Après avoir mangé tous les cerfs d’une île en Alaska, des loups se sont reportés sur un autre superprédateur
L‘île Pleasant, en Alaska, ne porte pas vraiment bien son nom. Cette île glaciale de 49 000 km2 est inhabitée, mais elle héberge un écosystème remarquablement vaste et riche qui compte des cerfs, des loutres, des écureuils rouges et même des ours bruns. Mais en 2013, l’île a accueilli un nouveau venu : les loups.
Lorsque les loups ont colonisé l’île en 2013, le cadre d’une expérience naturelle s’est mis naturellement en place.
Image d’entête, à partir de l’étude : captée par une caméra dissimulée, des loups patrouillant dans la zone intertidale (estran) de Point Gustavus Point, en Alaska. (G. Roffler et col./ Proceedings of the National Academy of Sciences)
Selon Gretchen Roffler, première auteure de l’étude (lien plus bas) :
Cela a fourni une excellente occasion d’étudier la dynamique prédateur-proie des loups et des cerfs. Nous voulions voir comment la population de loups nouvellement colonisée aurait un impact sur la population de cerfs et nous avons prédit que les loups pourraient manger tous les cerfs, puis quitter l’île, car elle n’est séparée du continent que par 1,5 km.
La première partie de la prédiction s’est réalisée. La population de cerfs, qui comptait environ 120 à 200 individus, s’est effondrée. Mais au lieu de partir vers des pâturages plus verts, les loups sont restés sur l’île et ils ont modifié leur régime alimentaire pour se tourner vers des proies inattendues : les loutres de mer.
A partir de l’étude : la zone d’étude. (A) Séquence temporelle de la colonisation par la loutre de mer du parc national et de la réserve de Glacier Bay et de l’île Pleasant dans le détroit d’Icy, Alaska, États-Unis. (B) La consommation de loutres de mer par les loups s’est produite dans les zones où les densités estimées de loutres de mer étaient les plus élevées (21, 24), mais la fréquence relative de loutres de mer dans les excréments des loups était la plus élevée à Glacier Bay et sur l’île Pleasant (26, 28). (G. Roffler et col./ Proceedings of the National Academy of Sciences)
La loutre de mer est elle-même un prédateur alpha ou superprédateur dans l’écosystème proche du rivage, tandis que les loups représentent le superprédateur de la zone terrestre. Il est donc assez surprenant que l’on se retrouve dans une dynamique où l’un mange l’autre, explique Taal Levi, professeur associé à l’Université d’Etats de l’Oregon, ajoutant :
Vous avez des prédateurs supérieurs qui se nourrissent d’un prédateur supérieur.
Gretchen, Levi et leurs collègues ont étudié le régime alimentaire des loups dans tout le sud-est de l’Alaska, car ces animaux font l’objet d’une demande d’inscription sur la liste des espèces menacées.
A partir de l’étude : un loup traînant une carcasse de loutre de mer près d’un estran à Point Gustavus en Alaska. (Alaska Department of Fish and Game)
Ils ont suivi certains loups à l’aide de colliers GPS et ils ont analysé leurs excréments. Les chercheurs ont constaté qu’en 2015, les cerfs constituaient la principale nourriture des loups, représentant 75 % de leur régime alimentaire. En 2017, les loups ont commencé à se nourrir principalement de loutres de mer (57 % de leur alimentation), tandis que les cerfs ne représentaient plus que 7 % de leur alimentation. Ce scénario s’est poursuivi jusqu’en 2020, date à laquelle l’étude a pris fin.
Les loutres elles-mêmes ont eu une vie mouvementée dans la région. Au cours des XIXe et XXe siècles, elles ont été chassées par les marchands de fourrures et elles ont pratiquement disparu de la région. Les loups locaux n’ont pas été chassés jusqu’à l’extinction, contrairement à ceux d’autres régions des États-Unis. Ce n’est que depuis quelques décennies, grâce à la protection légale accordée aux loutres de mer, que les deux populations se chevauchent.
Mais les chercheurs ne s’attendaient pas à ce que les loups, une espèce terrestre, deviennent si compétents pour manger des loutres de mer qui, comme leur nom l’indique, passent la plupart de leur temps en mer.
Selon Levi :
Ils sont à la fois charognards et chasseurs de loutres lorsque celles-ci se déplacent sur terre. Il est très peu probable que les loutres de mer soient vulnérables aux loups dans l’océan.
Les loups ont souvent été vus en train de patrouiller le long du littoral de Pleasant Island et d’examiner les affleurements rocheux. Les données GPS ont confirmé qu’ils passaient beaucoup de temps dans la zone intertidale (estran), comme s’ils cherchaient quelque chose et c’était effectivement le cas : ils cherchaient des loutres à piéger.
Selon Roffler, les loutres de mer se posent sur les rochers pour conserver leur énergie. Mais cela les rend plus vulnérables à la prédation, car elles sont lentes et maladroites sur la terre ferme et les loups sont prompts à saisir leur chance.
Selon Gretchen :
Nous avons recueilli des preuves que les loups tuent les loutres de mer par embuscade lorsqu’elles se déplacent sur la terre ferme ou dans des eaux peu profondes.
