Des milliers de tonnes de poussières invisibles d’astéroïdes et de comètes nous tombent dessus chaque année
Selon une nouvelle étude publiée la semaine dernière (lien plus bas), la Terre reçoit chaque année l’équivalent de 10 000 pianos à queue de poussière spatiale.
Image d’entête : micrographie électronique d’une micrométéorite extraite des neiges antarctiques. (Cécile ENGRAND/ Jean DUPRAT/ CNRS)
Cette découverte est le fruit de six expéditions du Centre national français de la recherche scientifique (CNRS) en Antarctique, qui se sont déroulées pendant 20 ans à la station de recherche extrêmement isolée de Concordia. La base antarctique Concordia est l’endroit idéal pour repérer la poussière extraterrestre en raison des quantités minimes de poussière terrestre qui s’y trouvent et, bien qu’elle soit située en Antarctique, du faible taux d’accumulation de neige.
La base Concordia en janvier 2005. Le camp d’été est visible à l’arrière-plan du camp d’hiver. (Wikimedia)
On ne voit pas cette poussière parce qu’elle est minuscule, environ 1/50e de la taille d’un grain de sable tout au plus. Mais chaque année, selon les chercheurs, 5 200 tonnes de ces poussières tombent du ciel et proviennent de diverses sources cosmiques. Cette poussière est très probablement rejetée par des astéroïdes ou des comètes et constitue la plus grande source de matériaux spatiaux pour la Terre.
Au microscope, les particules ressemblent à des morceaux de barbe à papa interplanétaire. Elles ont été collectées lors de ce qui ne peut être considéré que comme la version du 21e siècle de la prospection d’or : L’équipe de recherche a recueilli de grands seaux de neige, les a fait fondre, puis a tamisé l’eau à la recherche de tout ce qui est tombé de l’espace.
Micrométéorites de la Collection CONCORDIA. (J. Rojas et Col./ Earth & Planetary Science Letters)
À partir des quelque 2 000 fragments de l’espace qu’elle a réussi à trouver, l’équipe a ensuite extrapolé la masse de micrométéorites qui tombent sur la Terre chaque année. La plupart de ces éléments sont introuvables, perdus dans le brouhaha de l’activité terrestre, humaine ou autre. C’est pour la même raison que les meilleures météorites pour l’analyse chimique sont celles que l’on trouve sur les lacs gelés ou dans les déserts, car elles sont dépourvues de la contamination que nous, les formes de vie, apportons.
Les chercheurs ont également effectué une analyse chimique pour déterminer l’origine de la poussière spatiale. Ils ont constaté que la source principale (80 %) de la matière pouvait être attribuée aux comètes. Mais les chercheurs ont également supposé qu’il y a probablement environ 15 000 tonnes de poussière qui orbitent près de nous avant de pénétrer dans l’atmosphère terrestre.
Quoi qu’il en soit, les implications de cette poussière sont palpables. Puisqu’elle provient de météorites, il est possible qu’elle puisse combler les lacunes dans notre compréhension des chondrites carbonées, des météorites aussi anciennes que le système solaire et considérées comme les principales candidates à l’apport d’eau sur la jeune Terre.
Puisque cette estimation de 5 200 tonnes de poussière est annuelle, cela signifie aussi théoriquement qu’un flux constant de nouvelles données météoritiques peut être trouvé sur l’étendue gelée de l’Antarctique. Les chercheurs doivent simplement avoir des tamis à portée de main.
L’étude publiée dans Earth & Planetary Science Letters : The micrometeorite flux at Dome C (Antarctica), monitoring the accretion of extraterrestrial dust on Earth et présentée sur le site du CNRS : Plus de 5 000 tonnes de poussières extraterrestres tombent chaque année sur Terre.