Des astronomes repèrent le champ magnétique galactique le plus éloigné observé à ce jour
Des astronomes ont détecté le champ magnétique d’une galaxie à l’aide du télescope ALMA au Chili.
Image d’entête : représentation en fausses couleurs de la galaxie 9io9 vue par ALMA. Les contours représentent la polarisation de la lumière provenant des grains de poussière alignés sur le champ magnétique de la galaxie. (ALMA (ESO/NAOJ/NRAO)/J. Geach et col.)
Selon le professeur James Geach, de l’université du Hertfordshire, qui a dirigé l’étude publiée ce mercredi (6 septembre, lien plus bas) :
Bon nombre de personnes ne savent peut-être pas que notre galaxie entière et d’autres galaxies sont traversées par des champs magnétiques qui s’étendent sur des dizaines de milliers d’années-lumière.
Geach et son équipe ont utilisé les observations réalisées par le télescope Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA) pour détecter un champ magnétique si lointain que sa lumière a mis plus de 11 milliards d’années pour nous parvenir. Cela signifie que ce champ magnétique était présent lorsque l’univers n’avait que 2,5 milliards d’années.
De nombreux corps astronomiques dans l’univers, depuis les planètes et les étoiles jusqu’aux galaxies entières, possèdent leur propre champ magnétique. Mais jusqu’à présent, il n’a été possible que de cartographier et d’étudier les champs magnétiques de galaxies proches de nous, ce qui laisse des interrogations concernant leur évolution.
Selon Enrique Lopez Rodriguez, chercheur à l’université de Stanford et coauteur de l’étude :
Nous savons très peu de choses sur la formation de ces champs, alors qu’ils jouent un rôle fondamental dans l’évolution des galaxies.
Partenaire de l’Observatoire européen austral (ESO), l’ALMA a été utilisé par Geach et l’équipe pour découvrir ce champ magnétique, qui n’est pas très différent de ceux observés autour des galaxies proches de la Voie lactée, et pour Geach, « aucun autre télescope n’aurait pu réaliser cela ».
Il est intéressant de noter que son champ magnétique est environ 1 000 fois plus faible que celui de la Terre. Cependant, il est beaucoup plus étendu que le nôtre, puisqu’il couvre plus de 16 000 années-lumière.
Selon Geach, cette découverte indique que des champs magnétiques s’étendant sur des galaxies entières peuvent se former rapidement alors que les jeunes galaxies sont encore en pleine croissance, et elle fournit de « nouveaux indices » sur la manière dont les champs magnétiques à l’échelle galactique se forment. L’équipe pense que la formation intense d’étoiles dans l’univers primitif pourrait avoir joué un rôle dans l’accélération du développement des champs. En outre, ces champs peuvent à leur tour influencer la formation des générations d’étoiles suivantes.
Rob Ivison, astronome à l’ESO et coauteur de l’étude, a déclaré que cette découverte ouvrait « une nouvelle fenêtre sur le fonctionnement interne des galaxies, car les champs magnétiques sont liés à la matière qui forme les nouvelles étoiles« .
L’étude publiée dans la revue Nature et disponible (PDF) sur le site de l’Observatoire européen austral (ESO) : Polarized thermal emission from dust in a galaxy at red-shift 2.6 et également présentée sur ce même site : La plus lointaine détection du champ magnétique d’une galaxie.