Des scientifiques ont percé le secret ultraviolet des nuages de Vénus
Vénus a encore bien des secrets sous ses épais nuages sulfureux. Quelle est la quantité d’oxygène réellement présente ? Des organismes extrêmophiles pourraient-ils s’y cacher ? Nous ne savons pas tout, même en ce qui concerne le sommet des nuages que nous pouvons voir.
Image d’entête : image colorisée pour souligner les contrastes subtils des nuages de Vénus, prise le 14 février 1990, à une distance de près de 1,7 million de kilomètres, par la sonde Galileo. (NASA/ JPL)
Nous savons qu’il est composé d’acide sulfurique, d’eau, de chlore et de fer. Mais il doit y avoir autre chose pour former des taches et des stries dans les nuages, visibles dans la lumière ultraviolette (UV).
De nouvelles recherches (lien plus bas) suggèrent que deux matériaux sulfatés contenant du fer, appelés rhomboclase et sulfate ferrique acide (acid ferric sulfate), pourraient être le chaînon manquant.
Selon Paul Rimmer, du laboratoire Cavendish de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) et coauteur de l’étude :
Lorsqu’ils sont examinés sous la lumière UV, les nuages vénusiens présentent un schéma d’absorption UV spécifique. Quels sont les éléments, les composés ou les minéraux responsables de ces observations ? Les seules données disponibles sur la composition des nuages ont été recueillies par des sondes et ont révélé d’étranges propriétés de ces nuages que nous n’avons pas pu expliquer complètement jusqu’à présent.
Heureusement, les chercheurs n’ont pas eu besoin d’aller jusqu’à Vénus pour comprendre ce qui se passait. À la place, ils ont mené des expériences sur des modèles d’absorbance des UV dans des conditions extrêmement acides pour imiter ce que seraient les nuages de Vénus. Ces expériences ont été menées dans un laboratoire de géochimie aqueuse de l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, et dans un laboratoire de photochimie de l’université de Harvard, aux États-Unis.
Il y avait plusieurs possibilités pour ce produit chimique, comme le chlorure ferrique, le soufre amorphe et le dimère de monoxyde de soufre. Les chercheurs les ont examinées une à une pour déterminer si elles correspondaient à ce que l’on observe dans l’atmosphère de Vénus.
Vues multiples des nuages de haute altitude de Vnus par la sonde Galileo. (NASA/ JPL)
Selon Clancy Zhijian Jiang, du département des sciences de la Terre de Cambridge, coauteur de l’étude :
Les schémas et le niveau d’absorption révélés par la combinaison de ces deux phases minérales correspondent aux taches sombres d’UV observées dans les nuages vénusiens. Ces expériences ciblées ont révélé le réseau chimique complexe de l’atmosphère et ont permis de mieux comprendre le cycle des éléments à la surface de Vénus.
Ce n’est probablement pas tout. Bien que l’équipe ait étudié ces composés en profondeur, il pourrait y avoir une autre raison à la configuration de l’absorption des UV. Les auteurs notent que la diminution du dioxyde de soufre et de l’eau dans les nuages, une couche où le phosphore est plus abondant, ou un absorbeur d’UV inconnu pourrait également être une option.
Cependant, il s’agit d’une avancée intéressante, et nous espérons qu’il ne faudra pas attendre trop longtemps avant de pouvoir mettre certaines de ces hypothèses à l’épreuve.
Selon Rimmer :
Vénus est notre plus proche voisine, mais elle reste un mystère. Nous aurons l’occasion d’en apprendre beaucoup plus sur cette planète dans les années à venir grâce aux futures missions de la NASA et de l’ESA destinées à explorer son atmosphère, ses nuages et sa surface. Cette étude prépare le terrain pour ces futures explorations.
L’étude publiée dans Science Advances : Iron-sulfur chemistry can explain the ultraviolet absorber in the clouds of Venus et présentée sur le site du laboratoire Cavendish de l’université de Cambridge : Mysterious missing component in the clouds of Venus revealed.