Le parasite du chat Toxoplasma peut pirater des cellules pour tromper notre système immunitaire
Nos amis félins ont l’habitude de nous transmettre bien plus que de l’amour et de l’affection. Il y a aussi les parasites. Plus précisément, le Toxoplasma gondii, un parasite capable d’infecter presque tous les animaux à sang chaud, mais qui utilise uniquement les chats comme « hôte » pour se reproduire. Des études suggèrent qu’il pourrait avoir infecté jusqu’à 50 % des humains.
Image d’entête : une cellule immunitaire qui a été infectée par des parasites Toxoplasma (rouge). La surface de la cellule est colorée en vert et le noyau de la cellule en bleu (Antonio Barragan/ Université de Stockholm).
Ces dernières années, on a cherché à comprendre le fonctionnement de ce parasite. Nous savons qu’il modifie le comportement des souris, leur faisant aimer l’urine des chats pour que ces derniers puissent les attraper plus facilement, qu’il a été impliqué dans un large éventail de maladies humaines (bien que l’on ne sache pas encore combien) et qu’il peut faire du stop sur des microplastiques.
Parmi les nombreux articles du Guru concernant ce parasite, le dernier en date (2022) :
Une nouvelle étude (lien plus bas) s’est penchée sur les raisons pour lesquelles ce parasite peut se propager avec autant de réussite dans l’organisme, en examinant des cellules de souris et d’humains.
Selon Arne ten Hoeve, biologiste moléculaire de l’université de Stockholm (Suède) :
Nous avons découvert une protéine que le parasite utilise pour reprogrammer le système immunitaire.
Tout se résume à une décision prise par une cellule une fois que le parasite a été détecté et englouti par un type de cellule immunitaire, ou phagocyte, appelé macrophage.
En général, une fois qu’un agent pathogène a été absorbé, les macrophages restent sur place, digérant tranquillement le parasite, puis recrutant d’autres cellules immunitaires pour en chercher d’autres. Mais un autre type de cellule immunitaire, les cellules dendritiques, récupère des parties de l’agent pathogène et se déplace vers le système lymphatique pour donner l’alerte.
Mais lorsqu’une cellule macrophage est infectée par le parasite T. gondii, ce dernier libère une protéine appelée GRA28 qui crée des substances chimiques et des instructions normalement utilisées par les cellules dendritiques. Cela permet au parasite de détourner la cellule et de se diriger plutôt vers le système lymphatique, propageant ainsi l’infection dans tout l’organisme.
Selon l’auteur principal et biologiste moléculaire de l’université Stockhom, le professeur Antonio Barragan :
Il est étonnant que le parasite réussisse à détourner l’identité des cellules immunitaires d’une manière aussi astucieuse. Nous pensons que ces résultats peuvent expliquer pourquoi Toxoplasma se propage si efficacement dans l’organisme lorsqu’il infecte les humains et les animaux.
L’équipe a confirmé ces résultats en créant des T. gondii génétiquement modifiés qui étaient incapables de produire le GRA28. Ces souches déficientes étaient beaucoup moins efficaces pour migrer vers de nouveaux sites.
Résumé graphique de l’étude. (Arne L. ten Hoeve et col./ Cell Host & Microbe)
Selon les chercheurs dans leur étude :
Il est de plus en plus clair que les micro-organismes bactériens, viraux et fongiques utilisent des stratégies élaborées pour prospérer à l’intérieur des macrophages et autres phagocytes.
Les résultats dévoilent des voies alternatives putatives par lesquelles les phagocytes mononucléaires peuvent être rendus migrateurs ou activés, qui pourraient, par extension, être exploitées, par exemple, dans les thérapies cellulaires.
L’étude publiée dans la revue scientifique Cell Host & Microbe : The Toxoplasma effector GRA28 promotes parasite dissemination by inducing dendritic cell-like migratory properties in infected macrophages et présentée sur le site de l’Université de Stockholm : Identity theft the secret of the cat parasite’s success.