Une crème contre les engelures présente de très bon résultat sur des souris
Des chercheurs de l’Institut de génomique et de biologie intégrative de New Delhi (Inde) indiquent qu’ils ont mis au point une nouvelle option pour les skieurs, les soldats, les randonneurs et autres personnes exposées à un froid extrême afin de gérer les risques d’engelures.
Les gelures sont le résultat de la formation de cristaux de glace dans la peau ou les tissus en raison du froid extrême. L’eau gelée occupe un plus grand volume que l’eau liquide, et cette augmentation provoque de graves dommages dans les tissus qui subissent des gelures. Ces problèmes sont amplifiés par le contexte : les gelures surviennent généralement dans des régions éloignées, ce qui entraîne des retards importants dans leur traitement. De ce fait, les gelures produisent souvent des blessures graves qui se traduisent par des cicatrices ou l’amputation d’un membre.
Une nouvelle étude décrit le développement d’une crème qui peut aider à protéger les tissus des gelures. Les auteurs ont testé leur crème sur des souris et indiquent qu’elle peut prévenir ou atténuer considérablement les lésions dues aux engelures lorsqu’elle est appliquée sur la peau 15 minutes avant l’exposition à un froid intense.
Les engelures affectent les cellules de la peau et celles des tissus plus profonds, jusqu’à l’os, et provoquent des lésions et la mort de nombreuses cellules. Cela peut ensuite entraîner des problèmes de santé secondaires tels que des infections ou des lésions nerveuses permanentes.
Notre principal traitement des engelures consiste actuellement à réchauffer rapidement la zone affectée pour inverser la congélation. Cependant, en raison des retards dans l’administration du traitement, les patients souffrant d’engelures subissent généralement une mort cellulaire importante avant d’obtenir de l’aide. Des stratégies préventives seraient beaucoup plus utiles, notamment pour les personnes qui travaillent dans des conditions de froid extrême ou qui sont exposées à ces conditions pendant de longues périodes.
Les stratégies préventives que les chercheurs explorent aujourd’hui vont d’approches plus pratiques, telles que la confection de vêtements dotés d’un chauffage électrique, à d’autres qui relèvent de la science-fiction, comme la modification du génome humain pour donner à notre corps la possibilité de produire des protéines antigel. Pour de nombreuses raisons, allant du coût aux problèmes de sécurité, aucune de ces approches n’a été commercialisée jusqu’à présent.
Les chercheurs ont voulu mettre au point une solution efficace et simple pour prévenir les engelures. Leur approche consiste à utiliser une combinaison de molécules synthétiques courantes que les laboratoires utilisent pour cryoconserver les cellules : le diméthylsulfoxyde (DMSO) et l’alcool polyvinylique (PVAL). Le premier empêche la formation de cristaux de glace à l’intérieur des cellules, et le second empêche leur formation entre les cellules.
Les chercheurs ont d’abord testé dans quelle mesure différentes quantités de DMSO et de PVAL, seules ou combinées, pouvaient empêcher la mort de cellules cultivées dans une boîte de Pétri exposée à des températures glaciales. Un mélange de DMSO à 2 % et de PVAL à 1,6 mg/ml a produit les meilleurs taux de survie (80 %) sans endommager les membranes ou les structures des cellules. Il a également permis aux cellules de poursuivre leur division et leur expression génétique de manière plus normale après une exposition au froid extrême.
L’équipe a baptisé cette combinaison SynAFP, l’a mélangée à une crème d’aloe vera disponible dans le commerce et l’a appliquée sur la peau de souris testées 15 minutes avant de les soumettre à une épreuve de froid. La crème a réduit la taille des plaies causées par les engelures, le niveau de lésions tissulaires et d’inflammation observé chez les souris, et a accéléré la guérison (par rapport aux souris témoins non traitées).
Cependant, la crème n’a produit aucun effet si elle était appliquée 30 minutes ou plus avant l’exposition au froid. Mais les applications multiples ne semblaient pas endommager la peau des souris de quelque manière que ce soit.
Bien que les résultats soient encourageants jusqu’à présent, il reste encore beaucoup à faire avant que cette crème puisse être utilisée par chacun d’entre nous. L’équipe doit d’abord s’assurer qu’elle est sans danger pour l’humain, puis déterminer la meilleure façon de l’utiliser, comme par exemple la fréquence d’application pour un résultat optimal.
L’étude publiée dans ACS Applied Bio Materials : A Combination of Synthetic Molecules Acts as Antifreeze for the Protection of Skin against Cold-Induced Injuries et présentée sur le site de l’American Chemical Society : Antifreeze cream prevents frostbite injuries to skin.