées par le coronavirus, et pendant combien de temps.
Ces éléments font qu’il va être difficile de développer un vaccin qui fonctionne pour tous et longtemps. Ainsi, ceux qui comptaient sur une infection libre et naturelle (sans confinement), pour obtenir une immunité collective, risquent d’être déçue.
La première étude en prépublication dans medRxiv : Prevalence of IgG antibodies to SARS-CoV-2 in Wuhan – implications for the ability to produce long-lasting protective antibodies against SARS-CoV-2 et la seconde publiée dans Nature Medicine : Clinical and immunological assessment of asymptomatic SARS-CoV-2 infections.