Un très important courant océanique vacille : Dennis Quaid devra-t-il tous nous conduire à la bibliothèque pour nous sauver d’une énorme vague de tempête ?
Petit rappel, au vu des mauvaises nouvelles sur l’état de la Terre et ses habitants actuellement, le Guru ne fait pas partie d’un mouvement écologiste ou d’un mouvement quelconque pour la préservation de la nature, même s’il a parfaitement conscience de leur importance. Il se contente de relayer et vulgariser l’information scientifique qui a son importance. À dire vrai, il essaye même de limiter ses publications concernant toutes les répercussions que l’humain a sur son environnement actuellement… Le Guru pourrait très facilement créer un site déprimant avec autant de publications scientifiques uniquement sur ce sujet. Ce n’était, à l’origine, pas vraiment l’objectif de GuruMeditation, mais vu que pratiquement aucun domaine scientifique n’est épargné pas ses changements. On serait susceptible de croire que le Guru en fait trop… bien au contraire.
Une nouvelle étude, publiée jeudi (lien plus bas), tire la sonnette d’alarme concernant des » signaux d’alerte précoce » indiquant que la Circulation méridienne de retournement Atlantique (AMOC) pourrait s’effondrer.
A propos du titre : certains médias ont lié cet affaiblissement et les conséquences que son effondrement pourrait engendrer au film catastrophe “Le Jour d’après” (avec Dennis Quaid) qui est sorti en 2004 et qui traitait (de manière catastrophique) des ramifications de l’arrêt complet du courant. Les scientifiques spécialisés dans ce domaine estiment qu’il est peu probable que cela se produise, tout au moins pas aussi rapidement et pas avant 2100.
Image d’entête : représentation de la circulation océanique mondiale et l’Atlantique Nord. (NASA)
Il s’agit d’un très important courant mondial dont les scientifiques s’inquiètent depuis des années. Le nouveau document de recherche (lien plus bas), écrit par Niklas Boers de l’université libre de Berlin et de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique (Allemagne) suggère que le changement climatique a fondamentalement mis en péril la stabilité de l’AMOC et que le système se trouve désormais « à un point proche d’une transition critique ». Ce n’est pas la seule préoccupation en matière de changement climatique, mais son effondrement aurait de graves conséquences pour le monde entier.
À première vue, une modification de la vitesse d’un courant océanique ne semble pas si inquiétante. Après tout, nous sommes confrontés à des incendies, des inondations, de la chaleur et une montée en flèche du niveau des mers partout dans le monde. Les courants océaniques ne peuvent-ils pas se reposer un peu pendant que nous essayons de régler le reste de nos problèmes ? Mais l’AMOC est en fait d’une importance cruciale pour la météo autour du globe. Elle aide à diriger l’eau chaude des tropiques vers l’Atlantique Nord, ce qui permet à l’Europe de rester tempérée pour sa latitude et garantit que le temps reste normal dans le monde entier.
Représentation de l’AMOC et ses différentes températures ainsi que ses points de réchauffement et de refroidissement. (Caesar/ PIK/ Université de Postdam)
L’AMOC est si importante, en fait, que son équilibre est considéré comme un » facteur de changement » du climat. Les scientifiques ont gardé un œil sur l’AMOC car, de manière inquiétante, il semble que le changement climatique ait un impact indésirable. La calotte glaciaire du Groenland est en train de fondre, ce qui entraîne la formation d’un vaste bassin d’eau douce froide dans l’Atlantique Nord, qui fait essentiellement office de barrage au courant.
C’est ce qui rend cette nouvelle étude si troublante. Les études précédentes sur l’AMOC se sont largement appuyées sur les données des dernières décennies. La nouvelle étude analyse les données historiques de température et de salinité remontant au XIXe siècle, ainsi que les données plus récentes et les modèles climatiques. Toutes ces données suggèrent que l’AMOC perd de sa force et qu’elle est plus sensible aux changements majeurs qui pourraient la faire dévier de sa trajectoire.
Le rapport ne contient aucune prédiction quant au moment où l’AMOC pourrait se dérégler, mais il suggère que le courant perd de sa force pour résister à tout changement majeur. Selon les derniers modèles climatiques, un effondrement de l’AMOC d’ici 2100 est assez improbable, pas impossible, mais il ne se produira probablement pas.
Selon les chercheurs, un effondrement pourrait se produire de notre vivant, mais il est impossible de donner une probabilité parce que nos modèles ne sont pas assez bons pour qu’on puisse se fier à leurs projections futures dans un sens quantitatif. Il a également noté que « les précédents rapports des médias et, dans une moindre mesure, le manuscrit lui-même, ont tendance à faire des affirmations trop fortes et à négliger diverses réserves qui auraient dû être faites. »
Selon Sybren Drijfhout, océanographe à l’université de Southampton et affilié à l’Institut météorologique royal des Pays-Bas, qui a étudié l’AMOC, parmi les problèmes qu’il a relevés dans cette étude, il y a le fait que le document examine les » empreintes » de l’AMOC et non la circulation elle-même, empreintes qui pourraient refléter des changements dans d’autres parties du système climatique comme l’oscillation nord-atlantique. Il a ajouté que, si les signes étudiés dans cette étude semblent correspondre à un effondrement de l’AMOC, ils ne permettent pas nécessairement de le » PRÉDIRE « .
De plus, la perspective de franchir ce “point de basculement” de l’AMOC n’est pas aussi grave que celle d’atteindre d’autres seuils de basculement, car le ralentissement du système de circulation océanique s’étale sur des décennies, et non sur des années. En d’autres termes, même si nous franchissons le premier point de non-retour, nous avons théoriquement le temps de le corriger en maîtrisant les températures avant qu’il ne s’effondre complètement. D’autres recherches récentes montrent que la planète devrait se réchauffer d’environ 4 °C pour que l’AMOC franchisse le seuil du point de non-retour, mais elle pourrait théoriquement se rétablir.
Pour Paul Ritchie, chercheur à l’université d’Exeter (Royaume-Uni) qui étudie les points de basculement, si nous devions franchir le seuil du point de basculement de l’AMOC, il est toujours possible, en atténuant rapidement les effets du changement climatique, d’éviter un effondrement complet. Cela dit, d’autres questions climatiques plus pressantes peuvent occuper nos esprits inquiets.
Ritchie s’inquiète davantage de l’atteinte de points de crise dans d’autres systèmes qui « fonctionnent sur des échelles de temps beaucoup plus rapides ». Une autre étude publiée l’année dernière (lien ci-dessous) montre que certains écosystèmes clés dont nous dépendons, comme l’Amazonie, pourraient s’effondrer soudainement dans les décennies à venir si nous continuons à leur imposer une pression trop forte via la crise climatique et la déforestation.
Mais cela ne signifie pas que nous ne devrions pas au moins penser à ce qui se passerait si l’AMOC venait à s’effondrer. Cette nouvelle étude fait office d’avertissement qui réclame des recherches supplémentaires pour corroborer ces résultats encore préliminaires. “Juste” un nouveau rappel que notre utilisation des combustibles fossiles doit être réduite.
L’étude publiée dans Nature Climate Change : Observation-based early-warning signals for a collapse of the Atlantic Meridional Overturning Circulation et présentée sur le site du Potsdam Institute for Climate Impact Research : Major Atlantic ocean current system might be approaching critical threshold.
> Les scientifiques spécialisés dans ce domaine estiment qu’il est peu probable que cela se produise, tout au moins pas aussi rapidement et pas avant 2100.
C’est exactement comme ça que commence le film… Et après ils disent oups on avait pas prévu que ça irait si vite…