Comment certains animaux trichent sur la consistance de leurs armes pour vaincre leurs adversaires ?
Dans le règne animal, ceux qui ont des appendices plus proéminents effraient généralement leurs ennemis et gagnent le combat avant même qu’il ne commence. Ceux qui ont des armes plus petites ont tendance à reculer et à courir pour sauver leur peau. Mais ils ne sauront peut-être jamais que l’épée qui les effraie a tout du jouet en plastique.
Image d’entête : crabes violonistes évaluant celles qui à la plus grosse (pince). (Wikimedia)
Une nouvelle étude menée par Jason Dinh, candidat au doctorat en biologie à l’université Duke (États-Unis), montre que les armes des animaux peuvent être similaires aux épées en plastique qui semblent impressionnantes, mais qui sont finalement bon marché.
Les exosquelettes des arthropodes sont divisés en plaques pour couvrir leur corps et leurs appendices. Il est quelque peu analogue à l’armure qui enveloppe un chevalier médiéval.
La plupart des arthropodes se déplacent à l’aide de leurs appendices, de leurs exosquelettes et de muscles fixés à l’intérieur de leur squelette pour agir comme un système de levier. Les exosquelettes offrent une grande surface pour la fixation des muscles, le soutien, le mouvement et la protection. Certains arthropodes développent d’énormes exosquelettes pour supporter un gros volume, car les nouveaux tissus mous pourraient se désagréger après une mue.
Les bois, les défenses et les griffes sont des exemples d’armes animales qui sont souvent grandes, volumineuses et lourdes. Chez les crustacés à pinces, comme les crevettes, les homards et les crabes, leurs armes peuvent peser plus d’un tiers de la masse corporelle de l’animal. Cependant, leur entretien est métaboliquement coûteux. Les animaux sauvages dépensent 30 à 40 % de leur budget énergétique total lorsqu’ils sont au repos.
Lorsque les scientifiques ont calculé le coût de l’entretien des grandes pattes arrière des punaises de la famille des coréidés, ils ont constaté que les mâles investissent davantage dans leurs armes, tandis que les grands mâles dépensent relativement moins d’énergie que les petits. Les scientifiques ont découvert que le taux métabolique au repos de punaises unijambistes est réduit de près d’un quart chez les mâles alors qu’il n’est que de 7,9 % environ chez les femelles.
Anoplocnemis curvipes, punaises de la famille des coréidés et ses grandes pattes arrières. (Wikimedia)
Parallèlement, les plus grands cerfs développent de grands bois par rapport aux plus petits, de la même manière que les grands éléphants développent des défenses plus grandes que les petits. Les scientifiques ont déclaré que les coûts métaboliques liés au maintien de leurs armes sont essentiels pour façonner l’évolution de diverses structures.
Dans la nouvelle étude (lien plus bas), les chercheurs ont montré que la tromperie contribue à la survie des animaux. Ils ont découvert que le principal composant de la carapace d’un crabe est en grande partie inerte et ne coûte rien à entretenir. Il est similaire à la kératine présente dans les cornes des rhinocéros, les plumes des oiseaux et même les ongles.
Les chercheurs ont voulu savoir si les animaux pouvaient minimiser le coût d’entretien de leurs armes en utilisant des tissus “bon marché” comme la chitine. Ils ont constaté que plus l’arme est grande, plus l’exosquelette est grand, ce qui signifie que les muscles ne se développent pas proportionnellement, laissant des armes plus grandes et bon marché. Par exemple, si l’arme d’un petit animal pèse 2 grammes, celle d’un animal deux fois plus gros peut peser 5 grammes, soit plus du double de l’arme du petit animal.
Selon Dinh, ces animaux dotés de grandes armes sont plutôt doués pour tromper leurs adversaires qui ont du mal à déterminer s’ils sont plus forts, plus grands ou s’ils ne sont qu’un accessoire pour les effrayer. Il ajoute que les crabes violonistes dotés de grosses pinces ont plus d’avantages en combat direct que les autres crabes plus petits. De même, les grosses pinces des crevettes grises leur donnent un avantage pour gagner un combat.
Cela s’applique également aux animaux plus grands, comme les caméléons, les cerfs et les éléphants, dont les armes sont faites de matériaux inertes. En fin de compte, ces armes sont d’honnêtes indicateurs de leur capacité à se battre, car les animaux les utilisent pour tromper les autres sur leur force pendant le combat.
De nombreux combats de crustacés sont gagnés par l’intimidation, et même lorsque les combats dégénèrent en violence, ils sont rarement mortels. Et, contrairement aux chevaliers humains, si une griffe s’abîme au combat, ils peuvent l’amputer et en faire pousser une nouvelle.
L’étude publiée dans Biology Letters : Large and exaggerated sexually selected weapons comprise high proportions of metabolically inexpensive exoskeleton et présentée sur le site de l’Université Duke : In Animal Battles, Cheaters Can Win.