Voilà pourquoi un étonnant cycle géologique de 36 millions d’années déclenche des explosions de biodiversité
De récentes recherches ont mis en évidence un curieux cycle de 36 millions d’années, ponctuant l’histoire de la Terre par une explosion de biodiversité marine. Mais quels sont les mécanismes sous-jacents qui orchestrent ces énormes changements ? La tectonique des plaques pourrait bien avoir un rôle à jouer.
Image d’entête : représentation artistique d’une coupe transversale à travers la croûte en formation il y a environ 3-4 milliards d’années. (Alec Brenner/ Université Harvard)
Ce cycle a été découvert par un collectif de scientifiques de la Sorbonne, de l’université de Madison, de l’université de Sydney et de l’université de Genève, qui ont minutieusement analysé les données sur les animaux marins fossiles au cours des 250 derniers millions d’années. Ils ont trouvé le tempo de la Terre, pour ainsi dire, non seulement dans les archives fossiles, mais aussi dans les variations du niveau de la mer et les mécanismes intérieurs de la Terre.
Cela suggère que les flux et le reflux de la vie dans la mer sont rythmés par l’orchestre géodynamique de la Terre, dirigé par les cycles globaux du niveau de la mer.
Selon le professeur Dietmar Müller de l’université de Sydney :
Imaginez les plaques tectoniques de la Terre comme un ballet géant et pesant. Tous les 36 millions d’années, la danse s’accélère ou ralentit, entraînant des modifications de la répartition des fonds marins et des changements cycliques de la profondeur des bassins océaniques. Cette valse géologique fait monter et descendre les océans, inondant et asséchant les continents. Ces vastes mers peu profondes deviennent le berceau de la biodiversité.
Recréation de la géographie de la Terre sur 250 millions d’années, montrant l’interaction entre la tectonique des plaques et les variations du niveau de la mer. (Paleomap Project et Michael Chin)
Comme s’il s’agissait d’une rediffusion au ralenti de l’histoire de la Terre, les chercheurs ont pu assister au déroulement de ces cycles de variation du niveau de la mer, des processus intérieurs de la Terre et des archives fossiles marines.
La formation de Winton du crétacé, dans le Queensland, en Australie, est un excellent exemple de la manière dont ces variations du niveau de la mer ont modelé les écosystèmes et influencé la biodiversité. Cette formation est réputée pour sa collection de fossiles de dinosaures et d’opales, offrant un précieux aperçu de l’époque où l’Australie était presque entièrement submergée.
À chaque montée et descente du niveau de la mer, le paysage s’est transformé, créant et effaçant des niches écologiques dans les mers peu profondes, chaque habitat unique abritant un groupe d’espèces distinct.
Les conclusions des scientifiques remettent en question les précédentes théories sur les raisons de l’évolution des espèces sur de vastes périodes. Selon Müller, les cycles durent 36 millions d’années et sont dus à des schémas réguliers de renouvellement des plaques tectoniques dans le manteau en convection, la couche de l’intérieur de la Terre qui se déplace lentement et qui ressemble à une soupe.
C’est cette horloge géologique, entrelacée avec les variations du niveau de la mer, qui détermine l’évolution et l’extinction des espèces marines sur des millions d’années. Mais elle est loin d’être la seule. Les scientifiques ont découvert des preuves d’un autre cycle de biodiversité de 62 millions d’années. Cette fois, ce cycle pourrait être lié aux variations des niveaux de dioxyde de carbone.
Dans l’ensemble, cette découverte ouvre de nouvelles pistes de recherche et souligne l’interaction complexe entre les processus géologiques de la Terre et la prolifération de la vie.
Selon le professeur Müller :
Cette recherche remet en question les idées reçues sur les raisons de l’évolution des espèces sur de longues périodes.
L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : Earth’s interior dynamics drive marine fossil diversity cycles of tens of millions of years et présentée sur le site de l’Université de Sydney : Scientists discover 36-million-year geological cycle that drives biodiversity.