Cette plante carnivore utilise l’énergie de la pluie pour faire basculer ses victimes
La Nepenthes gracilis, est une plante carnivore particulièrement intelligente.
Comme les sarracénies pourpres, elle utilise un long entonnoir glissant pour capturer ses proies. Une fois qu’un insecte est tombé dans le tube de la plante, il ne va pas pouvoir en ressortir.
Image d’entête : la plante carnivore Nepenthes gracilis. (Dr Ulrike Bauer/ Université de Bristol)
Mais la N. gracilis a aussi un couvercle. L’insecte est attiré sur la face inférieure de la feuille au sommet de l’entonnoir. Puis, lorsqu’une goutte de pluie, très fréquente dans les jungles de l’Asie du Sud-Est d’où est originaire la plante, tombe sur le couvercle, celui-ci se ferme brusquement sous l’effet de son poids. Ce mouvement soudain fait basculer l’insecte dans l’entonnoir mortel de la Nepenthes.
Séquence de la capture d’un insecte avec l’aide de la pluie. (Anne-Kristin Lenz/ Université de Bristol)
Ce mécanisme de tremplin, qui utilise une énergie externe, est une véritable aubaine pour la plante. Une nouvelle étude (lien plus bas) explique à quel point il est astucieux.
Les chercheurs, qui sont basés à l’université de Bristol, au Royaume-Uni, ont examiné des scans en 3D de la Nepenthes gracilis capturant sa proie. Ils ont observé la façon dont la plante se déforme lorsque le couvercle se ferme et se rouvre doucement.
À leur grande surprise, ils ont découvert que le secret du ressort du couvercle se trouvait loin dans le tube de la Nepenthes.
Selon l’auteur principal, Anne-Kristin Lenz, candidate au doctorat à l’école des sciences biologiques de Bristol :
Si l’on observe la forme du pichet, on pourrait supposer que la déformation se produit au niveau de la plus petite section transversale, c’est-à-dire au point de transition entre le couvercle et le tube du pichet, mais en fait, elle se déforme également plus bas, à l’arrière du tube du pichet.
Cela lui confère quelques avantages. Le ressort est dépendant de la direction : il descend rapidement, mais remonte lentement. Il empêche également le couvercle de se tordre ou d’osciller, ce qui signifie qu’une plus grande quantité d’énergie peut être utilisée pour fermer le couvercle.
Imagerie des mouvements de la sarracénie pourpre. (Anne-Kristin Lenz/ Biology Letters)
Les chercheurs ont examiné une plante similaire, la Nepenthes rafflesiana, mais ils ont constaté qu’elle ne possédait pas ces mécanismes.
Toujours selon Lenz :
Nepenthes gracilis utilise de petits changements dans la forme du piège pour transmettre l’énergie de l’impact avec une étonnante efficacité. Nous pouvons apprendre de ces plantes comment optimiser les structures géométriquement, ce qui pourrait aider à économiser du matériel et du poids, tout en ayant un ressort fonctionnel.
Le mécanisme de capture par ressort pourrait même servir d’inspiration pour la conception de nouveaux dispositifs mécaniques permettant de récolter l’énergie de la pluie ou de la grêle.
L’étude publiée dans Biology Letters : Pitcher geometry facilitates extrinsically powered ‘springboard trapping’ in carnivorous Nepenthes gracilis pitcher plants et présentée sur le site de l’Université de Bristol : Researchers reveal how an insect-eating plant uses rain energy to power its traps.