Le poisson pour sushis contient désormais 283 fois plus de parasites que dans les années 1980
Une nouvelle étude constate une augmentation spectaculaire de l’abondance d’un ver qui peut être transmis aux humains amateurs de sushis, 283 fois plus depuis les années 1970.
Image d’entête : vers Anisakis dans un merlan bleu. (Gonzalo Jara/ Shutterstock)
Mais est-ce dû à une meilleure détection ou à une réelle augmentation ? Et quelles en sont les implications pour l’homme et les mammifères marins ?
Le ver Anisakis se trouve naturellement dans une variété d’espèces de poissons marins et de calamars. Ils mesurent moins de 3 cm de long, mais il est évident qu’un poisson en contient beaucoup. Les producteurs de fruits de mer et les chefs de sushi ont donc l’habitude de les repérer et de les choisir avant qu’ils n’atteignent les clients. Certains survivront et lorsque les humains avalent un Anisakis, le parasite peut envahir la paroi intestinale et provoquer des symptômes qui imitent ceux d’une intoxication alimentaire, comme des nausées, des vomissements et des diarrhées. Dans la plupart des cas, le ver meurt après quelques jours et les symptômes disparaissent. Cette maladie, appelée anisakiase, passe souvent inaperçue car la plupart des gens pensent qu’ils ont simplement souffert d’un mauvais cas d’intoxication alimentaire.
Alors qu’ils ne peuvent pas se reproduire ou vivre plus de quelques jours dans l’intestin d’un être humain, dans l’océan, le scénario est bien différent. Après l’éclosion, ils infectent d’abord les petits crustacés, comme les crevettes de fond ou les copépodes. Lorsque les petits poissons mangent les crustacés infectés, les vers se transfèrent ensuite dans leur corps, et les plus gros poissons mangent les plus petits poissons infectés…
Pourquoi cette augmentation spectaculaire des parasites ? Ironiquement, c’est le résultat d’une meilleure protection des animaux marins.
Les auteurs de l’étude ont recherché dans la littérature publiée et archivée toutes les mentions de vers Anisakis, ainsi qu’un autre ver parasite appelé Pseudoterranova, ou « ver de la morue ». Ils ont réduit les études en fonction de critères établis, ne conservant finalement que les études qui présentaient des estimations de l’abondance de chaque ver dans les poissons à un moment donné. Alors que le nombre de vers Anisakis a été multiplié par 283 au cours de la période d’étude de 1978 à 2015, l’abondance des vers Pseudoterranova n’a pas changé.
Cette augmentation spectaculaire n’a pas d’impact significatif sur les humains, la dernière chose que les cuisiniers de sushi veulent est que se présente dans votre nourriture Instagram un ver de la taille d’une pièce de 20 centime, mais comme les vers se reproduisent en fait dans les intestins des animaux marins et sont relâchés dans l’océan par les excréments des mammifères ou ils vivent dans leur corps pendant des années, l’impact est encore inconnu.
L’augmentation des populations de mammifères marins depuis les années 1970 pourrait être due à la tenue de registres ou à une meilleure protection des animaux marins.
Les mammifères marins sont protégés par la loi sur la protection des mammifères marins depuis 1972, ce qui a permis à de nombreuses populations de phoques, d’otaries, de baleines et de dauphins de se développer. Comme les vers se reproduisent à l’intérieur des mammifères marins, et que leur croissance s’est produite sur la même période que celle des mammifères, c’est l’hypothèse la plus plausible.
L’étude publiée dans la revue Global Change Biology : It’s a wormy world: Meta‐analysis reveals several decades of change in the global abundance of the parasitic nematodes Anisakis spp. and Pseudoterranova spp. in marine fishes and invertebrates et présentée sur le site de l’université de Washington : ‘Sushi parasites’ have increased 283-fold in past 40 years.