Un groupe témoin surpasse des médiums dans un test de perceptions extrasensorielles
En 1964 , le magicien canado-américain et sceptique de renom, James Randi (décédé en octobre de l’année dernière) offrait 1 000 dollars à toute personne pouvant prouver qu’elle avait des capacités paranormales, le One Million Dollar Paranormal Challenge. Au fil du temps, le montant du prix est passé à 1 000 000 $. Même avec une telle somme, aucun des milliers de participants n’a jamais réussi à passer les tests préliminaires. Le défi a pris fin, sans gagnant, en 2015.
Image d’entête : lors d’un test de perceptions extrasensorielles, la charmante jeune femme blonde avait d’autres qualités bien plus concrète aux yeux du professeur Venkman (Bill Murray) du film Ghostbusters.
De nombreux pouvoirs paranormaux ont été revendiqués par les participants : radiesthésie, guérison par l’énergie, lecture des pensées et communion (cation) avec les morts. Comme pour le défi lancé par Randi, des études scientifiques ont cherché à savoir si les médiums peuvent vraiment communiquer avec les morts.
Une étude récente, menée par des chercheurs de l’Institute of Noetic Sciences et de l’université de Californie, a évalué si des médiums pouvaient dire ce qui avait causé la mort d’une personne. Au final, c’est un groupe de contrôle composé de “non-psychiques” qui a obtenu de meilleurs résultats que les médiums reconnus.
William James a estimé que la médiumnité méritait une enquête scientifique. Le botaniste américain JB Rhine a consacré sa carrière à la parapsychologie, la branche de la psychologie qu’il a fondée, il est d’ailleurs à l’origine des termes “perceptions extrasensorielles”. Bien qu’il revendique de pouvoirs extrasensoriels scientifiquement valables, ses résultats n’ont jamais été reproduits et ses méthodes étaient douteuses. De nombreux voyants, clairvoyants et médiums continuent aujourd’hui encore à prétendre détenir des pouvoirs paranormaux.
L’équipe de recherche derrière cette étude, dirigée par Arnaud Delorme, chercheur sur le cerveau, a déjà analysé l’activité cérébrale, la conductance de la peau, la respiration, le rythme cardiaque et le flux sanguin périphérique de personnes se disant médiums. Au cours d’une étude menée en 2013, quatre médiums ont donné des résultats supérieurs au hasard. Cherchant à établir une corrélation entre les neurones et les pouvoirs psychiques, ils écrivent :
Un milieu a montré une diminution des ondes thêta médianes frontales de l’EEG (électro-encéphalographie) lors de réponses précises, suggérant une possible diminution des fonctions exécutives associées à des réponses réussies. Une des limites de cette expérience était sa faible puissance statistique due au nombre relativement faible de participants et au nombre d’essais.
Une étude de suivi a été menée en 2018. Les chercheurs voulaient savoir si les médiums pouvaient identifier si une personne était vivante ou morte sur la base de photographies. Après avoir examiné plus de 404 photographies, cinq des douze médiums ont obtenu de meilleurs résultats que le hasard. Cependant, comme il n’y avait pas de groupe témoin, l’équipe a dû poursuivre les tests.
Pour cette étude, une douzaine de médiums professionnels et une douzaine de volontaires ont été recrutés. Chaque photographie était celle d’une personne décédée. Cette fois, la tâche consistait à déterminer si la personne était décédée d’une crise cardiaque, d’un accident de voiture ou d’un coup de feu. Chaque image a été recadrée de manière à ce que l’on ne puisse pas facilement reconnaître la cause du décès. Tout en donnant des réponses, chaque volontaire a été soumis à un scanner pour détecter les changements du flux sanguin neural et du rythme cardiaque. Les résultats ont surpris l’équipe :
Dans l’ensemble, les participants ont pu détecter la cause de la mort des personnes décédées à des niveaux statistiquement solides et supérieurs au hasard. Contrairement à nos attentes, qui prévoyaient que les médiums auraient un meilleur résultat que les témoins, les témoins ont obtenu des résultats nettement meilleurs que les médiums.
Bien qu’il y ait eu des réponses neurales différentes entre les témoins et les médiums autoproclamés, elles n’étaient pas corrélées aux bonnes réponses. Même d’outre-tombe, James Randi attend toujours et sans personne pour constater de son impatience.
L’étude publiée dans la revue Brain and Cognition : Accuracy and neural correlates of blinded mediumship compared to controls on an image classification task et disponible au format PDF sur le site de l’Institute of Noetic Sciences.