Une nouvelle et étrange espèce de dinosaure blindé était un véritable char d’assaut à deux pattes
Les dinosaures cuirassés/ blindés comme le stégosaure et l’ankylosaure étaient pour la plupart de gros animaux volumineux qui marchaient à quatre pattes, mais des paléontologues ont maintenant découvert un parent bizarre de la taille d’un chien qui se pavanait sur deux pattes.
Image d’entête : représentation artistique de deux représentants de la nouvelle espèce, Jakapil kaniukura. (Mauricio Álvarez et Gabriel Díaz Yanten)
L’un des plus grands et des plus remarquables groupes de dinosaures était celui des thyréophores, des herbivores qui portaient tous d’épaisses plaques et armures pour se protéger des prédateurs. Les plus célèbres membres de ce groupe sont la famille des stégosaures, qui avaient de grandes plaques sur le dos et des queues en pointe, et les ankylosaures, des chars d’assaut souvent pourvus de lourdes massues en os en guise de queue.
Mais alors que ce groupe était généralement constitué de géants et presque exclusivement de quadrupèdes, des paléontologues viennent de découvrir une espèce qui va à l’encontre de cette tendance. La nouvelle espèce, baptisée Jakapil kaniukura, présentait des plaques osseuses similaires sur le dos, le cou et la queue, mais elle ne mesurait que 1,5 m de long et ne pesait que 4 à 7 kg. Plus étrange encore, il se déplaçait sur deux pattes et il avait de tout petits bras semblables à des ailes de poulet.
Selon Sebastián Apesteguía, un des auteurs de l’étude :
L’armure du cou de ce dinosaure est unique et elle protégeait cette zone délicate des attaques des prédateurs. Les os conservés des bras nous montrent qu’ils étaient minuscules, ce qui ne se produit pas chez le reste des thyréophores, dont la grande majorité sont des quadrupèdes.
A partir de l’étude : les fossiles et leur position sur une représentation du Jakapil kaniukura. (Riguetti, F.J. et col./ Scientific Reports)
Malgré son apparence peut-être effrayante, le Jakapil était tout de même un herbivore. Ses dents étaient en forme de feuille avec une grande face pour broyer la matière végétale, selon une disposition similaire à celle de ses parents. Il possédait également une mandibule unique, relativement courte et dotée d’une large crête en dessous.
Mais le plus étrange, c’est peut-être la place du Jakapil dans l’arbre généalogique. Il semble être un peu le chaînon manquant entre les premiers dinosaures thyréophores et les divers groupes de stégosaures et d’ankylosaures ultérieurs, qui sont devenus quadrupèdes à mesure qu’ils étaient plus blindés et beaucoup plus lourds. Le seul autre membre bipède de la famille est le Scutellosaurus, qui vivait au début de la période jurassique, il y a quelque 196 millions d’années, dans ce qui est aujourd’hui les États-Unis.
Représentation artistique du Jakapil kaniukura. (Mauricio Álvarez et Gabriel Díaz Yanten)
Mais le Jakapil vivait en Patagonie environ 100 millions d’années plus tard. Selon l’équipe, cela en fait un membre d’une ancienne lignée basale de thyréophores qui a survécu jusqu’au Crétacé, bien après l’évolution et la disparition de parents comme le Stegosaurus. Et le fait d’être le premier de son espèce à être découvert en Amérique du Sud montre que ce groupe était plus répandu qu’on ne le pensait auparavant.
L’étude publiée dans Scientific Reports : A new Cretaceous thyreophoran from Patagonia supports a South American lineage of armoured dinosaurs et présentée sur le site de l’Université Maimónides : Un tanquecito a dos patas: el primer dinosaurio acorazado bípedo de Sudamérica et sur le site de l’Université nationale de Cuyo, Unidiversidad : Jakapil kaniukura, el primer dinosaurio bípedo y acorazado de Sudamérica descubierto en la Patagonia.