Les champignons pourraient communiquer entre eux dans un langage similaire à celui des humains, en reconnaissant 50 « mots »
Nous savons que les plantes communiquent entre elles, en envoyant des signaux chimiques sous terre. Mais qu’en est-il des champignons ? Ces organismes peuvent sembler silencieux et autonomes, mais ils ont aussi beaucoup à dire. Une nouvelle étude suggère que les champignons peuvent se « parler » dans un langage similaire à celui des humains, en reconnaissant 50 mots.
Image d’entête : le champignon bioluminescent, Omphalotus nidiformis, testé dans cette étude. (Jan Komar)
Au cours de la dernière décennie, les chercheurs ont trouvé des preuves que les plantes peuvent se parler entre elles sous de nombreuses formes uniques. En 2018, par exemple, une étude menée par des chercheurs suédois a révélé que les plantes dans un environnement surpeuplé libèrent des composés chimiques dans le sol qui déclenchent une croissance plus vigoureuse de leurs voisines, probablement pour éviter d’être laissées à l’ombre.
Les champignons ne sont ni des plantes ni des animaux et appartiennent à leur propre royaume, qui comprend les levures, les moisissures et les champignons. Il existe environ 144 000 espèces connues d’organismes dans le royaume des champignons. Ils sont partout et en grand nombre : dans le sol, l’air, les lacs, les rivières, les mers, sur et dans les plantes et les animaux, dans la nourriture et les vêtements, et dans le corps humain.
De précédentes études ont montré que les champignons acheminent des impulsions électriques par le biais de structures filamenteuses appelées hyphes, de la même manière que les cellules nerveuses transmettent des informations chez l’humain, et que les champignons pourraient utiliser ce langage électrique pour partager des informations. Mais la question de savoir si cette activité électrique a quelque chose en commun avec le langage humain est restée un mystère.
Andrew Adamatzky, de l’université de l’ouest de l’Angleterre, a utilisé son laboratoire informatique de Bristol pour analyser les modèles de pics électriques générés par quatre espèces de champignons : l’Omphalotus nidiformis, le Flammulina velutipes, la Schizophyllum commune et le Cordyceps militaris.
Chanpignons Flammulina velutipes (Jan Komar)
Le chercheur a piqué les champignons avec des électrodes et a enregistré les changements dans l’activité électrique. Il a trouvé de grands ensembles de signaux électriques, qui sont comparables à ceux générés par les neurones. Adamatzky a ensuite comparé ces impulsions avec celles associées au langage humain et il a trouvé des similitudes. Selon lui, les pics d’activité correspondent à des schémas d’activité qui ressemblent à des vocabulaires d’environ 50 mots.
Les champignons pourraient dire plusieurs choses, selon Adamatzky. Ils pourraient se signaler mutuellement leur présence, comme le hurlement des loups, ou signaler la présence de substances attractives ou répulsives.
Le chercheur a constaté des différences en termes de complexité du langage entre les espèces, les champignons Omphalotus nidiformis et les Schizophyllum commune ayant un lexique plus étendu.
Pour Adamatzky, il ne s’agit là que d’un point de départ pour mieux comprendre comment les champignons communiquent entre eux. De nouvelles études pourraient examiner les différences de langage entre les espèces et même la possibilité d’un système de grammaire fongique. D’autres espèces de champignons devront être examinées pour comprendre les variations de communication.
selon Adamatzky :
La direction la plus importante de la recherche future serait probablement de faire une classification complète et détaillée des mots fongiques, dérivés des signaux électriques. Pour l’instant, nous avons classé le mot en nous basant uniquement sur un nombre de signaux électrique dans les suites correspondantes. Il s’agit en effet d’une classification assez primitive.
Pour Dan Bebber, de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) et membre du comité de recherche en biologie fongique de la British Mycological Society, qui n’a pas participé à l’étude, l’interprétation en tant que langage semble un peu trop enthousiaste, et nécessiterait beaucoup plus de recherches et de tests d’hypothèses critiques.
L’étude publiée dans Royal Society Open Science : Language of fungi derived from their electrical spiking activity.
Les boules quand on aura des questions de grammaire fongiques au bac…