La froideur des océans aurait permis au Mégalodon d’atteindre de gigantesques proportions
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une règle absolue, les animaux marins qui vivent dans des climats froids ont tendance à devenir plus grands que leurs homologues des eaux chaudes. Selon une nouvelle étude, cela aurait même été le cas du requin préhistorique préféré/ redouté de tous, le mégalodon.
Image d’entête : reconstruction paléoartistique d’un mégalodon de 16 m à l’échelle d’un humain de 1,65 m (Oliver E. Demuth/ Jack A. Cooper et col.)
Dans les années 1800, le biologiste allemand Carl Bergmann a proposé pour la première fois, dans la règle de Bergmann, que les grands animaux s’en sortent mieux que les petits dans les climats froids, car leur grande taille leur permet de retenir la chaleur plus efficacement. Au fil du temps, grâce à l’évolution sélective, les populations des climats froids d’une même espèce sont généralement plus grandes.
Plus récemment, une équipe de scientifiques américains s’est demandé s’il n’en allait pas de même pour l’Otodus megalodon, un parent préhistorique du grand requin blanc qui vivait dans tous les océans du monde il y a environ 15 à 3,6 millions d’années.
Comme le squelette cartilagineux des requins ne se fossilise généralement pas, les estimations de la longueur du mégalodon reposent principalement sur des dents fossilisées et quelques vertèbres. Ces estimations vont généralement d’un maximum de 15 à 20 m.
L’étude a été dirigée par le professeur Kenshu Shimada de l’université DePaul de Chicago, présentant ici une dent fossilisée d’Otodus megalodon. (DePaul University/Randall Spriggs)
Auparavant, comme les dents de mégalodon trouvées près de l’équateur avaient tendance à être plus petites que celles trouvées ailleurs, on a supposé que les régions équatoriales avaient pu servir de « zones de nurserie » pour les requins juvéniles. Après avoir examiné les nombreuses études existantes sur la taille des dents de mégalodon trouvées à différentes latitudes, les scientifiques américains proposent maintenant que ces petites dents puissent en fait provenir de petits adultes, et non de jeunes.
Selon le professeur Harry Maisch, de l’université Fairleigh Dickinson du New Jersey :
Il est toujours possible que l’O. mégalodon ait pu utiliser des zones de nurserie pour élever de jeunes requins. Mais notre étude montre que les sites fossilifères où l’on trouve des dents de mégalodon plus petites pourraient plutôt être le résultat de requins individuels ayant atteint des tailles corporelles globales plus petites simplement à cause de l’eau plus chaude.
Schéma indiquant le profil général de la taille de l’emblématique requin mégatoïde disparu, l’Otodus megalodon, à l’aide de silhouettes hypothétiques. Notez l’augmentation de la taille du corps vers des eaux plus froides à des latitudes plus élevées. (Université DePaul/ Kenshu Shimada)
L’étude, qui a été dirigée par le professeur Kenshu Shimada de l’université DePaul de Chicago, publiée dans la revue Historical Biology : Revisiting body size trends and nursery areas of the Neogene megatooth shark, Otodus megalodon (Lamniformes: Otodontidae), reveals Bergmann’s rule possibly enhanced its gigantism in cooler waters et présentée sur le site de l’Université DePaul : Cooler waters created larger Megalodon than warmer waters.