Les percussions du pic sont-elles en réalité un chant appris ?
Les oiseaux chanteurs utilisent des vocalisations apprises afin de communiquer pour diverses raisons, notamment pour délimiter un territoire, dominer et attirer une partenaire. Il a été découvert que les pics (Picidés) communiquent de la même manière, mais en utilisant des rythmes de percussions, ressemblants à une sorte de code morse pour oiseaux.
Image d’entête : un pic à gauche et un oiseau chanteur à droite. (Université Brown)
Les scientifiques qui s’intéressent au développement du langage humain étudient souvent le développement de vocalisations assimilées chez les jeunes oiseaux chanteurs, car les deux processus présentent d’importants points communs. Les oiseaux comme les humains apprennent leurs langues respectives lorsqu’ils sont jeunes et doivent acquérir les mouvements musculaires complexes nécessaires pour contrôler la production des sons.
Les oiseaux chanteurs et les humains partagent également un lien neurologique. Un gène appelé parvalbumine (PV) est présent dans les régions spécialisées du cerveau des oiseaux chanteurs et des humains associées à l’apprentissage de leurs « langues » respectives. Jusqu’à présent, on n’a pas trouvé de PV chez les oiseaux qui ne passent pas par un apprentissage de leurs vocalisations.
Or, une collaboration de chercheurs américains a découvert dans le cerveau des pics des PV qui correspondent aux caractéristiques des régions du cerveau des oiseaux chanteurs associées à l’apprentissage et à la production de chants.
Bien que les pics soient capables de vocaliser, les chercheurs ont constaté que les régions PV étaient activées par les percussions rapides des oiseaux plutôt que par leurs vocalisations.
Le tambourinage des pics partage plusieurs caractéristiques avec le chant des oiseaux chanteurs, notamment le développement des capacités motrices complexes requises et l’utilisation du tambourinage pour défendre leur territoire.
Selon Matthew Fuxjager, de l’université Brown aux États-Unis :
Les pics possèdent un ensemble de zones cérébrales spécialisées qui contrôlent leur capacité à tambouriner, c’est-à-dire à marteler rapidement leur bec sur les arbres (et les gouttières !) lors de combats avec d’autres oiseaux. De plus, ces zones cérébrales ressemblent remarquablement aux parties du cerveau des oiseaux chanteurs qui aident ces animaux à apprendre à chanter.
A partir de l’étude : Régions du cerveau identifiées pour le comportement de vocalisation et de tambourinage. (A) Forme d’onde et spectrogrammes des percussions spontanées d’un pic mineur mâle enregistrées à l’aube pendant la saison de reproduction. (C) Diagramme schématique du « circuit du chant » osciné qui est caractérisé par un ensemble de noyaux spécialisés du cerveau antérieur essentiels à la production de vocalisations apprises. (Eric R. Schuppe et col./ PLoS Biology)
Les preuves ne sont pas encore suffisantes pour prouver que les pics apprennent à jouer du tambour, mais elles suggèrent certainement que c’est une solide possibilité.
Comprendre comment une activité et une fonction cérébrales similaires peuvent produire différents systèmes de communication permettra de mieux appréhender l’évolution des formes d’expression vocales et non vocales chez les humains et les animaux.
L’étude publiée dans PLoS Biology : Forebrain nuclei linked to woodpecker territorial drum displays mirror those that enable vocal learning in songbirds et présentée sur le site de l’Université Brown : Why do woodpeckers peck? New discovery about bird brains sheds light on intriguing question.