L’écotourisme ne semble pas plaire aux requins-baleines
Selon une équipe de chercheurs britanniques et mexicains, l’écotourisme pourrait modifier le comportement des requins-baleines. Dans leur étude publiée la semaine dernière (lien plus bas), les requins-baleines (Rhincodon typus) présentent un comportement plus agité en présence d’un nageur humain.
Image d’entête, à partir de l’étude : pour les besoins de la recherche, un nageur humain imitant le comportement des écotouristes, nageant parallèlement au requin en maintenant une distance d’au moins deux mètres. (J. H. Gayford et col./ Scientific Reports)
C’est un problème, car selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, plus d’un tiers des taxons de requins et de raies sont menacés d’extinction en raison de la surpêche, de la destruction de l’habitat et du changement climatique.
Un requin-baleine dans les eaux de la baie de La Paz, au Mexique. (Imperial College London)
L’écotourisme est censé contribuer à la conservation des requins en sensibilisant le public et en générant des revenus. En 2013, une étude a évalué l’industrie de l’écotourisme des requins à 314 millions de dollars américains (267 millions d’euros) par an. Mais les chercheurs craignent également que l’interaction entre l’humain et le requin ne modifie le comportement de l’animal, ce qui aurait des conséquences écologiques en aval.
Les chercheurs ont utilisé un drone pour enregistrer des séquences vidéo aériennes de requins-baleines dans la baie de La Paz, au Mexique. Ils ont analysé 19 vidéos où les requins nageaient seuls, et 20 où une personne entrait dans l’eau et nageait à leurs côtés.
A partir de l’étude : la baie de La Paz en Basse-Californie du Sud, au Mexique, où la collecte de données a eu lieu ; les polygones A1, A2 et A3 représentent la zone de refuge du requin-baleine dans laquelle certaines restrictions concernant la circulation des bateaux s’appliquent. (J. H. Gayford et col./ Scientific Reports)
Selon cette étude, la personne « imitait le comportement typique des écotouristes, en nageant parallèlement au requin avec une distance minimale de deux mètres entre elle et le requin en permanence ».
Les chercheurs ont constaté que les requins présentaient un comportement subtilement plus perturbé lorsqu’une personne nageait avec eux, se déplaçant plus rapidement. Pour eux, cela a une conséquence écologique : si les requins dépensent davantage d’énergie qu’à l’accoutumée, ils risquent de ne pas être aussi bien préparés à la recherche de nourriture ou à la reproduction.
Les chercheurs concluent dans leur étude :
À la lumière de ces résultats, nous suggérons que l’état comportemental initial des individus soit évalué avant les activités d’écotourisme dans l’eau et que les réglementations concernant la distance minimale entre l’homme et le requin soient réexaminées et revues en détail.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Quantifying the behavioural consequences of shark ecotourism et annoncée sur le site de l’Imperial College London : Tourism troubles.