Dès la naissance, les petits du mégalodon étaient aussi grands que des humains adultes

Le requin le plus féroce qui ait jamais nagé dans les océans du monde était peut-être l’Otodus megalodon, une espèce de requin éteinte qui a vécu du début du Miocène à la fin du Pliocène, il y a 23 à 2,6 millions d’années.

Le mégalodon était sans conteste le plus grand prédateur marin des temps anciens, atteignant 15 mètres de long, soit deux fois plus que le deuxième plus grand requin de l’histoire. Il n’est pas surprenant que les bébés de Mégalodon aient également été du côté des gros poissons. Selon une nouvelle étude, les nouveau-nés Mégalodon étaient plus grands que la plupart des adultes humains.

L’étude menée par Kenshu Shimada, professeur de paléobiologie à l’université DePaul de Chicago 5Etats-Unis) et chercheur associé au musée Sternberg du Kansas, est l’une des premières à avoir examiné les bandes de croissance des spécimens de mégalodon.

Le paléobiologiste Kenshu Shimada tient une dent d’un requin éteint, Otodus megalodon. (Université DePaul/ Jeff Carrion)

Comme tous les requins, le squelette du mégalodon était principalement constitué de cartilage. Cela signifie que seules ses dents et ses vertèbres ont survécu en tant que fossiles. Mais ces fossiles apparemment limités peuvent révéler une foule d’informations sur la vie intime des anciens requins, et même sur leur mode de reproduction.

Les vertèbres du mégalodon se développent en couches distinctes et progressives, comme les cernes d’un arbre. Chaque couche ou bande de croissance révèle des informations sur les caractéristiques de l’animal, telles que sa grosseur et sa taille au moment de la déposition.

Shimada et ses collègues, dont Matthew Bonnan de l’université de Stockton, New Jersey, et Martin Becker et Michael Griffiths de l’université William Paterson, New Jersey, ont utilisé des techniques de tomodensitométrie pour examiner les bandes de croissance d’un fossile de mégalodon de 9 mètres.

Les 46 bandes de croissance du fossile signifient que le requin est mort à l’âge de 46 ans. En analysant comment chaque bande s’est formée dans les vertèbres géantes, les chercheurs ont pu calculer la longueur du corps du requin pendant chaque année de sa vie, y compris à sa naissance.

Bandes de croissance annuelle supposées dans une vertèbre du méga requin éteint Otodus megalodon, ainsi que les silhouettes hypothétiques du requin à la naissance et à la mort, chacune comparée à la taille d’un humain adulte typique. (Université DePaul/ Kenshu Shimada)

Ce “rétrocalcul” suggère que le mégalodon a donné naissance aux plus gros bébés du monde des requins, mesurant environ 2 mètres de long. Mais ce n’est pas la conclusion la plus intéressante de l’étude.

Les chercheurs ont également révélé comment les embryons de mégalodon se sont développés, comment il a donné naissance, et ils ont même fourni l’une des estimations les plus précises de la durée de vie du mégalodon.

Tout comme les lamniformes modernes, l’un des groupes les plus connus, car il comprend des espèces célèbres et des chasseurs redoutables, comme le grand requin blanc, le requin-pèlerin et le mako (requin-taupe commun et requin-long), le mégalodon donnait également naissance à des jeunes en vie. Et comme les requins modernes, ces bébés mégalodons étaient des tueurs bien avant de quitter le ventre de leur mère.

Selon Shimada :

Les requins lamniformes ne pondent pas leurs œufs à l’extérieur du corps, mais les œufs éclosent à l’intérieur de la mère qui finit par donner naissance à des petits vivants. Un fait très intéressant est que les « embryons précoces » commencent à manger les œufs non éclos environnants et, au moins chez les requins taupes, ils se nourrissent même parfois de leurs frères et sœurs éclos pour se nourrir.

La conséquence est que seuls quelques petits survivront et se développeront, mais chacun d’entre eux peut devenir considérablement plus grand à la naissance. Bien que l’élevage de ces grands embryons soit énergétiquement coûteux pour la mère, les nouveau-nés ont l’avantage d’être des prédateurs « déjà grands » et ils ont moins de chances d’être mangés par d’autres prédateurs.

Concernant la durée de vie du mégalodon, les chercheurs ont découvert que l’ancien prédateur se développait à un rythme d’environ 16 centimètres par an ou au moins pendant les 46 premières années de sa vie, sur la base du seul échantillon que les chercheurs ont étudié jusqu’à présent. Selon un modèle de courbe de croissance basé sur les bandes de croissance des vertèbres, les chercheurs estiment que le mégalodon avait une espérance de vie entre 88 et 100 ans. Ces estimations pourraient toutefois changer radicalement à mesure que les chercheurs analysent davantage de fossiles de cette créature.

Bien que la nouvelle étude nous ait donné une assez bonne idée du modèle de croissance du mégalodon entre la naissance et l’âge moyen, le modèle de croissance exact après 46 ans, y compris son espérance de vie déduite d’au moins 88-100 ans, reste plutôt théorique et doit être étudié plus en détail.

L’étude publiée dans Historical Biology : Ontogenetic growth pattern of the extinct megatooth shark Otodus megalodon—implications for its reproductive biology, development, and life expectancy et présentée sur le site de l’université DePaul : Megalodon shark gave live birth to large newborns that likely grew by eating unhatched eggs in womb.