Ces “tas de gravas” qui forment certains astéroïdes sont particulièrement difficiles à détruire
L‘essai de redirection d’un astéroïde, comme démontré par la NASA l’année dernière, pourrait être la meilleure solution pour empêcher d’autres roches spatiales de frapper la Terre…
Image d’entête : représentation du “tas de gravas” qu’est l’astéroïde Itokawa . (Université Curtin)
En 2022, la défense de la Terre contre les roches spatiales est réapparue dans l’esprit du public avec le double essai de redirection d’astéroïdes (DART) réussi donc par la NASA en 2022, mais aujourd’hui, des chercheurs australiens de l’université Curtin ont mené des recherches sur l’utilisation d’impacts cinétiques pour modifier la trajectoire d’astéroïdes « tas de gravats » (ou plus formellement en agglomérat lâche).
Bien que les astéroïdes puissent évoquer des roches solides et gargantuesques flottant dans l’espace, les amas de gravats sont le résultat de minuscules roches et particules de poussière “coalescent”/ se regroupant sous l’effet d’une très faible attraction gravitationnelle.
Selon le professeur Fred Jourdan, chercheur principal de l’étude :
Si vous voulez créer votre propre tas de gravats (astéroïde), il suffit d’aller dans votre jardin, de prendre une pierre, de la frapper avec une masse et de la réduire à néant. Il y aura des petits cailloux, de la poussière et beaucoup d’espace entre les deux, et c’est exactement ce qu’est un tas de gravats : la différence sur Terre, c’est qu’il s’effondre à sa propre manière, alors que dans l’espace, il est lié par sa propre gravité.
Tout, toutes ces pierres, sont attirées les unes par les autres.
Mais même si cette faible gravité peut rassembler toutes ces roches en une coalition instable, les séparer semble décidément difficile.
En étudiant des échantillons de poussière provenant de l’astéroïde Itokawa, qui a la taille d’un grand gratte-ciel haut de 170 étages, Jourdan et ses collègues ont constaté que ces amas de gravats peuvent être malmenés. Itokawa s’est probablement formé après un énorme impact spatial, il y a environ 4,2 milliards d’années, qui a provoqué la fragmentation de son astéroïde de départ. Cela signifie qu’il est presque aussi vieux que notre système solaire. Au cours de cette période, il a subi d’innombrables collisions avec d’autres roches spatiales et il est resté intact. Ainsi, il ne se brisera probablement pas si un objet est délibérément projeté contre lui, comme l’a fait la NASA avec l’astéroïde Dimorphos l’année dernière.
Cette image de l’astéroïde Itokawa provient de la sonde spatiale japonaise Hayabusa lors de son approche en 2005. (JAXA)
Toujours selon Jourdan :
Ce que nous avons découvert, c’est qu’un amas de gravats, malgré le bombardement constant, peut encaisser des coups, et ce depuis plus de 4,2 milliards d’années.
DART n’a pas essayé de détruire l’astéroïde, il a juste essayé de le pousser en dehors de sa trajectoire, et c’est exactement ce que nous affirmons. Parce qu’il est si résistant, on peut le bombarder avec d’autres substances plus agressives qui pourront pousser l’astéroïde hors de sa trajectoire, sans le détruire complètement. Nous ne voulons pas détruire ces astéroïdes, si vous le faisiez, vous pourriez obtenir de nombreux fragments et cela pourrait être, dans certains cas, encore pire qu’un seul fragment.
L’équipe de Jourdan a également suggéré que le recours à l’option nucléaire pourrait être une solution viable si l’impact cinétique était exclu.
Mais plutôt que de lancer une ogive de forte puissance sur l’astéroïde pour le vaporiser, la détonation d’une telle arme à proximité immédiate de l’astéroïde produirait une onde de choc adéquate pour éloigner l’amas de gravats.
L’équipe de Curtin prélèvera ensuite des échantillons du plus gros astéroïde Bennu, qui a été sondé par la mission OSIRIS-REx de la NASA, afin de l’étudier plus tard cette année, et elle recevra également des échantillons de la lune martienne Phobos à la fin de la décennie.
L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : Rubble pile asteroids are forever et présentée sur le site de l’Université Curtin : Asteroid findings from specks of space dust could save the planet.