Découverte d’un ptérosaure avec un bien étrange bec
En 2021, nous avons entendu parler d’un ptérosaure qui avait une bouche pleine de grandes dents pointues. Les scientifiques ont maintenant découvert un ptérosaure qui est allé à l’autre extrême, puisqu’il utilisait plus de 400 petites dents crochues pour attraper ses proies.
Image d’entête : représentation du nouveau ptérosaure Balaenognathus maeuseri qui possédait au moins 480 dents disposées en peigne. (Megan Jacobs/ Université de Portsmouth)
Un squelette fossilisé presque complet et très bien conservé de la petite créature a d’abord été découvert dans une carrière de calcaire bavaroise, et il a été plus récemment analysé par une équipe de paléontologues de Grande-Bretagne, d’Allemagne et du Mexique.
A partir de l’étude : le squelette fossilisé du Balaenognathus maeuseri qui remonte à la période du Jurassique supérieur, il y a environ 163 à 145 millions d’années. (D. Martill et col./ Paläontologische Zeitschrift)
L’animal était un membre de la famille des ptérosaures Ctenochasmatidae et il a été nommé Balaenognathus maeuseri. Ce surnom, qui se traduit par « bouche de baleine », rend également hommage à Matthias Mäuser, coauteur de l’étude au Naturkunde Museum Bamberg (musée d’histoire naturelle de Bamberg, Allemagne), décédé au cours des recherches.
Selon le scientifique en charge de l’étude, le professeur David Martill, de l’université de Portsmouth (Royaume-Uni) :
Les mâchoires de ce ptérosaure sont vraiment longues et garnies de petites dents fines et crochues, avec de minuscules espaces entre elles, comme un peigne à lentes (poux). La longue mâchoire est recourbée vers le haut comme celle de l’avocette et s’évase à l’extrémité comme celle de la spatule. Il n’y a pas de dents à l’extrémité de sa bouche, mais il y en a tout le long des deux mâchoires jusqu’à l’arrière de son sourire.
A partir de l’étude : détails d’une partie des dents disposées en peigne du Balaenognathus maeuseri. (D. Martill et col./ Paläontologische Zeitschrift)
On pense que le reptile se nourrissait en pataugeant dans des lagunes peu profondes, en récupérant l’eau avec l’extrémité en forme de cuillère de sa bouche, puis en forçant cette eau à sortir par les espaces étroits entre ses dents entrecroisées. De cette façon, il filtrait les petites crevettes et autres proies, qu’il avalait ensuite.
A partir de l’étude : schémas présentant le mode supposé d’alimentation du Balaenognathus maeuseri. (D. Martill et col./ Paläontologische Zeitschrift)
Les baleines à fanons actuelles, ainsi que les canards et les flamants roses, se nourrissent de la même manière. Les crochets situés à l’extrémité des dents du ptérosaure l’auraient aidé à retenir les crevettes, les empêchant de sortir entre les dents. C’est la première fois que de tels crochets sont observés sur un ptérosaure.
Toujours selon Martill :
Ce ptérosaure avait des dents dans les mâchoires supérieure et inférieure, qui sont une image miroir l’une de l’autre. Il y a un autre ptérosaure avec davantage de dents – Pterodaustro d’Argentine – mais il a des dents trapues dans sa mâchoire supérieure et des dents encore plus longues dans sa mâchoire inférieure, donc ce nouveau spécimen est très différent des autres cténochasmatides.
L’étude publiée dans la revue Paläontologische Zeitschrift : A new pterodactyloid pterosaur with a unique filter-feeding apparatus from the Late Jurassic of Germany et présentée sur le site de l’Université de Portsmouth : New pterosaur species with hundreds of tiny hooked teeth discovered.