Les loups semblent partager la capacité de leurs proches cousins, les chiens, à s’attacher aux humains qui s’occupent d’eux
Le chien est le meilleur ami de l’humain, et une grande partie de cette amitié réside dans le degré d’attachement que les chiens peuvent manifester à l’égard de ceux qui s’occupent d’eux et vivent à leurs côtés. Selon de nouvelles recherches, les loups partagent également cette capacité à manifester un comportement d’attachement envers les humains qui s’occupent d’eux.
Image d’entête : Dr Christina Hansen Wheat et le jeune loup Lemmy. (Peter Kaut/ Université de Stockholm)
Les plus importantes répercussions de ces résultats sont qu’ils soulignent comment les loups, les ancêtres sauvages des chiens, peuvent facilement former des liens forts avec les humains.
Cette étude vient s’ajouter à un ensemble de preuves qui contredisent l’hypothèse selon laquelle la capacité des chiens à nouer des liens avec les humains leur aurait été inculquée au cours du processus de domestication.
Selon Christina Hansen Wheat, docteur en éthologie de l’université de Stockholm (Suède) et auteur principal de cette étude :
Nous avons estimé qu’il était nécessaire de tester cette hypothèse de manière approfondie. Avec les précédentes études qui ont apporté une importante contribution à cette question, je pense qu’il est maintenant approprié d’envisager l’idée que si une variation du comportement d’attachement dirigé par l’humain existe chez les loups, ce comportement pourrait avoir été une cible potentielle pour les premières pressions sélectives exercées lors de la domestication des chiens.
Les conclusions sont basées sur une étude portant sur 10 loups gris européens et 12 chiens Alaskan husky, qui visait à quantifier et à comparer le niveau des comportements d’attachement chez ces espèces. Les loups participant à cette étude étaient âgés d’environ 5 mois (23 semaines) au moment de l’expérience.
Chacun des animaux a été soumis à un exercice de sélection. Cette tâche consistait à alterner la présence et l’absence d’un étranger et/ou d’une personne familière dans la salle de test avec l’animal. La personne familière était la principale en charge de tous les chiots, une femme qui avait élevé et passé le plus de temps avec ces animaux depuis l’âge de 10 jours. La personne étrangère était une autre femme, mais qui n’avait jamais rencontré ni les loups, ni les huskies.
La salle d’expérimentation mesurait 6 mètres sur 6 avec deux chaises placées à 2 mètres l’une de l’autre au milieu de la pièce et orientées dans la même direction. Sept jouets tels que des balles, des cordes et des animaux en caoutchouc ont été apportés et distribués dans la pièce à partir des enclos des animaux, des jouets familiers ont été utilisés afin d’éviter d’influencer les résultats de l’expérience. Deux caméras GoPro montées en diagonale ont été utilisées pour enregistrer la réaction de chaque animal pendant l’expérience.
Selon l’étude :
Un total de sept comportements a été évalué. Ces sept comportements comprenaient : (1) saluer, suivre, avoir un contact physique et se tenir près de la porte, tous classés comme des effets de zone de sécurité, qui sont exprimés comme un moyen de maintenir la proximité ou le contact physique avec la figure d’attachement ; (2) exploration et jeu, tous deux classés comme des effets de base de sécurité, qui peuvent être exprimés davantage en présence de la figure d’attachement ; et (3) comportement passif, classé comme un autre comportement lié à d’autres aspects de l’environnement social et physique.
En résumé, l’expérience visait à déterminer si les loups et les chiens pouvaient faire la distinction entre des inconnus et des personnes familières dans une situation inhabituelle. Pour ce faire, ils ont vérifié si les animaux passaient plus de temps à se rapprocher d’une personne connue, à avoir un contact physique avec elle et à lui montrer davantage d’affection qu’à un étranger.
Le chiot loup Hendrix. (Christina Hansen Wheat/ Université de Stockholm)
Dans l’ensemble, les loups ont spontanément fait la distinction entre le familier et l’inconnu, comme les chiens, en manifestant davantage de comportements de recherche de proximité et de complicité avec l’individu familier. En outre, les deux groupes ont bénéficié de la présence de la personne familière, qui a joué le rôle de tampon contre le stress social, en d’autres termes, la présence de la personne familière a calmé les loups et les chiens dans les situations stressantes. Ces résultats suggèrent que la capacité à créer des liens avec les humains est également partagée par les chiens et les loups, et qu’elle n’a pas été transmise spécifiquement aux chiens par la domestication.
Selon le Dr Hansen Wheat :
Il était très clair que les loups, comme les chiens, préféraient la personne familière à l’étranger. Mais ce qui était peut-être encore plus intéressant, c’est que si les chiens n’étaient pas particulièrement affectés par la situation du test, les loups l’étaient. Ils faisaient les cent pas dans la salle de test.
Cependant, ce qui est remarquable, c’est que lorsque la personne familière, un éleveur qui a côtoyé les loups toute leur vie, est rentrée dans la salle de test, le comportement de marche s’est arrêté, ce qui indique que la personne familière a agi comme un tampon de stress social pour les loups. Je ne pense pas que cela n’ait jamais été démontré auparavant chez les loups, ce qui confirme l’existence d’un lien fort entre les animaux et la personne familière.
Bien que cette similitude entre les chiens et les loups puisse paraître surprenante, le Dr Wheat explique qu’elle prend tout son sens avec le recul. Le fait de pouvoir s’attacher à l’humain constitue un avantage distinctif pour tout animal aux premiers stades de la domestication.
En d’autres termes, ce n’est pas que les chiens se soient rapprochés de l’humain au fur et à mesure qu’ils étaient domestiqués, mais leur capacité à se rapprocher de nous est la raison pour laquelle ils ont été si facilement domestiqués initialement.
L’étude publiée dans Ecology and Evolution : Human-directed attachment behavior in wolves suggests standing ancestral variation for human–dog attachment bonds et présentée sur le site de l’Université de Stockholm : Scientists find that wolves can show attachment toward humans.