Découverte de deux nouveaux dinosaures prédateurs : des hérons de l’enfer à cornes et à tête de crocodile
Selon une nouvelle étude publiée cette semaine (lien plus bas), des paléontologues britanniques ont découvert deux nouvelles espèces de dinosaures sur l’île de Wight, une petite île de 380 kilomètres carrés située au large de la côte sud de l’Angleterre.
Image d’entête : représentations artistiques des deux nouveaux Spinosauridés. Le Ceratosuchops inferodios au premier plan et le Riparovenator milnerae à l’arrière-plan. (Anthony Hutchings)
Les deux nouvelles créatures semblent être des espèces de spinosauridés, des dinosaures théropodes prédateurs apparentés au géant Spinosaurus.
Les ossements ont été découverts sur plusieurs années par des collectionneurs de fossiles amateurs, puis par une équipe de chercheurs du Dinosaur Isle Museum, sur une plage près du village pittoresque de Brighstone. Au total, plus de 50 ossements ont été récupérés sur le site, dans des roches datant du Crétacé inférieur, il y a environ 125 millions d’années.
L’un des sites de fouilles. (Jeremy Lockwood)
Aujourd’hui, une nouvelle analyse des os par des chercheurs de l’université de Southampton (Royaume-Uni) suggère qu’ils appartiennent à deux nouvelles espèces jusqu’alors inconnues de la science.
Selon l’auteur principal, Chis Barker, de l’université de Southampton :
Nous avons constaté que les crânes différaient non seulement de ceux de Baryonyx (le seul spécimen de spinosauridé du Royaume-Uni jusqu’à présent), mais aussi les uns des autres, ce qui suggère que le Royaume-Uni abritait une plus grande diversité de spinosauridés qu’on ne le pensait auparavant.
Mais le coauteur Darren Naish, spécialiste des dinosaures théropodes britanniques, affirme que la découverte de spinosauridés sur l’île de Wight était attendue depuis longtemps :
Nous savions depuis une vingtaine d’années que des dinosaures de type Baryonyx attendaient d’être découverts sur l’île de Wight, mais trouver les restes de deux de ces animaux de façon rapprochée fut une énorme surprise.
Bien que les squelettes soient incomplets, les chercheurs estiment que les deux espèces devaient mesurer environ 9 mètres de long. Il est probable qu’elles attrapaient leurs proies avec leur crâne d’un mètre de long.
A partir de l’étude : les fossiles connus se réfèrent aux baryonychines Ceratosuchops inferodios (arrière plan) et Riparovenator milnerae (avant) récupérés à Chilton Chine (Ile de Wight). Les ossements blancs représentent les fossiles récupérés. (Chris T. Barker et coll./ Scientific Reports)
La première espèce a été baptisée Ceratosuchops inferodios, ce qui se traduit, en termes évocateurs, par « héron de l’enfer à cornes et à tête de crocodile ». La créature possédait une série de cornes et de bosses sur son front imposant, et son style de chasse était similaire à celui d’un héron, bien que beaucoup plus effrayant.
La deuxième espèce a été baptisée Riparovenator milnerae, ce qui se traduit par « chasseur des berges de Milner », en l’honneur de la paléontologue britannique Angela Milner, qui a étudié et nommé le Baryonyx.
Selon le coauteur David Hone, de l’université Queen Mary de Londres :
Cela peut sembler étrange d’avoir deux carnivores similaires et étroitement liés dans un écosystème, mais c’est en fait très commun pour les dinosaures et de nombreux écosystèmes vivants.
Selon les chercheurs, leur découverte suggère que les spinosauridés auraient d’abord évolué en Europe, avant de se disperser en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud.
À quoi ressemblait donc leur environnement ?
Selon les chercheurs, les roches du Crétacé inférieur de l’île de Wight révèlent une ancienne plaine d’inondation au climat méditerranéen, au climat doux et aux feux de forêt occasionnels. L’environnement fluvial et estuarien aurait abrité des poissons, des requins et des crocodiles, fournissant ainsi de nombreuses proies aux deux spinosauridés.
La découverte fut une victoire très personnelle pour certains des collectionneurs amateurs de fossiles qui ont contribué à l’étude par des trouvailles importantes.
Selon Brian Foster, du Yorkshire, qui a contribué à l’étude :
C’est la découverte la plus rare et la plus passionnante que j’aie faite en plus de 30 ans de collection de fossiles.
L’étude publiée dans Scientific Reports : New spinosaurids from the Wessex Formation (Early Cretaceous, UK) and the European origins of Spinosauridae et présentée sur le site de l’université de Southampton : Two new species of large predatory dinosaur discovered on Isle of Wight.