Le changement climatique réchauffe les nuits plus vite que les jours
La concentration croissante de gaz à effet de serre dans l’atmosphère provoque un réchauffement alarmant de la planète, mais pas de manière totalement uniforme. Une nouvelle étude révèle que le changement climatique fait augmenter les températures nocturnes dans le monde entier plus rapidement que les températures diurnes, ce qui pourrait avoir des « conséquences importantes » pour l’environnement, préviennent les chercheurs.
Image d’entête : toute la terre de nuit, un composite d’images de nuit sans nuages. Les images ont été collectées en avril et octobre 2012 par le satellite Suomi NPP en orbite polaire à environ 824 kilomètres au-dessus de la surface. (NASA/ NOAA NGDC/ Suomi-NPP/ Earth Observatory)
Si nous savons que certaines régions, comme l’Arctique, se réchauffent plus rapidement que d’autres en raison du changement climatique, peu d’études ont été menées sur la manière dont le phénomène pourrait affecter différemment les températures diurnes et nocturnes. Et comme différents organismes effectuent des tâches essentielles à différents moments de la journée (ou de la nuit), on craint que ce type de réchauffement inégal ne fasse en sorte que certaines espèces en ressentent les effets plus fortement que d’autres.
Les scientifiques de l’université d’Exeter (Angleterre) ont entrepris de trouver des réponses à ces questions, en se basant sur des relevés horaires de température, de couverture nuageuse, d’humidité spécifique et de précipitations pour mesurer les différences entre les augmentations de température diurnes et nocturnes. Cette modélisation a été appliquée à la période de réchauffement entre 1983 et 2017, au cours de laquelle l’équipe a découvert une différence de plus de 0,25 °C dans la température annuelle moyenne entre la nuit et le jour sur plus de la moitié de la surface terrestre du globe.
Alors qu’à certains endroits, on a constaté que les jours se réchauffaient plus rapidement, la superficie totale des régions connaissant un réchauffement nocturne plus important était plus de deux fois supérieure. Selon l’équipe, ce phénomène de réchauffement asymétrique est en grande partie dû aux changements de la couverture nuageuse, l’augmentation de la couverture contribuant à maintenir la terre fraîche pendant la journée et à emprisonner la chaleur pendant la nuit. L’inverse est vrai dans les endroits où la couverture nuageuse diminue, ce qui entraîne un réchauffement plus rapide de la journée.
Selon l’auteur principal, Daniel Cox, de l’université d’Exeter (Environment and Sustainability Institute) :
L’asymétrie du réchauffement a des implications potentiellement importantes pour le monde naturel. Nous démontrons qu’un réchauffement nocturne plus important est associé à un climat plus humide, et il a été démontré que cela a des conséquences importantes sur la croissance des plantes et la façon dont les espèces, comme les insectes et les mammifères, interagissent. Inversement, nous montrons également qu’un réchauffement diurne plus important est associé à des conditions plus sèches, combinées à des niveaux plus élevés de réchauffement global, ce qui augmente la vulnérabilité des espèces au stress thermique et à la déshydratation. Les espèces qui ne sont actives que la nuit ou le jour seront particulièrement touchées.
L’activité humaine exerce une telle pression sur la biodiversité mondiale que nous avons constaté un déclin de 68 % des espèces de vertébrés entre 1970 et 2016, selon un récent rapport du Fonds mondial pour la nature. Alors que le défrichement des terres pour la production alimentaire s’est avéré être le principal facteur de cette perte d’espèces jusqu’à présent, les experts prévoient d’énormes pertes de plantes et d’animaux à mesure que le climat change et devient inadapté pour de nombreuses espèces à travers le monde.
L’étude publiée dans la revue Global Change Biology : Global variation in diurnal asymmetry in temperature, cloud cover, specific humidity and precipitation and its association with leaf area index et présentée sur le site de Université d’Exeter : Nights warming faster than days across much of the planet.