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Homo bodoensis : l’ancêtre direct des humains, d’il y a 500 000 ans, a obtenu un nouveau nom

31 Oct 2021 | 2 commentaires

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Vous ne pouvez pas choisir vos parents ni votre nom, mais vous pouvez au moins changer légalement ce dernier si vous le trouvez  un peu trop embarrassant. En science, les noms des espèces changent rarement. Imaginez le nombre de manuels scolaires que vous auriez à éditer. C’est pourquoi l’annonce de cette semaine, selon laquelle l’ancêtre direct de notre espèce a été renommé, est vraiment un événement important.

Désormais, une équipe internationale de chercheurs, dirigée par la paléoanthropologue Mirjana Roksandic de l’Université de Winnipeg (Canada), propose que notre ancêtre humain direct, une espèce ancestrale d’Homo qui vivait en Afrique au Pléistocène moyen, il y a environ un demi-million d’années, soit appelé Homo bodoensis.

Image d’entête : représentation artistique de l’Homo bodoensis qui vivait en Afrique pendant le Pléistocène moyen. (Ettore Mazza)

Cette désignation ne repose sur aucun nouveau fossile ou découverte scientifique. Les chercheurs tentent plutôt de clarifier ce que l’on appelle souvent le « fouillis du milieu » (muddle in the middle), un problème qui fait référence à la diversité des désignations et des découvertes contradictoires concernant le Pléistocène moyen. L’importance de clarifier ce fouillis ne peut être sous-estimée, car c’est au cours de cette période nébuleuse, également connue sous le nom de chibanien et datée de 774 000 à 129 000 ans, que l’Homo sapiens et nos proches cousins éteints, les Néandertaliens (Homo neanderthalensis), sont apparus en Afrique et en Europe, respectivement.

Un modèle simplifié pour l’évolution du genre Homo au cours des 2 derniers millions d’années, avec Homo bodoensis sp. nov. positionné comme la forme ancestrale (principalement africaine) d’Homo sapiens. (Mirjana Roksandic et col./ Evolutionary Anthropology Issues News and Reviews)

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Selon Mirjana Roksandic :

Parler de l’évolution humaine au cours de cette période est devenu impossible en raison de l’absence d’une terminologie appropriée qui reconnaît la variation géographique humaine.

Auparavant, cette espèce ancestrale était connue comme l’une des deux suivantes : Homo heidelbergensis ou Homo rhodesiensis. D’emblée, il est facile de comprendre pourquoi ils parlent de « confusion », étant donné que nous avions auparavant deux espèces qui se référaient de manière ambiguë à une seule. Par conséquent, Homo heidelbergensis et Homo rhodesiensis ont été rayés de la taxonomie, étant désormais superflus, pour faire place à l’Homo bodoensis, qui tire son nom d’un crâne trouvé à Bodo D’ar, en Éthiopie.

Le crane fossilisé de l’Homo bodoensis trouvé à Bodo D’ar, en Éthiopie. (Mirjana Roksandic et col./ Jeffrey H. Schwartz)

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Dans le cadre de cette nouvelle classification améliorée, H. bodoensis décrira désormais la plupart des humains du Pléistocène moyen d’Afrique et certains d’Europe du Sud-Est, tandis que d’autres spécimens trouvés dans le reste de l’Europe seront reclassés dans la catégorie des Néandertaliens sur la base de l’analyse moderne de l’ADN des fossiles.

Le cas de l’H. rhodesiensis est encore plus confus, car l’espèce a été assez mal définie, à partir d’un seul crâne appelé Kabwe trouvé à Broken Hill en Rhodésie du Nord, aujourd’hui Zambie, par Tom Zwiglaar en 1921. En outre, le nom n’a jamais été largement accepté par la communauté scientifique, en partie à cause de son association avec Cecil Rhodes, un impérialiste, homme d’affaires et politicien britannique qui a joué un rôle dominant en Afrique australe à la fin du XIXe siècle. Rhodes fut le Premier ministre de la colonie du Cap, de 1890 à 1896, et sous son gouvernement, les droits des Africains noirs ont été sévèrement restreints en augmentant les critères financiers pour pouvoir voter. On lui reproche également de nombreux crimes horribles commis pendant la période de colonisation de l’Afrique par les Britanniques. Le fait qu’une espèce humaine ancestrale aussi importante porte le nom de Rhodes a été considéré comme particulièrement déplacé, surtout à la lumière des récentes tentatives de décolonisation de la science.

Selon le coauteur Predrag Radović de l’Université de Belgrade en Serbie :

Les termes doivent être clairs en science, pour faciliter la communication. Ils ne doivent pas être traités comme absolus lorsqu’ils contredisent le registre fossile.

H. bodoensis coupe le nœud gordien et nous permet de communiquer clairement sur cette période importante de l’évolution humaine.

Sur la base du squelette facial endommagé de « Bodo 1 », les chercheurs ont décrit l’H. bodoensis comme ayant un « visage massif », avec de grandes orbites rectangulaires et une région interorbitaire très large, un nez large et un palais large et profond. Par rapport à l’Homo erectus, dont les fossiles sont les plus anciens humains connus à posséder des caractéristiques semblables à celles de l’homme moderne, l’H. bodoensis avait un cerveau plus gros, semblable à celui des Néandertaliens. Cependant, il différait considérablement de l’homme de Néandertal dans d’autres domaines, ne partageant pas les mêmes arcades sourcilières proéminentes et doubles.

Représentation artistique de l’Homo bodoensis. (Ettore Mazza)

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Selon les chercheurs dans leur étude :

H. bodoensis ne possède pas un certain nombre de caractéristiques spécifiques à H. sapiens, ce qui justifie la désignation d’une espèce distincte. Ceci est contraire à ce qui est observé chez H. neanderthalensis où les autapomorphies apparaissent tôt au Pléistocène moyen. Cependant, tous les traits spécifiques ultérieurs de H. sapiens peuvent être dérivés de traits présents chez H. bodoensis, y compris les arcades sourcilières massives mais segmentées (divisées en parties latérales et médianes).

Si l’H. bodoensis permet de clarifier de nombreux aspects ambigus de notre évolution, il ne s’agit en aucun cas d’une solution miracle. Tout comme les humains se sont souvent croisés avec les Néandertaliens, nos premiers ancêtres se sont mêlés/ accouplés à différents groupes. Les études sur l’ADN montrent que les humains n’ont pas évolué à partir d’une seule population ancestrale. Nous ne pourrons peut-être jamais identifier notre ancêtre direct le plus proche, mais pour l’instant,l’H. bodoensis est suffisamment proche.

L’étude publiée dans Evolutionary Anthropology Issues News and Reviews : Resolving the “muddle in the middle”: The case for Homo bodoensis sp. nov. et présentée sur le site de l’Université de Winnipeg : Experts name new species of human ancestor.

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