De gigantesques taches sur l’étoile Bételgeuse pourraient expliquer son étrange obscurcissement
Une équipe de scientifiques de l’Institut Max Planck d’astronomie (Allemagne) pense que des taches de surface, exceptionnellement grandes et moins chaudes, sont l’explication la plus probable du récent assombrissement de l’étoile géante rouge Bételgeuse qui a fait craindre qu’elle n’explose pour devenir une supernova.
Image d’entête : représentation artistique de Bételgeuse dont la surface est couverte de grandes taches qui réduisent sa luminosité. (MPIA graphics department)
Bételgeuse, également connue sous le nom de α Orionjis, est située dans la constellation d’Orion à environ 700 années-lumière du Soleil et elle est l’une des plus grandes étoiles visibles à l’œil nu. Dans la dernière étape de sa vie, alors qu’elle brûle les restes de son hydrogène et de son hélium, l’ancienne géante rouge est 20 fois plus massive que le Soleil et si elle était placée à son endroit, son diamètre atteindrait l’orbite de Jupiter.
Les orbites de nos planètes face à Bételgeuse. (ESO /NAOJ /NRAO / E. O’Gorman/ P. Kervella)
En 2019, elle a fait sensation lorsque sa luminosité est tombée à 40 % de la normale, suscitant des spéculations sur le fait qu’elle allait devenir une supernova et exploser avec une énergie dépassant celle de toute une galaxie.
En avril 2020, l’étoile avait retrouvé sa luminosité normale, qui varie d’une magnitude entre 0 et +1,6. Cependant, la question demeure de savoir pourquoi elle s’est assombrie de façon aussi spectaculaire. L’une des principales hypothèses était que cela était dû à la poussière éjectée par l’étoile, mais une équipe internationale dirigée par Thavisha Dharmawardena a conclu que le coupable était des régions “froides”, des taches à la surface de l’étoile. Celles-ci sont similaires aux taches solaire mais couvrent 50 à 70 % de la surface de Bételgeuse.
Comparaison de Bételgeuse de janvier à décembre 2019. (ESO/M. Montargès et Coll.)
Les preuves pour appuyer cette idée proviennent de nouvelles données et d’archives recueillies dans le cadre de l’expérience APEX (Atacama Pathfinder Experiment) et du télescope James Clerk Maxwell (JCMT), qui ont mesuré le rayonnement dans la bande térahertz ou submillimétrique du spectre. La raison en est que la poussière brille dans les longueurs d’onde térahertz, mais Bételgeuse s”est assombri de 20 % même dans cette gamme, ce qui a surpris les scientifiques, car un tel comportement n’est pas compatible avec la présence de poussière.
Cela a laissé suggérer que c’était la luminosité de l’étoile elle-même qui était à incriminer. Selon l’équipe, la luminosité d’une étoile dépend de son diamètre et de la température de sa surface. Si une étoile devient plus petite, comme elle le faisait avant de devenir une supernova, elle s’assombrit uniformément sur l’ensemble du spectre, mais si elle se refroidit, le spectre s’assombrit de manière inégale. La question reste posée : s’agit-il d’une anomalie ou d’un phénomène lié à la variabilité naturelle de Bételgeuse ?
Selon Dharmawardena :
Les observations des années à venir nous diront si la forte diminution de la luminosité de Bételgeuse est liée à un cycle de taches. En tout cas, Bételgeuse restera un objet passionnant pour les études futures.
Si les chercheurs ont bien déterminé la cause de l’obscurcissement, et que Bételgeuse n’est pas sur le point d’exploser, nous ne devrions donc malheureusement pas profité d’un 2e Soleil dans notre ciel.
L’étude publiée dans The Astrophysical Journal Letters : Betelgeuse Fainter in the Submillimeter Too: An Analysis of JCMT and APEX Monitoring during the Recent Optical Minimum et présentée sur le site du Max Planck Institute : Betelgeuse – a giant with blemishes.