Reconstruction faciale d’une adolescente du paléolithique, d’il y a plus de 30 000 ans
À la fin du XIXe siècle, des archéologues ont trouvé un ancien crâne humain au fond de la grotte de Mladeč, dans l’actuelle République tchèque. Utilisant des techniques médico-légales limitées, les chercheurs ont d’abord pensé que le crâne avait 31 000 ans et appartenait à un homme. Ils avaient raison sur la datation, mais pas sur le sexe.
Image d’entête : la reconstitution finale de l’adolescente du paléolithique. (Cicéron Moraes, Jiří Šindelař, Karel Drbal/ OrtogOnLineMag)
Aujourd’hui, près d’un siècle et demi plus tard, des scientifiques se sont à nouveau intéressés au crâne de Mladeč 1, révélant des détails intimes jusqu’alors inconnus sur la vie de cet ancien individu. Au cours de leur enquête moderne, l’équipe de chercheurs a découvert que le crâne appartenait en fait à une femme de 17 ans qui a vécu il y a entre 43 000 et 26 000 ans. Ils ont également fait un effort supplémentaire en utilisant des outils graphiques 3D et des techniques de médecine légale pour reconstituer son visage.
Les chercheurs, parmi lesquels figurent Cicero Moraes, un expert brésilien en graphisme, Jiří Šindelář, un géomètre de la société locale GEO-CZ, et Karel Drbal, directeur adjoint de l’administration des grottes de la République tchèque, ont rassemblé toutes les études et données qu’ils ont pu trouver sur Mladeč 1. Il s’agissait notamment des mesures originales du crâne et des descriptions de la fouille.
En outre, ils ont effectué une tomographie par ordinateur (CT) du crâne. Cependant, il y avait un problème : il manquait la mâchoire inférieure. Afin de combler les vides, les chercheurs ont rassemblé 200 tomodensitogrammes d’humains modernes et de fouilles archéologiques, puis ils ont utilisé des méthodes statistiques pour trouver la forme estimée de la mâchoire qui correspond le mieux au crâne de Mladeč.
Moraes a ensuite appliqué des marqueurs d’épaisseur des tissus mous sur la reconstruction numérique en 3D du crâne, c’est-à-dire là où des éléments comme les tendons, les muscles et la peau s’attachent pour former un véritable visage humain. Cependant, il ne pouvait pas faire grand-chose avec toutes ces données, car la forme et la taille du nez, de la bouche et des yeux ne peuvent être déterminées de cette manière.
Pour compléter les données, les chercheurs ont importé des tomodensitogrammes de sujets vivants et ils ont déformé les os et les tissus mous du tomodensitogramme pour qu’ils correspondent au visage à reproduire.
A partir de l’étude : étapes de l’approximation faciale médico-légale et de la déformation anatomique. (Cicéron Moraes, Jiří Šindelař, Karel Drbal/OrtogOnLineMag)
Selon Cicero Moraes :
Dans le cas du fossile Mladeč 1, nous avons déformé deux scans CT, l’un d’un homme et l’autre d’une femme, et les deux ont convergé vers un résultat très similaire.
Bien que les fouilles originales aient permis de trouver des objets en pierre, des pointes d’os et plusieurs dents, nous ne savons presque rien de cette jeune femme, mais il est remarquable de pouvoir imaginer à quoi elle aurait pu ressembler. Le résultat final est le portrait fascinant d’une adolescente morte trop jeune, à une époque incertaine et effrayante où notre espèce errait encore dans le monde à la recherche de sa place. Il faudra attendre plus de 20 000 ans pour que les humains inventent l’agriculture, l’écriture, la médecine et toutes les commodités de base de la vie que nous considérons aujourd’hui comme acquises.
L’étude publiée dans OrtogOnLineMag : L’approche faciale médico-légale du crâne Mladeč 1.