Le changement climatique transforme la Méditerranée orientale en un tout nouvel écosystème
Avec l’intensification du réchauffement climatique, la Méditerranée est confrontée à de fortes chaleurs. De nouvelles recherches montrent que certaines populations de mollusques dans les zones orientales de la mer sont en train de modifier les eaux dans lesquelles elles vivent et que celles-ci sont devenues trop chaudes pour y survivre.
Image d’entête : échantillon de mollusques du sud d’Israël. En rouge, ceux appartenant à des espèces originaires de la mer Rouge, en bleu, ceux d’origine méditerranéenne. Les espèces indigènes/ locales sont très peu nombreuses, alors que les espèces tropicales sont dominantes. (Paolo Albano/ Université de Vienne)
Les eaux qui entourent la côte d’Israël sont parmi les plus chaudes de toute la Méditerranée. Mais elles se réchauffent rapidement, car les températures moyennes y ont augmenté de 3°C au cours des quatre dernières décennies. Aujourd’hui, la température de l’eau dépasse régulièrement les 30 °C, ce qui, avec les espèces envahissantes qui arrivent de la mer Rouge par le canal de Suez, exerce une forte pression sur les populations locales de mollusques.
Selon Paolo Albano du département de paléontologie de l’université de Vienne, auteur principal de l’étude :
Je m’attendais à trouver un écosystème méditerranéen avec ces « nouveaux venus”. Cependant, après la première plongée, j’ai immédiatement réalisé que le problème était autre : le manque d’espèces indigènes de la Méditerranée, même les plus communes que l’on trouve partout en Méditerranée.
Albano s’est d’abord attaché à étudier les différences entre les populations indigènes et non indigènes le long du plateau israélien en Méditerranée orientale, mais il a été bloqué par le manque d’espèces locales dans la région.
Carte du bassin méditerranéen avec la zone étudie indiqué en rouge. (Wikimédia)
L’équipe a recueilli plus de 100 échantillons du fond marin, les utilisant pour évaluer les caractéristiques des populations locales de mollusques, notamment les espèces présentes, leur nombre, etc. Ces échantillons ont ensuite été comparés à des données antérieures sur le même sujet. Seuls 12 % environ des mollusques des sédiments peu profonds mentionnés dans les archives historiques étaient encore présents aujourd’hui, rapporte cette étude. Dans les environnements de récifs rocheux, ce chiffre est tombé à 5 %.
De plus, les chercheurs estiment que 60% des populations locales de mollusques restantes sont inférieures à leur capacité de reproduction, ce qui signifie qu’elles diminuent avec le temps.
Selon Albano, de nombreux facteurs contribuent à cet effondrement, notamment la pollution et les pressions exercées par les espèces envahissantes. Mais le réchauffement des eaux joue le rôle principal dans le déplacement des populations locales de mollusques vers le fond.
Toujours selon Albano :
La tolérance à la température est ce qui compte vraiment ici et la plupart des espèces indigènes de la Méditerranée se trouvent dans la partie la plus orientale de la mer Méditerranée, à la limite de leur tolérance à la température.
Les populations d’espèces envahissantes, cependant, sont florissantes dans la région. En fait, ces changements préparent le terrain pour un « nouvel écosystème », explique l’équipe, car les espèces qui arrivent de la mer Rouge sont sur le point de remplacer les espèces locales. Selon Albano, la Méditerranée orientale est « paradigmatique de ce qui se passe dans les écosystèmes marins en raison du réchauffement climatique : les espèces réagissent au réchauffement en déplaçant leurs aires de répartition et, dans certaines zones, cela signifie l’éradication locale des espèces ».
L’étude publiée dans The Proceedings of the Royal Society B. : Native biodiversity collapse in the eastern Mediterranean et présentée sur le site de l’Université de Vienne : Native biodiversity collapse in the Eastern Mediterranean.