Les tétranyques mâles arrachent la peau des femelles pour être les premiers à s’accoupler avec elles
Des scientifiques ont découvert une caractéristique remarquable, et plutôt grossière, du tétranyque à deux points mâle : ces acariens des végétaux surveillent de près les jeunes femelles et arrachent leur peau extérieure dès qu’elles approchent de la maturité afin d’être les premiers à s’accoupler avec elles.
Image d’entête : Tétranyque à deux points (Tetranychus urticae). (J. Holopainen)
Selon Peter Schausberger de l’université de Vienne, en Autriche :
Notre étude documente un comportement masculin exceptionnel dans le règne animal, à savoir que les tétranyques mâles dépouillent la peau des femelles qui sont sur le point de muer pour devenir adultes.
Les tétranyques à deux points (Tetranychus urticae) sont des ravageurs agricoles courants, qui se nourrissent d’un large éventail de cultures, dont les haricots et les tomates. Les acariens perdent leur peau externe lorsqu’ils passent de l’état de nymphe juvénile à celui d’adulte, un processus connu sous le nom de mue.
Les femelles adultes peuvent avoir plusieurs partenaires sexuels, mais seul le sperme de leur premier partenaire féconde leurs œufs. Par conséquent, il existe une forte concurrence entre les mâles pour les femelles qui viennent d’atteindre la maturité.
Pour tenter de s’assurer cet accès, les acariens mâles gardent souvent les jeunes femelles jusqu’à ce qu’elles deviennent des adultes fertiles. Cette stratégie est risquée car elle coûte de l’énergie et empêche les mâles de chercher de la nourriture, et les mâles rivaux peuvent toujours subtiliser les femelles à la dernière minute.
Peter Schausberger, de l’université de Vienne (Autriche), et ses collègues ont découvert que les mâles gardiens tentent de minimiser ce risque en arrachant la peau extérieure des femelles lorsqu’elles approchent de la maturité, afin de pouvoir les inséminer avant que d’autres mâles ne s’en emparent.
A partir de l’étude : image de gauche, femelle Tétranyque à deux points garder par un mâle et à droite, sans gardien. (Schausberger et col./ iScience)
Les chercheurs ont filmé des tétranyques femelles juvéniles élevés individuellement dans des cages avec ou sans la présence d’un mâle. Les femelles qui étaient hébergées sans mâle ont naturellement perdu leur peau extérieure à un rythme régulier lorsqu’elles ont atteint la maturité sexuelle.
Vidéo tirée de l’étude. (Schausberger et col./ iScience)
En revanche, les femelles hébergées avec un mâle ont été forcées de se débarrasser de leur peau. Lorsqu’une femelle approche de la maturité, le mâle commence à tambouriner sur sa peau pour l’encourager à s’ouvrir. Ensuite, le mâle a utilisé ses pièces buccales pour arracher la peau de la femelle par l’arrière afin d’exposer ses organes génitaux et de l’inséminer immédiatement.
Cela signifie que les femelles accompagnées d’un mâle ont quitté leur peau extérieure 5 minutes plus tôt en moyenne que celles qui étaient seules, explique Schausberger en ajoutant :
Cinq minutes, ce n’est pas long en temps absolu, mais ça l’est en temps relatif, car ces tétranyques vivent souvent dans des colonies à haute densité où d’autres mâles sont proches. Chaque seconde compte lorsqu’il s’agit d’être le premier à atteindre la femelle émergente.
Les tétranyques sont les premières espèces chez lesquelles ce comportement de dépouillement de la peau a été documenté expérimentalement, explique Schausberger.
L’étude publiée dans iScience : Spider mite males undress females to secure the first mating.