Les éléphants aspirent aussi leur nourriture avec leur trompe et avec 30 fois la puissance d’un éternuement humain
Malgré leur taille imposante et leur trompe de 100 kilos, les éléphants se nourrissent de petits végétaux légers, d’où la question suivante : comment font-ils pour aspirer de si petits objets dans leur longue trompe ?
Selon une nouvelle étude publiée cette semaine (lien plus bas), une équipe de chercheurs du Georgia Institute of Technology, aux États-Unis, a filmé des éléphants au zoo d’Atlanta dans l’espoir de démystifier les mécanismes qui se cachent derrière leur puissante trompe.
L’équipe a observé les éléphants en train de consommer leur nourriture, en enregistrant la largeur du passage nasal pendant la succion et en mesurant la vitesse de siphonnage d’eau. Ils ont pu démontrer pour la première fois que ces pachydermes utilisent effectivement la succion pour saisir leur nourriture, un comportement qui, selon les chercheurs, était auparavant considéré comme exclusif aux poissons.
(David Hu Laboratory/ Georgia Institute of Technology)
Ils ont constaté que les éléphants peuvent dilater leurs narines pour en augmenter le volume de 60 % et inhaler à une vitesse supérieure à 150 mètres par seconde, soit près de 30 fois la vitesse d’un éternuement humain.
Vidéo tirée de l’étude. (Andrew K. Schulz et col./ Journal of the Royal Society Interface)
Selon cette étude, de nombreux animaux marins utilisent la force de succion dans le cadre de leurs comportements adaptatifs : le poisson-clown utilise un disque pelvien modifié pour s’accrocher aux rochers glissants, et de nombreuses espèces de poissons se nourrissent par succion pour aspirer leur nourriture, mais la morphologie associée à ce type d’alimentation tend à inclure un crâne mobile, ce qui n’est pas une caractéristique courante chez les animaux terrestres.
Néanmoins, malgré la différence notable de morphologie de leur crâne, ces nouvelles données prouvent que les éléphants peuvent déployer la succion de la même manière. Les auteurs suggèrent que les mécanismes qu’ils ont découverts pourraient inspirer de futures innovations en robotique, en s’appuyant sur le répertoire robotique déjà important inspiré par les éléphants.
Vidéo tirée de l’étude. (Andrew K. Schulz et col./ Journal of the Royal Society Interface)
Parmi les robots inspirés de la trompe de l’éléphant déjà développés ou conçus, il y en a un qui peut effectuer le ravitaillement autonome des navires, et un autre qui peut transporter de l’air ou de l’eau aux victimes d’une catastrophe piégées sous les débris et les décombres.
La nouvelle étude s’appuie sur le domaine pluridisciplinaire de la bio-inspiration, dans lequel des scientifiques de différentes disciplines collaborent pour produire des innovations technologiques inspirées des particularités évolutives de la nature.
L’étude publiée dans le Journal of the Royal Society Interface : Suction feeding by elephants.