Comment l’homosexualité a-t-elle survécu à l’évolution ?
Comment l’homosexualité a-t-elle survécu à l’évolution ? Les gènes associés aux relations homosexuelles pourraient potentiellement avoir de multiples fonctions bénéfiques pour les hétérosexuels, selon une recherche de l’Université du Queensland (Australie).
Selon Brendan Zietsch, qui a dirigé l’étude :
Un mystère de longue date est de savoir pourquoi le comportement sexuel homosexuel, dont on sait qu’il est influencé par les gènes, a survécu à l’évolution. C’est mystérieux parce que les rapports sexuels entre personnes de même sexe ne conduisent pas à la reproduction, qui est la devise de la sélection naturelle.
Dans l’étude (lien plus bas), les chercheurs ont mené une étude d’association pangénomique, une technique qui recherche les gènes communs aux personnes qui présentent un trait spécifique, afin d’établir si un ensemble de gènes était proéminent chez les personnes qui avaient des partenaires de même sexe. Fait intéressant, une fois les gènes communs trouvés, l’équipe a également découvert qu’ils pouvaient être avantageux pour les hétérosexuels en les aidant à avoir plus de descendants.
Toujours selon Zietsch:
Nous avons découvert que les variantes génétiques associées au fait d’avoir eu des partenaires de même sexe sont également associées au fait d’avoir plus de partenaires de sexe opposé chez les personnes qui n’ont jamais eu de partenaire de même sexe.
Nos résultats apportent une solution possible à ce mystère : les gènes du comportement sexuel homosexuel ont peut-être survécu parce qu’ils procurent un avantage d’accouplement aux hétérosexuels, ce qui, au cours de l’évolution, aurait augmenté la reproduction.
Cela signifie que certains gènes peuvent avoir eu plus d’une fonction, un phénomène génétique appelé pléiotropie antagoniste.
On parle de pléiotropie antagoniste lorsque les mêmes gènes affectent différents traits. Dans ce cas, les mêmes gènes qui augmentent la probabilité d’avoir des partenaires de même sexe augmentent également la probabilité d’avoir de nombreux partenaires de sexe opposé chez les porteurs hétérosexuels de ces gènes.
Les auteurs notent que l’étude comportait certaines limites, car la cohorte étudiée était originaire du Royaume-Uni et des États-Unis et d’ascendance européenne.
La plus importante (mise en garde) est que notre échantillon est limité dans le temps et dans l’espace, nous ne pouvons donc pas être sûrs que les associations génétiques que nous avons trouvées seraient les mêmes dans d’autres endroits, y compris dans différents groupes ethniques, et à d’autres époques, par exemple dans un lointain passé.
Les attitudes à l’égard de l’homosexualité sont très différentes selon les époques et les lieux, ce qui pourrait affecter les associations génétiques.
En outre, les études d’association pangénomique présentent une corrélation, et pas nécessairement une causalité. Les comportements sont souvent influencés à la fois par la génétique et la société, d’autant plus que cette étude a estimé les comportements sexuels, et non l’orientation sexuelle, qui sont fortement réglementés par la société.
Toutefois, d’autres études pourraient révéler la prévalence de ces gènes dans d’autres cultures et pays.
Cette étude a été publiée accompagnée d’un éditorial qui souligne la façon dont les groupes de défense des droits des personnes LGBTQ ont été consultés au cours du processus d’édition, afin de s’assurer qu’elle était éthiquement saine et sensible.
Selon les chercheurs :
Il ne s’agit pas d’un sujet de recherche banal. Le comportement homosexuel est un comportement humain que d’énormes pans du monde (71 juridictions) considèrent comme un crime, justifiant des poursuites et des emprisonnements.
Ces consultations (avec des groupes de défense des droits) nous ont amenés à nous arrêter, à réfléchir et, nous l’espérons, à apprendre.
Elles ont façonné la manière dont nous avons édité l’article et nous ont aidés à identifier les questions clés qui nous semblent les plus cruciales pour que nos lecteurs comprennent le contexte sociétal de ce travail.
L’étude publiée dans Nature human behaviour : Genomic evidence consistent with antagonistic pleiotropy may help explain the evolutionary maintenance of same-sex sexual behaviour in humans et Brendan Zietsch présente leurs recherches dans un article de The Conversation : Why has same-sex sexual behaviour persisted during evolution?