Comme pour les humains, des inégalités de richesse existent dans le reste du monde animal
L‘inégalité de richesse suit les sociétés humaines du monde entier depuis des millénaires. Mais est-elle exclusive aux humains ?
Une élude propose d’étudier l’inégalité de richesse des sociétés animales. Ce rapprochement, affirment les chercheurs, pourrait permettre de mieux comprendre le comportement des animaux.
Image d’entête : dans toutes les sociétés animales, certains individus profitent davantage de la vie en groupe, tandis que d’autres en sont exclus. (Laura Smale/ l’Institut Max Planck du comportement animal)
L’idée a d’abord effleuré les coauteurs Eli Strauss, de l’Institut Max Planck du comportement animal, en Allemagne, et Daizaburo Shizuka, de l’Université du Nebraska à Lincoln, aux États-Unis, lorsqu’ils ont commencé à examiner les recherches économiques et sociologiques sur les inégalités de richesse.
Selon Strauss :
En lisant ces fascinantes études de sociologie et d’économie, j’ai été frappé par le fait que ces travaux partagent un objectif commun avec mes travaux sur le comportement animal, à savoir que nous voulons tous deux comprendre comment l’inégalité apparaît et affecte les résultats pour les individus et les groupes.
Il existe de nombreuses recherches sur les sociétés animales, les ressources et le pouvoir social. Mais les chercheurs pensent que le fait de regrouper ces thèmes sous le terme d’inégalité des richesses leur donne une nouvelle façon d’aborder le domaine.
Selon Shizuka :
Au fil de notre lecture, nous nous sommes demandé comment les études sur les causes et les conséquences de l’inégalité chez les humains pouvaient aider les biologistes comme nous à mieux comprendre les sociétés animales.
Il y a un problème évident : les animaux n’ont pas d’argent. Mais bon, de nombreuses sociétés humaines n’en avaient pas non plus, et cela n’a pas empêché des analyses sur l’inégalité de richesse.
Selon Strauss :
Ces sociétés présentent des degrés variables d’inégalité de richesse, mais la richesse ne se limite pas aux billets et aux pièces de monnaie.
Au contraire, la sécurité alimentaire et des ressources, ainsi que l’influence ou les relations sociales, peuvent être utilisées pour déterminer la richesse d’un individu. Et de nombreux groupes d’animaux en sont dotés.
Figure tirée de l’étude montrant comment l’inégalité de richesse (cercle central) chez les animaux découle de différents types de richesse (en haut à gauche). Cette inégalité peut avoir des conséquences pour les individus qui sont indépendantes de la richesse (en haut à droite), et les processus comportementaux et écologiques peuvent façonner le degré d’inégalité dans les sociétés (en bas à gauche). La mobilité sociale, ou l’évolution de la richesse des individus et des lignées au fil du temps, devrait avoir un impact sur les caractéristiques des individus et des groupes (en bas à droite). (Eli D. Strauss et Daizaburo Shizuka/ Proceedings of the Royal Society B)
Que pouvons-nous donc apprendre de tout cela ? Les chercheurs pensent que cela peut conduire à une meilleure perception de l’écologie.
Selon Shizuka :
La structure d’une société a beaucoup d’influences différentes sur tous les individus qui y vivent. La biologie des sociétés animales inclut ces types de dynamiques, et nous ne pouvons pas comprendre l’évolution des animaux sociaux sans reconnaître cette rétroaction entre l’individu et la société.
Mais les chercheurs préviennent que l’inégalité de richesse chez les animaux n’est pas identique à celle que l’on trouve dans les sociétés humaines.
Selon Strauss :
Nous pouvons nous tourner vers d’autres espèces pour comprendre les processus évolutifs généraux qui produisent tous les animaux, nous compris. Mais la question de savoir ce qui fait une société humaine éthique est fondamentalement une question morale où la vie sociale des animaux ne peut pas nous guider. C’est quelque chose que nous devons découvrir par nous-mêmes.
L’étude publiée dans The Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences : The ecology of wealth inequality in animal societies et présentée sur le site de l’Institut Max Planck du comportement animal : Wealth inequality plagues animal societies too.