Alors qu’il se rapproche de sa destination finale, le télescope spatial James Webb déploie entièrement son énorme bouclier solaire et son second miroir
Il a fallu quelques jours de plus que prévu, mais l’énorme “pare-soleil” de 21 mètres du télescope spatial James Webb a été déployé, une étape importante qui le rapproche de plus en plus de sa mise en service. Les membres de l’équipe de la NASA ont applaudi à tout rompre en suivant le processus, mais il reste encore un peu de route à parcourir avant que le télescope puisse commencer à fonctionner.
Image d’entête : représentation du déploiement du pare-soleil du JWST. (Goddard Space Flight Center Conceptual Image Lab/ NASA)
Lancé le jour de Noël, le télescope, qui a coûté 10 milliards de dollars, est le plus puissant jamais envoyé dans l’espace, avec un miroir six fois plus grand que celui du Hubble. Il se déploie avec précaution en apesanteur depuis des jours. Bien que toutes les étapes de l’installation soient délicates, la mise en place du pare-soleil a été considérée comme la partie la plus difficile.
C’était un grand moment pour les équipes d’ingénieurs de la NASA et du constructeur aérospatial américain Northrop Grumman, le principal contractant du télescope. Des années d’essais sur des modèles à échelle réduite et à échelle réelle ont porté leurs fruits lorsque les contrôleurs ont séparé les cinq couches du pare-soleil et les ont tendues, le tout contrôlé à distance depuis la Terre.
Selon Thomas Zurbuchen, administrateur associé de la direction des missions scientifiques de la NASA :
C’est la première fois que quelqu’un tente d’installer un télescope de cette taille dans l’espace. Le succès de son déploiement le plus difficile, le pare-soleil, est un incroyable témoignage de l’ingéniosité humaine et des compétences en ingénierie.
Le pare-soleil protégera le télescope de la chaleur et de la lumière de la Terre, du Soleil et de la Lune. Les cinq couches de plastique sont aussi fines qu’un cheveu humain et sont recouvertes d’un métal réfléchissant. Ensemble, elles réduisent l’exposition au soleil de 200 kilowatts à une fraction de watt, ce qui est essentiel pour que les instruments scientifiques restent suffisamment froids pour fonctionner.
Le 4 janvier 2022, les ingénieurs ont terminé avec succès le déploiement de l’écran solaire du télescope spatial James Webb, que l’on voit ici lors de son test final de déploiement sur Terre en décembre 2020 chez Northrop Grumman, en Californie. (NASA/ Chris Gunn)
L’équipe de la NASA avait retardé le déploiement et la tension du pare-soleil pour s’assurer que les systèmes d’alimentation de la sonde Webb étaient prêts à fonctionner. Cette tâche impliquait d’utiliser 139 des 178 mécanismes de déclenchement inclus dans le télescope, ainsi que 8 moteurs de déploiement, 400 poulies et 90 câbles. Toute erreur à ce stade aurait pu condamner le télescope.
Selon Gregory L. Robinson, directeur du programme Webb à la NASA :
Déployer l’écran solaire de Webb dans l’espace est une étape incroyable, cruciale pour le succès de la mission. Des milliers de pièces ont dû fonctionner avec précision pour que cette merveille d’ingénierie puisse se déployer complètement. L’équipe a accompli un exploit audacieux compte tenu de la complexité de ce déploiement.
Si tout s’est bien déroulé, il reste encore plusieurs étapes à franchir pour que le télescope devienne opérationnel, notamment le déploiement des miroirs principal et secondaire du télescope. Cette opération débutera ce week-end et durera 10 jours. Il s’agit du plus grand miroir jamais construit par la NASA, si grand que les ingénieurs ont dû le concevoir comme des pièces mobiles pouvant se replier dans la fusée.
Cette image montre les quatre différents types de miroirs du télescope Webb. De gauche à droite : un segment de miroir primaire, le miroir secondaire, le miroir tertiaire et le miroir d’orientation fin. En bas à droite, on voit une représentation artistique de l’optique du télescope Webb avec ses 18 segments de miroir primaire. (NASA/ Ball Aerospace/ Tinsley)
Le télescope est maintenant en route vers son site de fonctionnement, à un million de kilomètres de la Terre, où il sera placé sur une orbite solaire et maintenu stable par la force gravitationnelle du Soleil et de la Terre (point de Lagrange L2). Une fois pleinement opérationnels, les télescopes examineront tous les aspects de l’histoire cosmique. Grâce à ses observations dans l’infrarouge, il pourra regarder plus profondément dans l’univers et même remonter dans le temps, ce qui nous permettra d’avoir une vue inédite des profondeurs de l’univers.
Sur le site de la NASA : Sunshield Successfully Deploys on NASA’s Next Flagship Telescope.