Ce que l’on prenait pour de l’eau souterraine sur Mars serait plus probablement de l’argile gelée
Il y a quelques années, des astronomes ont annoncé l’incroyable découverte de lacs d’eau liquide sur Mars, enfouis sous la calotte glaciaire du pôle sud. Mais malheureusement, trois nouvelles études réfutent cette affirmation, avec de nouvelles expériences suggérant que le signal « eau » était plus probablement produit par de l’argile gelée.
Image d’entête : nappes de glace sur le pôle sud de Mars, photographiées par la sonde Mars Reconnaissance Orbiter à une altitude de 300 km au-dessus de la planète rouge. (NASA/ JPL-Caltech/ Université d’Arizona/ JHU)
Bien qu’il existe de nombreuses preuves indiquant un ancien passé très humide pour la planète rouge, trouver de l’eau liquide qui s’y accumule encore aujourd’hui relevait un peu du Graal. Et en 2018, les scientifiques l’ont finalement trouvé : la sonde Mars Express a renvoyé des signaux radar correspondant à une surface d’eau. L’équipe a conclu qu’un lac d’eau liquide se trouvait sous 1,5 km de glace solide, et s’étendait jusqu’à 20 km. D’autres observations ont permis d’en découvrir toute une série.
Précédemment, dans l’ordre :
Mais leur existence apparente a tout de suite soulevé d’autres questions. Par exemple, comment l’eau peut-elle rester liquide à des températures aussi basses ? Les scientifiques ont émis l’hypothèse qu’un généreux mélange de sels, plus la pression de la glace venant d’en haut, auraient abaissé son point de congélation. D’autres équipes ont ensuite suggéré que le lac était chauffé par le bas, ce qui implique que Mars est plus active sur le plan volcanique que nous le pensions.
Aujourd’hui, il semble que cette théorie ait été battue en brèche dans trois nouvelles études. La première étude a analysé 44 000 échos radar mesurés dans la région pendant 15 ans, et a identifié des dizaines d’autres réflexions du même type. Nombre d’entre eux ont été détectés trop près de la surface pour que de l’eau liquide puisse exister, même en tenant compte des facteurs susceptibles d’abaisser le point de congélation.
Image radar de points lumineux sous le pôle sud de Mars, que certains ont interprété comme la preuve de la présence d’eau liquide. (ESA/ NASA/ JPL-Caltech)
L’hypothèse du lac étant moins probable, les autres études ont cherché à savoir ce qui pouvait créer ces signaux lumineux. Elles ont découvert que les argiles souterraines, les minéraux contenant des métaux et la glace salée pouvaient tous produire des signaux similaires.
Dans la troisième étude, les chercheurs ont donc mis l’une de ces idées à l’épreuve. Ils se sont concentrés sur un type d’argile appelé smectites, qui s’est formé en présence d’eau liquide depuis longtemps asséchée. Des échantillons de smectites ont été congelés avec de l’azote liquide à -50 °C, à peu près la température à laquelle ils seraient soumis au pôle sud de Mars et ils ont été placés dans un instrument qui mesurait leurs réflexions radar.
La correspondance avec les observations de la sonde était presque parfaite. D’autres preuves ont été fournies par les données de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), qui a constaté que ces smectites sont courantes à la surface de la région.
Bien sûr, les études ne peuvent pas confirmer que les smectites sont définitivement la source des étranges signaux. Mais elles jettent un froid sur la théorie, offrant une explication plus plausible que les lacs souterrains, même si elle n’est pas aussi enthousiasmante.
Selon Jeffrey Plaut, chercheur principal de l’une des études :
En science planétaire, nous ne faisons souvent que nous rapprocher de la vérité. L’étude originale ne prouvait pas que c’était de l’eau, et ces nouveaux documents ne prouvent pas que ce n’en est pas. Mais nous essayons de réduire les possibilités autant que possible afin de parvenir à un consensus.
Les trois études publiées dans la revue Geophysical Research Letters :
… et présentées sur le site du JPL de la NASA : Clays, Not Water, Are Likely Source of Mars ‘Lakes’.