Le changement climatique induit par l’humain a inversé une tendance à un refroidissement global de 6 500 ans
Que ferait naturellement le climat de la Terre sans intervention humaine ? Des chercheurs de la Northern Arizona University (Etats-Unis) ont ainsi analysé plus de 12 000 ans de données climatiques pour découvrir que le réchauffement induit par les humains a interrompu et inversé une période de refroidissement mondial naturel et à long terme.
(Image d’entête du National Geographic)
Ce n’est un secret pour personne que la Terre se réchauffe à une rythme effréné, les derniers mois, années et décennies ayant tous battu des records de température. Mais ces données ne remontent qu’aux années 1880, lorsque les observations ont commencé à être régulièrement notifiées. Alors comment la tendance actuelle se compare-t-elle sur une plus longue période ?
Pour le savoir, les chercheurs ont compilé des données provenant de diverses sources et remontant à plusieurs millénaires. Il y a quelques mois, une équipe de 93 scientifiques a publié un dossier particulièrement complet de données paléoclimatiques, couvrant les 12 000 dernières années. Il comprend 1 319 ensembles de données provenant d’échantillons tels que de dépôts lacustres, de sédiments marins, de tourbe, de dépôts dans des grottes, de coraux et de carottes de glace de glacier, recueilli sur 679 sites dans le monde entier.
Les chercheurs ont ainsi pu cartographier l’évolution de la température de l’air en surface au cours des 12 000 dernières années, une période où le monde sortait de la dernière période glaciaire. Ces données ont ensuite été comparées à la moyenne du siècle entre 1800 et 1900, afin de déterminer comment la révolution industrielle a pu changer les choses.
Température moyenne de la surface du globe à l’Holocène : un graphique synthétisant cette recherche et présentant les changements de température au cours des 12 000 dernières années, par rapport à la moyenne du XIXe siècle. (Victor O. Leshyk/ Northern Arizona University)
Comme prévu, au début de cette période, les températures étaient beaucoup plus froides que la température de référence du XIXe siècle. Mais elles se sont constamment réchauffées au cours des millénaires suivants, pour finalement dépasser la ligne de base. Les températures ont atteint un pic il y a environ 6 500 ans, et depuis lors, la planète se refroidissait lentement mais sûrement.
Selon Michael Erb, coauteur de l’étude :
Le rythme de refroidissement qui a suivi le pic de chaleur fut subtil, seulement environ 0,1 °C par 1 000 ans.
Ce refroidissement semble être dû à des cycles lents dans l’orbite de la Terre, qui ont réduit la quantité de lumière du soleil en été dans l’hémisphère nord, culminant dans le « petit âge glaciaire » des derniers siècles.
Bien sûr, le monde ne se refroidit plus, l’activité humaine y a veillé. Au lieu de cela, nous avons augmenté les températures moyennes jusqu’à 1 °C depuis le milieu du 19e siècle. Il s’agit d’une hausse considérable en relativement peu de temps, encore plus importante que le pic d’il y a 6 500 ans.
Selon Darrell Kaufman, auteur principal de l’étude :
Il est possible que la dernière fois que la température moyenne globale soutenue fut supérieure de 1°C au 19e siècle, c’était avant la dernière période glaciaire, il y a environ 125 000 ans, lorsque le niveau de la mer était environ 6 m plus haut qu’aujourd’hui.
Même si nous nous dirigeons vers un territoire (climatique) largement inexploré, l’étude de ces modèles historiques peut aider à mieux comprendre ce qui pourrait se passer à l’avenir, selon différents scénarios.
L’étude publiée dans la revue Scientific Data : Holocene global mean surface temperature, a multi-method reconstruction approach et présentée sur le site de la Northern Arizona University : NAU paleoclimatologists author major new study showing global warming has upended 6,500 years of cooling.