Des souris en bonne santé obtenues à partir de sperme conservé lyophilisé dans l’espace pendant 6 ans
C’est compliqué d’étudier la fertilité dans l’espace. Pour l’instant, les astronautes ne passent pas plusieurs années dans un environnement en microgravité. Mais un jour, nos descendants se rendront sur d’autres planètes et, à terme, peut-être même plus loin dans le cosmos. Pour construire une colonie spatiale durable, les chercheurs devront mieux comprendre l’impact de la microgravité sur la reproduction des mammifères, ainsi que la manière dont les mutations de l’ADN dues à une exposition accrue aux radiations pourraient être transmises à la descendance.
C’est là que le sperme de souris entre en jeu. Pendant près de 6 ans, des chercheurs ont conservé un lot de sperme de souris lyophilisé à bord de la Station spatiale internationale (ISS) afin d’étudier comment les rayonnements et la microgravité affectent cet élément essentiel de la reproduction.
Image d’entête : la progéniture saine et la prochaine génération de souris dérivées de spermatozoïdes préservés dans l’espace. (Teruhiko Wakayama/ Université de Yamanashi/ AFP-JIJI)
Dans une étude publiée la semaine dernière (lien plus bas), une équipe de chercheurs a examiné la tenue dans le temps de trois lots différents de sperme de souris lyophilisé à bord de l’ISS. Le premier lot a été stocké pendant 9 mois seulement pour s’assurer que l’expérience fonctionnait, tandis que les deuxième et troisième lots sont restés dans l’espace pendant près de 3 et 6 ans, respectivement.
A partir de l’étude : schéma de la préparation de l’expérience. (Sayaka Wakayama et Col./ Science Advances)
A partir de l’étude : chronologie de l’expérience réalisée à bord de la Station Spatiale Internationale. (Sayaka Wakayama et Col./ Science Advances)
Les chercheurs ont constaté que, malgré les années de stockage dans l’espace, le sperme de souris, une fois réactivé, pouvait toujours accomplir sa tâche principale, ce qui a permis la naissance d’un certain nombre de souriceaux normaux et en bonne santé.
Lors d’une expérience supplémentaire, des rayons X supplémentaires ont été appliqués à quelques échantillons de sperme de test congelé et de contrôle. Sur la base de ces résultats, l’équipe prévoit que le sperme pourrait rester viable pendant plus de 200 ans à bord de l’ISS.
Schéma présentant les tests de radiation aux rayons X réalisés sur terre. (Sayaka Wakayama et Col./ Science Advances)
L’étude comporte toutefois une réserve qu’il convient de noter : l’ISS tourne autour de la Terre à environ 400 kilomètres, bien à l’intérieur du champ magnétique terrestre… protecteur de notre planète. Cela signifie que le sperme a été exposé à moins de radiations spatiales que lors d’un voyage vers Mars, par exemple. Toutefois, lorsque la NASA et ses partenaires auront terminé la construction de leur avant-poste, le Lunar Gateway, une station spatiale lunaire proposée, l’équipe espère poursuivre ses recherches sur la fertilité des mammifères dans l’espace.
Bien qu’il ne s’agisse que d’un essai sur une souris, c’est un grand pas en avant dans l’étude du monde complexe de la fertilité dans l’espace.
L’étude publiée dans Science Advances : Evaluating the long-term effect of space radiation on the reproductive normality of mammalian sperm preserved on the International Space Station.