Rétroaction climatique : lorsque les glaciers fondent, le dioxyde de carbone augmente… entrainant la fonte des glaciers
Face à la hausse des températures, l’eau des glaciers peut être à la fois un fléau et une bénédiction pour les rivières, car la fonte contribue au cycle du carbone.
Image d’entête : rivière alimentée par les glaciers en aval du mont Cook, Nouvelle-Zélande. (Lee Brown)
Une équipe internationale, dirigée par Sarah Fell de l’Université de Leads, au Royaume-Uni, a découvert que les rivières de montagne qui dépendent de l’eau des glaciers ont des taux plus élevés de décomposition des plantes, ce qui, à son tour, entraîne une augmentation du carbone dans l’atmosphère.
Normalement, l’eau douce provenant des glaciers de montagne alimente les rivières et contribue au flux d’eau qui permet aux plantes et aux champignons des rivières de se développer. Lorsque le réchauffement des températures accélère la fonte des glaciers, une plus grande quantité d’eau chaude se déverse dans les rivières et perturbe la nature normalement variable du lit des rivières.
Alimentés par ces flux accrus d’eau plus chaude, les champignons qui aiment se développer dans les rivières se développent de manière excessive.
Ces champignons décomposent les autres matières végétales qui tombent dans la rivière, comme le bois et les feuilles. Cette décomposition libère du dioxyde de carbone, donc plus l’eau qui arrive dans la rivière est chaude, plus il y a de champignons pour décomposer la matière végétale, et plus de carbone se retrouve dans l’air dans une grande boucle de rétroaction.
Selon Fell :
Nous avons constaté une augmentation du taux de décomposition de la matière organique dans les rivières de montagne, ce qui devrait conduire à une libération accrue de carbone dans l’atmosphère.
Il s’agit d’une forme inattendue de rétroaction climatique, où le réchauffement entraîne la perte des glaciers, qui à leur tour recyclent rapidement le carbone dans les rivières avant qu’il ne soit renvoyé dans l’atmosphère.
Dans leur étude (lien plus bas) l’équipe montre ce processus dans 57 rivières de six grandes chaînes de montagnes, y compris des chaînes en Nouvelle-Zélande, en Autriche, en France, en Norvège et aux États-Unis.
Selon Alex Drumbrell, de l’université d’Essex :
Notre découverte de schémas similaires de dégradation de la cellulose (un composant végétal) sur des sites du monde entier est vraiment passionnante, car elle suggère qu’il pourrait y avoir une règle universelle sur la façon dont ces écosystèmes fluviaux se développeront à mesure que les montagnes continueront à perdre de la glace.
Si c’est le cas, nous serons en bien meilleure position pour faire des prévisions sur la façon dont les écosystèmes fluviaux changeront à l’avenir.
L’étude publiée dans Nature Climate Change : Fungal decomposition of river organic matter accelerated by decreasing glacier cover et présentée sur le site de l’Université de l’Essex : Melting glaciers could speed up carbon emissions into the atmosphere.