A partir de l’étude : carcasses de loutres de mer adultes tuées par des loups munis de colliers GPS sur l’île Pleasant. (G. Roffler et col./ Proceedings of the National Academy of Sciences)
Ce nouvel aspect de l’écosystème constitue une étude de cas très intéressante, poursuit Gretchen :
Auparavant, des études ont été menées sur les effets des prédateurs marins sur les populations de loutres de mer, mais jusqu’à présent, très peu d’attention a été accordée à l’impact des prédateurs terrestres sur les loutres de mer, ou à la façon dont ces dernières peuvent constituer une proie marine abondante pour les prédateurs terrestres. Cette interaction était inattendue, mais elle a eu des effets profonds, du moins sur l’île de Pleasant.
Pour l’instant, on ne sait pas vraiment comment les loutres s’adaptent à cette situation (ou si elles s’adaptent tout court). L’effet le plus important pourrait être un changement de comportement qui les oblige à passer plus de temps en mer, même lorsqu’il leur serait bénéfique de conserver leur énergie sur la terre ferme, les effets de cette situation pourraient être stressants sur le long terme, mais c’est une question qui mérite de futures recherches, selon Levi.
Mais globalement, les chercheurs ne s’attendent pas à ce que les loups aient un effet important sur la population de loutres de mer. Le plus important pour l’écosystème est que la dynamique des populations de loups puisse être dissociée des grands mammifères qui constituent leurs proies habituelles.
Selon Taal Levi :
Cela permet aux loups de rester abondants même s’ils provoquent le déclin des populations de grands herbivores. En d’autres termes, les loutres de mer peuvent permettre aux loups de maintenir les grands herbivores à des densités plus faibles, ce qui a des implications pour la végétation et les animaux qui en dépendent (abeilles, oiseaux, ours pour les ressources florales et les baies, par exemple), sur un immense littoral qui sera finalement occupé par les loutres de mer au fur et à mesure de leur rétablissement.
Cette surprenante découverte sur le régime alimentaire des loups justifie certainement d’autres études pour mieux comprendre les interactions dans cet écosystème et Levi indique que c’est exactement ce à quoi ils travaillent.
Il indique que :
Nous suivons maintenant de plus en plus l’histoire du loup et de la loutre de mer avec des études de terrain supplémentaires, dont une réalisée par Ellen Dymit, étudiante en doctorat, qui compare les zones d’étude continentales avec et sans loutres de mer le long du front de colonisation de l’expansion de la population de loutres de mer.
L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : Recovery of a marine keystone predator transforms terrestrial predator–prey dynamics et présentée sur le site de l’Université d’Etat de l’Oregon : Wolves eliminate deer on Alaskan Island then quickly shift to eating sea otters, research finds.
Hello,
I’ve found very interesting this article describing a change of food habits by super-predators. Since the see otters (en hydra lutris) can easily move from shore to shore by swimming and the wolves are not famous swimmers, wouldn’t be migrating to other shores, leaving the wolves alone on their island, the easiest solution for the otters to escape from their new predators?
Sincerely.
Laurent Gautheron
Partout où passe ces sientifiques qui veulent mettre la nature sous cloche, ça annonce la destruction d’un écosystème et de sa biodiversité comme au lac de grand lieu en France, ils sont plein d’arogance ,n’écoute pas les locaux qui caunaissent leurs biotopes , ces pseudo sientifiques sont seulement des citadins qui ne caunaissent rien a l’équilibre d’un écosystème mais se permettent de jouer avec et quand tout est mort , ils se barrent et ont entend plus parler d’eux , ce sont ldes assassins de la nature dans les faits
Tout à fait
J’aimerais faire une expérience moi-aussi: on mettrait ces scientifiques tout nus sans rien sur une île avec des ours et on revient après 1 an pour voir où ils en sont. Pensez-vous que ce serait intéressant de connaître le résultat ?
Il ne fallait pas installer le loup dans cette île.
La population de cerf a disparu.
Les chercheurs se rattrapent en prétextant que les loups se sont adaptés…
Initiative lamentable des chercheurs.
Article très intéressant! Qui dit combien le loup est féroce et gourmand… En arriver à exterminer une population de cervidés!
Pour ce qui est des loutres et leurs chances de survie à cette attaque, je ne serais pas si optimiste que ces « scientifiques »…. Ont-ils pensé que ces loutres de mer, qui, bien qu’elles passent le plus clair de leur temps dans l’eau, viennent non seulement se reposer sur les rochers mais aussi certainement s’accoupler et mettre bas dans des terriers sur la terre ferme? Si les loups sont là à dévorer les jeunes fraîchement nés, comment pourront-elles se reproduire? L’extinction n’ est-elle pas aussi à l’horizon…?
Les loups sont des carnivores, il ne faut pas etre chercheur pour savoir qu ils chercheraient des props pour survivre, c,est débilede laissez des carnivores dans des lieux aussi arides ..
Ces chercheurs de merde se sont des rigolos qui tôt ou tard faudra éradiquer car il ne font que de l’esbroufe et un sur un million connais quelque chose malheureusement
Et l homme n est il pas feroce et gourmand,? C est le pire des predateurs…
Les loups sont des carnivores, il ne faut pas etre chercheur pour savoir qu ils chercheraient des props pour survivre, c,est débilede laissez des carnivores dans des lieux aussi arides ..
Vous me faites doucement sourire, restez juste objectifs…
Les loups sur cette île ne font rien d’autre que reproduire ce que nous avons toujours fais!!
A savoir, manger le plus facile, puis s’adapter aux suivants, et finir par être seul et donc manger son voisin si on peut…
Fin du bal !!
L’homme est le cancer de la planète