Première preuve de récolte de miel dans l’Afrique de l’Ouest préhistorique

Il y a environ 3 500 ans, les communautés préhistoriques d’Afrique de l’Ouest récoltaient du miel et l’utilisaient ensuite à des fins alimentaires et médicinales, selon une nouvelle étude. Les chercheurs ont trouvé des traces de miel dans des fragments de poterie, ce qui montre l’importance de la collecte du miel dans un contexte agricole précoce.

Image d’entête : Image de figurines en terre cuite du peuple Nok trouvées sur les sites de fouilles du Nigeria. (Université de Bristol)

Le miel est l’aliment lié aux insectes le plus important au monde. Il est composé de 80 à 95 % de sucre, de plusieurs vitamines et minéraux essentiels, et de composants qui agissent comme des conservateurs. On sait que le miel sauvage est collecté dans le monde entier, sauf dans des environnements tels que l’Arctique, où les abeilles ne survivent pas.

Aujourd’hui, ces insectes font partie intégrante des paysages socio-écologiques et l’apiculture joue un rôle économique important, avec une production annuelle d’environ 1,6 million de tonnes de miel dans le monde. Cependant, les preuves d’une ancienne exploitation humaine de l’abeille sont rares, à l’exception de l’art rupestre paléolithique représentant des abeilles et du miel.

Une équipe de chercheurs de l’Université de Bristol (Royaume-Uni) et de l’Université Goethe (Allemagne) a procédé à une analyse chimique de plus de 450 tessons de pot préhistoriques de la culture Nok du Nigeria central afin de déterminer quels aliments ils préparaient dans leurs pots. L’équipe a découvert qu’un tiers des récipients étaient utilisés pour traiter ou stocker la cire d’abeille.

Selon Peter Breuning, coauteur de l’étude :

À l’origine, nous avons commencé l’étude des résidus chimiques dans les tessons de poterie en raison de l’absence d’ossements d’animaux sur les sites Nok, dans l’espoir de trouver des preuves de la transformation de la viande dans les pots. Le fait que les Nok aient exploité le miel il y a 3 500 ans était totalement inattendu.

Les pots Nok excavés sont nettoyés et photographiés à la station de recherche de Janjala. (Gabriele Franke/ Université Goethe/ Peter Breunig)

La présence de cire d’abeille dans les anciennes poteries est identifiée par une série complexe de lipides, c’est-à-dire les graisses, les huiles et les cires du monde naturel. Les récipients étaient probablement utilisés pour faire fondre les rayons de cire, ce qui a conduit à son absorption dans les parois du récipient, pour cuire la cire, ou pour stocker le miel lui-même, ont fait valoir les chercheurs dans leur étude.

Le miel est une source de nourriture importante pour les chasseurs-cueilleurs et il existe plusieurs groupes en Afrique, tels que le peuple Efe de la forêt d’Ituri, qui ont toujours compté sur le miel comme principale source de nourriture, collectant toutes les parties de la ruche, y compris le miel et le pollen, dans les creux des arbres qui peuvent se trouver jusqu’à 30 m du sol.

En plus de l’utiliser comme source de nourriture, les chercheurs ont affirmé que le miel pouvait également être utilisé pour fabriquer des boissons telles que la bière et le vin, qui sont aujourd’hui monnaie courante en Afrique. Les écrits des anciens explorateurs décrivent l’utilisation de ces pratiques. Ibn Battuta, un érudit musulman, parle d’une boisson faite avec du miel en Mauritanie en 1352.

Le miel et la cire d’abeille peuvent également avoir été utilisés à des fins médicinales, cosmétiques et technologiques. On sait que la cire d’abeille était utilisée à l’époque préhistorique comme agent d’étanchéité ou imperméabilisant, pour éclairer les lampes et comme matière première pour fabriquer des bougies. On a également constaté que le miel était utilisé pour conserver d’autres produits tels que la viande fumée.

Selon le professeur Richard Evershed de l’Université de Bristol et coauteur de l’étude :

L’association des peuples préhistoriques avec l’abeille est un thème récurrent dans le monde antique, cependant, la découverte des composants chimiques de cire d’abeille dans les poteries des Nok offre une fenêtre unique sur cette relation, alors que toutes les autres sources de preuves font défaut.

L’étude publiée dans Nature : Honey-collecting in prehistoric West Africa from 3500 years ago et présentée sur le site de l’Université de Bristol : Ancient pottery reveals the first evidence for honey hunting in prehistoric West Africa.