Cet ancien hominidé marchait comme un humain, mais grimpait comme un singe
Les premiers Hominini utilisaient leurs membres supérieurs pour grimper comme les singes et leurs membres inférieurs pour marcher comme les humains, selon de nouveaux indices fossiles.
Image d’entête : reconstitution vivante de l’Australopithecus sediba. (Sculpture : Elisabeth Daynes / Photographie : S. Entressangle)
En 2015, des excavations minières à Malapa, en Afrique du Sud, ont révélé des vertèbres fossiles piégées dans une roche semblable à du ciment appelée brèche. L’analyse a révélé que les vertèbres dataient de deux millions d’années et provenaient du bas du dos d’une femelle Australopithecus sediba, un parent de l’humain moderne découvert pour la première fois sur le même site en 2008.
Avec les vertèbres découvertes précédemment, ces fossiles forment l’une des parties inférieures du dos les plus complètes des premiers fossiles d’hominidés, nous donnant un aperçu des mouvements de notre ancien cousin.
Une silhouette du squelette de l’Australopithecus sediba, montrant également les os connus. A droite : une photo agrandie des vertèbres lombaires récemment découvertes, et un scanner des mêmes os. (NYU & Université Wits)
Selon l’auteur principal, Scott Williams, paléoanthropologue de l’Université de New York (États-Unis) et de l’Université Wits (Afrique du Sud) :
La région lombaire est essentielle pour comprendre la nature de la bipédie chez nos premiers ancêtres et pour comprendre leur degré d’adaptation à la marche sur deux jambes.
Les ensembles associés de vertèbres lombaires sont extraordinairement rares dans les archives fossiles d’hominidés, avec en réalité seulement trois colonnes vertébrales inférieures comparables connues dans l’ensemble des anciennes archives africaines.
Ces vertèbres ont donc été traitées avec le plus grand soin. Le risque de détérioration a été réduit en scannant les fragiles fossiles à l’aide de la microtomographie aux rayons X, créant ainsi des modèles virtuels en 3D que l’on peut visualiser ici.
Les vertèbres ont ensuite été réunies avec le reste de la colonne vertébrale, précédemment trouvée sur le site, appartenant à un seul spécimen féminin surnommé « Issa » (qui signifie protecteur en swahili).
Silhouette de l’Australopithecus sediba mettant en évidence les ossements découverts dans le spécimen MH2. (NYU & Université Wits)
D’autres recherches basées sur la colonne vertébrale incomplète d’Issa avaient émis l’hypothèse que l’A. sediba avait une colonne vertébrale droite, comme les Néandertaliens et d’autres anciens hominidés éteints, par opposition à la colonne vertébrale incurvée vers l’intérieur des humains modernes qui indique une forte adaptation à la bipédie.
Reconstitution vivante de l’Australopithecus sediba. (Sculpture : Elisabeth Daynes / Photographie : S. Entressangle)
Maintenant, avec une colonne vertébrale complète et bien préservée, l’équipe de recherche a pu constater que la colonne vertébrale d’Issa était plus courbée que celle de tous les autres australopithèques découverts à ce jour.
Cela montre que l’espèce d’Issa était adaptée à la marche sur deux jambes, comme le rapporte l’équipe dans son étude (lien plus bas).
Gabrielle Russo, coauteur de cette étude, de l’université de Stony Brook aux États-Unis, note toutefois que :
Si la présence de la lordose (courbure) et d’autres caractéristiques de la colonne vertébrale représentent des adaptations évidentes à la marche sur deux jambes, d’autres caractéristiques, telles que les processus transversaux larges et orientés vers le haut, suggèrent une musculature puissante du tronc, peut-être pour des activités arboricoles ».
En d’autres termes, Issa et son espèce étaient encore des grimpeurs.
Cela signifie que l’A. sediba était une forme transitoire des anciens humains, existant dans l’espace entre l’époque où les hominidés passaient toute leur vie dans les arbres et celle où ils sont descendus sur le sol et qu’ils ont commencé à marcher sur deux jambes à plein temps.
De précédentes recherches ont porté sur les membres supérieurs, le bassin et les membres inférieurs pour mieux comprendre ces adaptations transitoires.
L’étude publiée dans eLife : New fossils of Australopithecus sediba reveal a nearly complete lower back et présentée sur le site de l’Université du Witwatersrand : Ancient human relative, Australopithecus sediba, “walked like a human, but climbed like an ape”.