De faux scorpions utilisent de vrais scorpions comme moyen de transport
Des chercheurs ont capturé un pseudoscorpion faisant du stop sur un vrai scorpion, et c’est la première fois qu’un tel covoiturage interespèces est observé dans le monde.
Image d’entête : des pseudoscorpions Nannowithius wahrmani en ballade sur un scorpion Birulatus israelensis. (Photo Y. Zvik/ Arachnologische Mitteilungen: Arachnology Letters)
Les pseudoscorpions, également appelés, peut-être un peu injustement, « faux » scorpions, sont de minuscules arachnides qui ressemblent à moitié à leurs homonymes plus grands. Ils possèdent des pinces (pédipalpes) semblables à celles des scorpions, mais n’ont pas la queue piquante qui les caractérise. D’une longueur de 2 à 8 mm, ils ont également développé des moyens de déplacement originaux.
Le pseudoscorpion Nannowithius wahrmani. (S. Warburg/ Arachnologische Mitteilungen: Arachnology Letters)
En fait, on pense que la vingtaine d’espèces connues se faufile sur le dos des mouches, des coléoptères, des oiseaux et des chauves-souris pour se disperser dans de vastes zones. Connu sous le nom de phorésie, et à l’instar des acariens sur les insectes ou même des humains à cheval, ce mode de transport naturel est un moyen efficace et économe en énergie pour les espèces de compenser ce qu’elles n’ont pas.
Avec plus de 1 000 observations du scorpion Birulatus israelensis au cours d’une étude de 7 ans en Israël, seuls deux cas de faux scorpion Nannowithius wahrmani chevauchant leurs parents éloignés plus grands ont été observés.
A partir de l’étude : La principale zone d’étude dans la partie nord de la vallée du Jourdain, où les Birulatus israelensis et les Nannowithius wahrmani ont été trouvés. (Photo Y. Zvik/ Arachnologische Mitteilungen: Arachnology Letters)
Curieusement, les deux “scorpions-taxis” ont été pris à peu près au même moment à la fin du printemps, à des années différentes, alors que le B. israelensis partait sur les pistes de fourmis de l’habitat qu’il partage avec les fourmis Messor. Les chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem ont constaté que certains pseudoscorpions s’accrochaient au dos du scorpion pendant plus de 3 semaines et, dans un cas, quatre de ces minuscules insectes sont restés sur le siège du passager même après la mort de leur transporteur. Cela suggère que les pseudoscorpions attendaient un signal, comme la traversée d’un habitat approprié, pour abandonner le navire/ taxi.
Des Nannowithius wahrmani en taxi. (Photo Y. Zvik/ Arachnologische Mitteilungen: Arachnology Letters)
Les scientifiques pensent également que le moment précis des déplacements pourrait être déclenché par l’augmentation de l’activité de recherche de nourriture des fourmis, qui permet de tracer des pistes plus élaborées et donne l’occasion aux scorpions et aux pseudoscorpions de trouver de nouveaux nids.
Si l’on ne sait pas quand la phorésie est devenue une stratégie de choix pour les pseudoscorpions, il semble qu’ils ne se soucient guère de marcher sur leurs huit pattes. Il semble que la phorésie ait évolué au moins 5 fois d’une espèce à l’autre, et le pilote, connu sous le nom de phorétique, n’a pas d’impact négatif sur le véhicule hôte…
L’étude publiée dans la revue Arachnologische Mitteilungen: Arachnology Letters : Hitching a ride on a scorpion: the first record of phoresy of a myrmecophile pseudoscorpion on a myrmecophile scorpion et présentée sur le site de l’Université hébraïque de Jérusalem : Tiny Pseudoscorpion Rides on a Scorpion observed for the First Time.